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Tensions dans le Caucase

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 04 avril 2016

Après 20 ans de calme, des affrontements ont opposé les forces azerbaïdjanaises et arméniennes dans la région du Haut-Karabagh. Un conflit qui renaît de ses cendres dans un climat régional très tendu.

C’est sans signes précurseurs que la situation dans la région du Haut-Karabagh, au Caucase du sud, qui a vécu une des plus sanglantes guerres en 1988, s’est subitement enflammée. Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, Karabagh était le théâtre d’affrontements entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises, ce qui a causé la mort de 30 soldats et la blessure de 35 autres des deux côtés. Il s’agit des affrontements les plus meurtriers depuis la fin de la guerre en 1994 entre Erevan et Bakou.

Depuis cette guerre ayant fait 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés, principalement azerbaïdjanais, le Nagorny-Karabakh est passé sous le contrôle de forces séparatistes proches d’Erevan. La région est désormais peuplée majoritairement d’Arméniens. Aucun traité de paix n’a été signé et c’est ainsi qu’après une période de calme relatif, la région a connu ces derniers mois une nette escalade des tensions. Erevan a estimé fin décembre qu’on était revenu à la « guerre ».

Malgré la trêve unilatérale annoncée par Bakou Dimanche dernier dans la région séparatiste, l’Azerbaïdjan et l’Arménie se sont mutuellement accusés de continuer les tirs. Bakou « a décidé de cesser unilatéralement les hostilités », a annoncé dimanche le ministère azerbaïdjanais de la Défense. Mais son porte-parole Vagif Dargahly a ensuite déclaré à l’AFP que « les Arméniens ont continué de bombarder (dimanche) sans interruption » des positions azerbaïdjanaises.« Les combats avec des tanks et l’artillerie continuent, puisque l’Azerbaïdjan ment en disant qu’il a cessé les hostilités », a répliqué auprès de l’AFP son homologue, Artsrun Hovhannisian, qualifiant le cessez-le-feu de « piège ». Selon lui, « l’Azerbaïdjan continue de bombarder à la fois l’armée du Karabakh et les villages arméniens ».Soutenues par l’Arménie depuis la prise de ce territoire pendant la guerre, les autorités du Nagorny-Karabakh, a répondu que des « combats importants » n’avaient pas cessé, évoquant « les secteurs sud-est et nord-est de la frontière ». Ils ont déclaré être « prêts à discuter d’une proposition de trêve » à condition de récupérer les positions et territoires perdus au cours des affrontements déclenchés vendredi et samedi. Mais l’Azerbaïdjan a déclaré vouloir « renforcer » ces positions stratégiques, « libérées » ses deux jours dans la région séparatiste, que la communauté internationale reconnaît comme lui appartenant. Il convient donc de rester vigilant face à l’évolution de la situation dans les jours à venir.

Rivalités régionales

Par ailleurs, la tension entre les deux rivaux risque de prendre d’autres dimensions plus graves surtout avec l’intervention d’autres partis dans ce conflit comme la Turquie, la Russie et même l’Iran, qui sont des pays voisins. Samedi, le président russe avait promptement réagi au déclenchement des hostilités, tentant d’amener les deux parties vers l’accalmie. Car il ne faut pas oublier que la Turquie, soutien inconditionnel de Bakou, est en mauvais termes avec la Russie sur plusieurs terrains, à commencer par la Syrie. Sans surprise, Ankara, le plus fidèle allié de Bakou, a pris position en faveur de l’Azerbaïdjan en dénonçant une « agression » de l’Arménie. Le président Recep Tayyip Erdogan a également exprimé que la Turquie serait aux côtés de l’Azerbaïdjan « jusqu’au bout ». Et de prier « pour le triomphe » des Azerbaïdjanais, qui sont « nos frères », a dit le président turc. Erdogan a également critiqué, notamment le groupe de Minsk de l’OSCE, dirigé par la France, la Russie et les Etats-Unis et demande à la communauté internationale de s’impliquer davantage dans la résolution de ce conflit. L’Arménie, appuyée par la Russie qui y possède deux bases militaires récemment renforcées, répond qu’elle peut faire face à toute offensive. Ainsi, pour Thomas de Waal, analyste de la fondation Carnegie, « jamais le risque n’a été aussi grand de déclencher de graves combats ». « Toute opération militaire dans cette zone de conflit peut favoriser une escalade et devenir hors de contrôle », prévient-il à l’AFP.

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