Une famine qui sévit dans le pays, des réfugies par milliers, des villages désertés, de nombreux morts par faim ou par balle, la situation au Soudan du Sud est très critique. La plus jeune nation du monde, née en juillet 2011 sur les décombres de décennies de guerre d’indépendance contre Khartoum, a replongé depuis décembre 2013 dans une guerre civile aux racines politico-ethniques, marquée par d’innombrables atrocités. Deux années sont passées depuis, pendant lesquelles les tentatives internationales de mettre fin au conflit n’ont abouti à rien. La semaine dernière, des représentants des rebelles et du gouvernement sud-soudanais se sont rencontrés pour la première fois à Juba en vue de mettre en application un accord de paix signé fin août sous fortes pressions internationales.
La délégation rebelle, venue dans la capitale sans son chef Riek Machar, a essayé de négocier la formation d’un gouvernement de transition et d’union nationale avec le camp gouvernemental du président Salva Kiir. Mais en fait, beaucoup restent sceptiques. Pour lever ces doutes compréhensibles, « il faut des mesures concrètes », a souligné le Botswanais Festus Mogae, qui dirige la Commission conjointe de surveillance et d’évaluation mise sur pied par l’organisation régionale des pays d’Afrique de l’Est (IGAD) pour superviser l’accord de paix.
Pour sa part, le chef des médiateurs est-africains a mis en garde les délégations contre les « beaux discours et vaines paroles » qui ne mènent nul part. Ouvertes en janvier 2013 à Addis-Abeba, les négociations de paix dans de luxueux hôtels à Addis-Abeba se sont éternisées pendant des mois, sans réelle avancée.
La signature de l’accord de paix n’a pas changé beaucoup de choses. «Les combats n’ont pas cessé malgré plusieurs cessez-le-feu et de nombreuses échéances ont été dépassées sans que les deux camps respectent leurs engagements.» Explique Ayman Chabana , spécialiste et professeur à l'institut des études africaines à l'Université du Caire.
L’Onu a sanctionné huit chefs militaires — quatre de chaque camp — et continue de brandir la menace de nouvelles sanctions, sans succès.
Antagonismes politico-ethniques
Tout a commencé le 15 décembre 2013 quand les combats ont éclaté à Juba entre unités rivales de l’armée sud-soudanaise, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par les dissensions à la tête du régime entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, appartenant respectivement aux ethnies Dinka et Nuer, les deux principales du pays. Le conflit s’est rapidement propagé. Des groupes armés et milices ethniques, dont une partie échappe à tout contrôle, sont venus épauler l’un ou l’autre camp.
Le conflit, marqué par des atrocités attribuées aux deux camps, a fait des dizaines de milliers de morts et chassé plus de 2,2 millions de personnes de chez elles. Aussi, les organisations humanitaires ont encore tiré la sonnette d’alarme cette année : les deux tiers des quelque 12 millions d’habitants ont besoin d’aide alimentaire pour survivre .
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