Un trio qui n'a pas encore fait ses preuves.
(Photo : AFP)
L’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, s’est félicité vendredi de l’accord de «
cessation des hostilités » conclu à Munich. Si ce dernier se confirme, il constituera un premier pas concret pour faire taire les armes dans ce conflit. En revanche, de Mistura reste sceptique quant à une reprise des négociations de paix, auxquelles Bachar Al-Assad se dit prêt à participer, tout en promettant de reconquérir l’intégralité du territoire syrien. L’accord conclu à Munich prévoit la poursuite des combats contre les mouvements djihadistes, notamment l’Etat Islamique (EI ) et le Front Al-Nosra, branche locale d’Al-Qaëda, ce qui, aux yeux de Damas et de Moscou, justifie la poursuite des combats. «
La reconquête de tout le territoire syrien est un but que nous cherchons à atteindre sans hésitation (...), que nous soyons capables de le faire ou non », a déclaré le président Al-Assad. «
Depuis le début de la crise, nous croyons totalement aux négociations et à l’action politique. Cependant, négocier ne signifie pas qu’on arrête de combattre le terrorisme », ajoute-t-il.
Les Etats membres du Groupe international de soutien à la Syrie ne se sont pas seulement entendus sur la mise en oeuvre, prévue d’ici une semaine, d’une trêve, mais également sur l’acheminement rapide de l’aide humanitaire dans les zones assiégées. La mise en oeuvre risque d’être problématique, car le Groupe n’est pas vraiment parvenu à conclure un accord de cessez-le-feu en bonne et due forme. Et pour cause, les bombardements russes restent particulièrement intenses autour d’Alep, dans le nord du pays où les forces syriennes ont lancé une vaste offensive qui a entraîné la suspension, le 3 février, des discussions entamées à Genève sous l’égide des Nations-Unies. En revanche, la Turquie, il y a quelques jours, a intensément bombardé le nord-est du pays, contrôlé par les Kurdes, que Ankara accuse d’être affilié au PDK, Parti des travailleurs de Kurdistan. Il y a également une autre raison, explique Sameh Rachad, politologue au Centre des études arabes. « Le cessez-le-feu ne serait pas facilement applicable vu que les groupes islamistes armés ne se sentent pas concernés par l’accord de Munich. Pour ces groupes, les décisions sont prises dans un contexte défini par les rapports de force régionaux. Pour être plus clair, c’est l’Arabie saoudite qui doit donner l’ordre à ces groupes pour qu’ils respectent cet accord. Ce qui ne semble pas être le cas jusqu’à présent », estime-t-il. Dans un tel contexte, l’accord de cessez-le-feu ne risque pas de garantir la reprise des négociations sur la Syrie que l’émissaire de l’Onu espère relancer le 25 février.
Retour conditionnel à la table des négociations
Un des principaux obstacles à ces éventuelles négociations est la divergence autour du rôle du président syrien. Alors que Moscou refuse de faire du départ de Bachar Al-Assad une condition préalable aux pourparlers, alors les Occidentaux insistent qu’avec lui, aucune solution durable ne serait possible. « Ces négociations doivent avoir lieu sans ultimatum et conditions préalables », a souligné, de son côté, Sergueï Lavrov. En ajoutant que « toutes les parties doivent être contraintes de s’asseoir à la table de négociations plutôt que de déclencher une nouvelle guerre mondiale ». Or, le conflit risque de s’élargir encore plus si Riyad met en oeuvre sa décision d’envoyer des troupes au sol pour faire face à l’EI.
Dans un tel contexte, les négociations ne risquent pas d’être fructueuses. C’est d’ailleurs l’avis de Rachad. « La situation sur le terrain n’est pas favorable à l’opposition qui est sujette à des frappes intensives de la part des forces de régime appuyées par l’aviation russe ». Selon lui, dans l’état actuel des choses, il n’est pas dans l’intérêt ni de l’opposition ni du régime de se lancer sérieusement dans des négociations. « Du côté de l’opposition, des efforts doivent être faits sur le terrain pour compenser les pertes qu’ils ont subies les dernières semaines. Alors que le régime voudrait profiter de la supériorité militaire pour effectuer des gains politiques », conclut le politologue.
« Nous irons aux négociations. Et nous y sommes allés pour en faire un succès. Le problème est que nous n’avons pas de partenaire sérieux », explique Salim Al-Muslat, porte-parole du HCN, le Haut Comité pour les Négociations, représentant l’opposition syrienne.
Selon lui, le président américain n’intervient pas avec suffisamment de force pour obtenir un arrêt des bombardements de l’aviation russe. « Je pense qu’il peut vraiment arrêter ces attaques menées par les Russes et les Syriens. S’il veut sauver nos enfants, il est grand temps pour lui de dire non à ces frappes en Syrie », ajoute-t-il. « Nous irons aux pourparlers de paix. Nous n’avons aucune condition préalable, nous demandons simplement l’application des résolutions du Conseil de sécurité », a insisté le porte-parole.
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