La situation en Syrie semble à nouveau en phase de détérioration. Après une courte période d’espoir qui a accompagné la trêve entre les belligérants au sol et la reprise des pourparlers de Genève, un blocage est vraisemblablement venu s’installer. Ainsi, la trêve peine à résister, et les négociations de Genève sont techniquement suspendues. Après des semaines de calme qui avaient permis aux habitants de reprendre leur souffle, Alep a été visée par des raids d’une rare intensité. «
Le cessez-le-feu a pris fin quand la première bombe est tombée sur la ville. Il y a actuellement vingt raids par jour sur Alep, car ce régime ne comprend pas le langage des négociations politiques, il ne comprend que celui des bombardements, des morts et des destructions », a déclaré à l’
AFP Mohamad Machahadi, un secouriste de 42 ans. «
La trêve n’existe plus, elle est finie », a dit à l’
AFP Rami Abdel-Rahman, directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), affirmant qu’il avait cessé d’établir les listes de violations comme aux premières semaines de la trêve, car «
maintenant c’est de nouveau la guerre ».
Parallèlement à cette reprise des combats, à Genève, les pourparlers pour mettre fin à la guerre sont dans l’impasse. Ces discussions devaient théoriquement se poursuivre jusqu’à ce mercredi, mais aucun progrès n’est à attendre puisque la principale composante de l’opposition, représentée par le Haut Comité des Négociations (HCN), a suspendu lundi sa participation « formelle » aux pourparlers. Il ne reste à Genève que le régime, d’autres groupes d’opposition et une équipe « technique » du HCN. En dépit de cette situation, l’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a assuré que les négociations se poursuivraient. De Mistura s’est voulu plutôt rassurant : « Il y a un changement par rapport aux autres rounds : les parties présentes parlent toutes du même sujet, la transition politique ».
Malgré sa décision de suspendre les négociations, le porte-parole du HCN — qui rassemble des représentants politiques et des groupes armés —, a déclaré à l’AFP que les chefs de la délégation pourraient revenir à Genève si des « progrès majeurs et sérieux » étaient constatés « dans les tout prochains jours » sur le plan de l’aide humanitaire, des prisonniers et du cessez-le-feu en Syrie.
Des questions techniques qui omettent l’essentiel des différends donc. D’où le scepticisme qui prévaut. « A mon avis, il y a peu de chances que les négociations aboutissent vu que le rapport de force au sol ne permet pas à l’opposition d’imposer ses exigences, d’une part. D’autre part, l’influence des Américains sur cette opposition a montré ses limites par rapport à celle de l’Arabie saoudite et la Turquie », estime Dr Moustapha Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire. Selon lui, une autre raison de ce pessimisme est que « les Russes ne sont pas très enthousiastes à l’idée d’instaurer une démocratie à part entière en Syrie qui compromettrait leurs intérêts stratégiques garantis par le régime ». Et de conclure : « Pour faire avancer les négociations, je pense que l’opposition n’a pas d’autre choix que de se montrer plus flexible quant au maintien de Bachar Al-Assad, ne serait-ce que pendant la période transitoire ».
Lien court: