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Iraq : La tension monte d’un cran

Maha Salem avec agences, Mardi, 05 février 2013

Depuis plus d’un mois, les citoyens manifestent contre le pouvoir du premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki, en poste depuis 2006. La mort d’une dizaine de personnes a aggravé la situation.

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La mort d'une dizaine de personnes a fait monter la tension. (Photos: AP)

Des dizaines de milliers de manifestants sunnites ont défilé vendredi tout au long de l’Iraq pour exprimer leur colère envers le premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki.

Les sunnites manifestent depuis fin décembre contre la discrimination, dont est victime, selon eux, leur communauté depuis la chute de Saddam Hussein en 2003 et l’arrivée au pouvoir des chiites, majoritaires dans la population. Des dignitaires sunnites, des cheikhs de tribus et de jeunes manifestants ont exigé que l’actuelle législation antiterroriste soit amendée, de même que celle qui a encadré la « débaassification » du pays — l’interdiction faite aux membres de l’ancien parti Baas de Saddam Hussein d’occuper des postes dans l’administration.

Les sunnites se disent discriminés et marginalisés par le pouvoir en place, dominé par les chiites depuis la chute du parti Baas. Craignant la montée de ces manifestations, Nouri Al-Maliki a libéré plusieurs centaines de détenus loin de s’apaiser, a monté d’un cran après la mort d’une centaine de personnes tuées par l’armée lors des rassemblements. « Notre nouvelle revendication, c’est que l’armée iraqienne se retire de notre secteur », selon un communiqué des manifestants.

Soutenant les protestataires, l’Etat islamique d’Iraq, la branche iraqienne d’Al-Qaëda, a appelé la communauté sunnite à prendre les armes contre Al-Maliki. Un an après l’achèvement du retrait militaire américain, le gouvernement dirigé par Maliki, constitué de chiites, de sunnites et de Kurdes, est ainsi confronté à sa crise la plus grave, d’autant plus que ses composantes ne se sont toujours pas entendues, depuis plus d’un an, sur les modalités de partage du pouvoir. Nouri Al-Maliki a chargé une haute personnalité chiite de discuter avec les manifestants de leurs revendications, notamment d’une loi d’amnistie et d’un assouplissement de la politique de « débaassification ».

Le vice-premier ministre, Saleh AlMoutlak, qui est sunnite, a déclaré qu’une rencontre tenue dimanche dernier avec l’Alliance nationale, la coalition chiite de Maliki et Iraqiya, formation soutenue par les sunnites, avait permis d’avancer sur certains projets de réformes. « On peut dire que les choses ont avancé au cours de cette réunion, ce qui ne s’était probablement pas produit les fois précédentes », a expliqué Al-Moutlak.

Depuis deux ans, les tensions n’ont cessé de monter. En effet, une fois débarrassé de la tutelle américaine, Maliki a tenté d’asseoir définitivement son pouvoir. Il s’est opposé aux Kurdes, devenus indépendants de fait, et s’en est pris aux principaux responsables sunnites du pays.

Les manifestants de la minorité sunnite, qui représente environ 24 % de la population iraqienne, battent le pavé depuis un peu plus d’un mois pour réclamer l’abrogation de lois antiterroristes, dont ils estiment faire les frais et, plus récemment, la démission du premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki. Le mouvement a débuté après l’arrestation de 9

du corps du ministre sunnite des Finances. Cette vague de manifestations n’est pas la première épreuve que doit affronter le premier ministre Maliki, un chiite confirmé à son poste en décembre 2010 après 9 mois de tractations. « C’est la énième crise depuis qu’il a été reconduit. Il y a eu (la tentative d’organiser) un vote de défiance, la crise avec le Kurdistan, la condamnation à mort (du vice-président Tarek) Al-Hachémi ». Ces manifestations ont renforcé l’opposition contre Maliki, accusé d’autoritarisme par ses détracteurs sunnites, mais aussi kurdes et chiites, membres de son gouvernement d’union nationale, à 3 mois d’élections provinciales cruciales.

Essayant de trouver une issue, Maliki se garde bien d’appeler à un dialogue national. Et, il a accusé Al-Qaëda. « Les tensions actuelles sont exploitées par Al-Qaëda et les groupes terroristes », explique Maliki.

Alors que des figures religieuses chiites ont exprimé leur soutien à la contestation et les manifestations surviennent sur fond de pressions accrues sur Nouri Al-Maliki, le Parlement adopte dimanche dernier une mesure limitant à deux le nombre de ses mandats, une démarche immédiatement dénoncée comme inconstitutionnelle par les alliés du chef du gouvernement. Le bloc laïque Iraqiya, soutenu par la minorité sunnite, la principale alliance kurde et le mouvement fidèle au chef radical chiite, Moqtada Al-Sadr — tous membres du gouvernement Maliki — ont soutenu cette mesure limitant le nombre de mandats du premier ministre, du président du Parlement et du président de la République. Les partisans de Maliki, dont le second mandat s’achève en 2014, ont assuré que cette démarche serait annulée par la justice, rappelant une décision de la plus haute autorité judiciaire selon laquelle seul le gouvernement pouvait proposer des lois, pas le Parlement. Ainsi, la situation s’aggrave de plus en plus .

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