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Libye : difficiles négociations

Maha Salem avec agences, Lundi, 04 janvier 2016

En dépit de l'accord de paix signé le mois dernier, la formation d'un gouvernement d'union nationale reste problématique en Libye. L'émissaire de l'Onu, Martin Kobler, déploie des efforts pour relancer les pourparlers.

Difficiles négociations
Kobler avec des représentants des factions libyennes à Tunis le 23 décembre. (Photo: AFP)

Dans une course contre la montre, l’émissaire de l’Onu pour la Libye, Martin Kobler, essaye de convaincre les parties en conflit de former un gouvernement d’union nationale d’ici deux semaines. Mission difficile à accomplir due aux divergences entre les présidents des deux parlements libyens. Déchirée par une guerre civile depuis plus d’un an, la Libye compte deux parlements rivaux, l’un reconnu internationalement basé dans l’est du pays et l’autre, non reconnu, basé à Tripoli et appelé Congrès Général National (CGN). Le président de ce dernier, Nouri Abou Sahmein, est ouvertement hostile au gouvernement d’union nationale prévu dans un accord, signé sous l’égide de l’Onu le 17 décembre au Maroc par une partie des membres des deux parlements rivaux.

M. Abou Sahmein a convié M. Kobler à rencontrer plusieurs personnalités des autorités de Tripoli, notamment les chefs des états-majors des armées, les chefs des renseignements et du Parquet. Kobler a rencontré à Tripoli des représentants des familles originaires de la ville de Tawerga (l’est de Tripoli) déplacées par le conflit. « La situation sécuritaire doit s’améliorer de manière urgente pour que les familles et les enfants puissent rentrer chez eux », a promis l’émissaire. Environ 435 000 personnes ont été déplacées par les combats en Libye, selon l’Onu.

Après ces rencontres, Kobler avait rencontré le président du parlement reconnu, Aguila Saleh, et des chefs de tribus afin de tenter de le convaincre d’accepter la formation d’un gouvernement d’union. « J’ai exposé cinq points aux deux côtés : Tout d’abord, le dialogue politique libyen est la base de toutes les discussions. Il ne peut y avoir d’alternative. Deuxièmement, il ne doit pas y avoir d’initiatives parallèles, toutes les initiatives doivent être sous l’égide des Nations-Unies. Autre point, le processus doit être inclusif. Je déploie des efforts pour amener les contestataires à soutenir le dialogue politique libyen. En plus, l’importance de l’alternance pacifique du pouvoir et, le cinquième point, le plus important, est que ce processus soit celui de tous les Libyens », a déclaré le diplomate allemand.

Ce dernier a accepté les conditions d’Aguila Saleh et des chefs des tribus pour approuver le gouvernement d’union. Ces derniers ont exigé notamment une répartition équitable des portefeuilles. La formation de ce gouvernement découle d’un accord signé à Skhirat, au Maroc, sous l’égide de l’Onu entre des députés libyens des deux parlements rivaux. Pour que ce gouvernement d’union devienne opérationnel, il doit être approuvé par une majorité des deux tiers au sein du Parlement reconnu. Or, ce dernier a échoué à deux reprises la semaine dernière à tenir séance en l’absence de quorum.

Saleh et Abou Sahmein s’étaient ouvertement opposés à l’accord de Skhirat. Et ont revendiqué des aides financières et des équipements militaires. En plus, les chefs des deux assemblées poussent pour une déclaration de principe sur un gouvernement d’union, signée début décembre à Tunis, un processus alternatif à celui de l’Onu. Le diplomate onusien doit se rendre la semaine prochaine à Tripoli, contrôlée depuis l’été 2014 par Fajr Libya, une coalition hétéroclite de milices dont certaines islamistes, pour y rencontrer une nouvelle fois Sahmein en vue d’annoncer la formation du gouvernement. La communauté internationale exerce des pressions sur les camps rivaux libyens pour qu’ils s’unissent et luttent contre les djihadistes de l’Etat Islamique (EI). Ces derniers ont profité du chaos qui plane sur le pays et de la faiblesse de l’armée gouvernementale pour s’implanter en Libye et établir un Etat.

« Face à la difficulté d’une intervention militaire dans ce pays, la meilleure solution pour l’Occident pour lutter contre l’EI est de soutenir les forces nationales et les aider à s’unir. Mais l’extension de l’EI n’est pas la seule raison pour que la communauté internationale s’engage en vue de régler la crise libyenne. La Libye est une plaque tournante pour les immigrés illégaux », explique Dr Ayman Chabana, professeur à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire. La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’Onu avait adopté à l’unanimité une résolution demandant aux pays membres d’aider le futur « gouvernement d’entente nationale » qui sera basé à Tripoli à restaurer la stabilité en Libye. Il pourra s’agir d’une assistance logistique, en armement, renseignement ou formation, voire de frappes aériennes contre des positions de l’EI.

Chaque pays décidera, seul ou dans le cadre d’une coalition, de son soutien. Il ne sera pas nécessaire d’adopter une résolution de l’Onu si la demande émane du gouvernement légitime libyen.

Selon M. Kobler, ce gouvernement pourra demander une levée de l’embargo sur les armes imposé par l’Onu à la Libye car l’armée régulière a besoin d’armes pour combattre l’EI. « Il pourra aussi inviter l’Union européenne à étendre aux eaux territoriales et aux côtes libyennes l’opération navale qu’elle a déployée en haute mer pour intercepter les navires chargés de migrants et lutter contre les réseaux de passeurs », conclut le diplomate onusien .

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