Les belligérants paraissent plus proches que jamais du dénouement de la crise.
(Photo:AP)
C’est ce mercredi que les représentants des deux parlements rivaux libyens doivent signer l’accord parrainé par l’Onu, qui vise à mettre en place un gouvernement d’union nationale. L’annonce a été confirmée vendredi dernier par le médiateur de l’Onu, Martin Kobler. S’adressant au Conseil de sécurité par vidéo-conférence depuis Tunis, où se tenaient des pourparlers sur la Libye, il a souligné « qu’il n’y aura pas de réouverture » du texte. Kobler a salué les « quelque 40 hommes et femmes courageux, qui ont pris des risques considérables pour placer les intérêts de la Libye au-dessus de leurs intérêts personnels (et qui) ont annoncé publiquement, qu’ils se sont fixé comme objectif la date du 16 décembre pour signer » l’accord. Les représentants des deux parlements rivaux ont annoncé vendredi à Tunis qu’ils signeraient leur accord ce mercredi, mais sans préciser s’ils devront d’abord consulter leurs parlements respectifs pour avoir le feu vert.
En attendant et pour soutenir les efforts de paix, une vingtaine de pays et d’organisations internationales se sont réunies dimanche dernier à Rome, pour pousser les principales factions politiques émergeant dans le chaos libyen à appliquer rapidement l’accord négocié difficilement sous l’égide de l’Onu. Ils ont solennellement appelé à un cessez-le-feu immédiat en Libye, et à la formation rapide d’un gouvernement d’union pour mettre fin au chaos régnant dans le pays. Un gouvernement d’union nationale « basé à Tripoli » est « essentiel pour faire face, en partenariat avec la communauté internationale, aux défis critiques auquel le pays est confronté dans les domaines humanitaire, économique et sécuritaire », ont annoncé ces pays dans un communiqué conjoint, à l’issue de la réunion co-présidée par l’Italie et les Etats-Unis. Les signataires ont mentionné en particulier le groupe Etat Islamique (EI) « et d’autres groupes extrémistes et organisations criminelles engagés dans toutes les formes de contrebande et de trafic, en particulier d’êtres humains ». « Nous appelons toutes les parties à accepter un cessez-le-feu immédiat et complet dans toute la Libye », ont-ils ajouté, en réaffirmant leur engagement à fournir une assistance humanitaire.
Selon Dr Ziad Aql, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS), « le nouvel émissaire de Nations-Unies adopte une technique de négociations différente de celle de son prédécesseur, une technique basée sur la recherche de consensus d’une large partie des participants, alors que Bernardino Leon visait l’unanimité qui s’avérait en l’occurrence difficile, voire même impossible ».
Daech en toile de fond
Cela dit, l’inquiétude dans le monde porte surtout sur l’EI. L’Onu évalue le nombre des combattants locaux de l’EI à entre 2 000 et 3 000, mais des responsables locaux parlent aussi de centaines de Tunisiens, Soudanais, Yéménites ou encore Nigérians de Boko Haram venant se former pour repartir frapper ailleurs. En effet, la Libye est engagée dans une course contre la montre, son tissu social, son unité nationale et son intégrité territoriale sont menacés par les forces de l’extrémisme et du terrorisme, telles que Daech.
Or, « les chances de succès ne tiennent pas uniquement à la position des factions libyennes, mais l’aboutissement serait plutôt imputable au climat régional et international », précise Dr Ziad Aql. Dans ce contexte, il rappelle une volonté internationale croissante de stabiliser les foyers de tensions dans le monde arabe afin de pouvoir confronter l’EI. « Un besoin qui est d’autant plus urgent que les attaques terroristes deviennent de plus en plus fréquentes partout dans le monde », précise-t-il.
Les membres du Conseil sont « très inquiets de l’expansion » du groupe Etat islamique en Libye et « soulignent qu’un gouvernement d’union doit être formé rapidement pour contrer cette menace », a déclaré l’ambassadrice américaine, Samantha Power. Un point de vue partagé par l’ambassadeur libyen à l’Onu, Ibrahim Dabbashi, qui a estimé qu’il « est temps de signer l’accord ». « J’espère que cela aura lieu le 16 décembre », a-t-il ajouté. « Il est temps de soutenir les aspirations des Libyens à la stabilité, à la sécurité et à un gouvernement qui représente tous les citoyens », a-t-il affirmé. Il a une nouvelle fois appelé l’Onu à assouplir l’embargo sur les armes afin de permettre à l’armée gouvernementale libyenne de s’équiper. « L’armée ne peut pas combattre le terrorisme sans des ressources suffisantes et des sources légales d’armes et de munitions », a-t-il plaidé.
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