« Le peuple veut la chute du régime ! », ont scandé plusieurs dizaines de milliers de membres de la minorité sunnite iraqienne. Ils sont descendus dans les rues pour manifester contre la politique du premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki. Ce dernier est accusé par ses détracteurs d’être l’instigateur d’une série d’arrestations menées pour des raisons politiques. Ces manifestations ravivent les tensions politiques et religieuses, déjà particulièrement tendues. Les manifestations font suite à l’arrestation, le 20 décembre, pour « terrorisme » d’au moins 9 gardes du ministre des Finances, Rifaa Al-Issawi, un sunnite. L’arrestation des gardes de Issawi intervient un an après celle des gardes du vice-président, Tarek Al-Hachimi, membre d’Iraqiya, également pour « terrorisme ». Plusieurs d’entre eux ont depuis été condamnés à mort. Un mandat d’arrêt a également été émis contre Hachimi, juste après le retrait des troupes américaines d’Iraq, mais il s’est enfui à l’étranger. Plusieurs fois condamné à mort par contumace, Hachimi rejette toutes les accusations portées contre lui, notamment celle de meurtre, assurant qu’elles ont été montées de toutes pièces pour des raisons politiques.
Maliki sur la défensive
Défendant sa politique, Maliki a déclaré qu’« il vaut mieux que nous parlions et que nous nous mettions d’accord pour mettre fin à nos problèmes et à nos différences », en exprimant son « étonnement » face au lien établi entre ces arrestations et les « querelles politiques » entre Iraqiya et l’Alliance nationale, une coalition de partis religieux chiites. Le premier ministre parle de tentative de « pousser le pays vers un conflit confessionnel ». Le bloc Iraqiya, un parti laïque soutenu par la communauté sunnite, ainsi que d’autres membres du gouvernement d’union de Maliki accusent depuis plus d’un an le premier ministre d’accaparer le pouvoir. Beaucoup de sunnites, qui ont dominé l’Iraq jusqu’au renversement de Saddam Hussein, accusent le chef du gouvernement de s’opposer au partage du pouvoir et le jugent trop proche de l’Iran chiite et non arabe.
Loi discriminatoire
En réaction aux déclarations de Maliki, les manifestants revendiquent l’abrogation d’une législation antiterroriste qu’ils jugent discriminante pour les sunnites. Ils ont appelé à la libération des prisonniers arrêtés, selon eux, sur des motifs confessionnels par le pouvoir, dominé par les chiites. « Les Iraqiens sont unis », indiquait un communiqué diffusé par l’un des groupes organisateurs de la manifestation, la Coordination des comités de la révolution. « Ils n’ont pas besoin d’une conférence de réconciliation supervisée par un premier ministre sectaire », ajoute le texte, en référence à la proposition de Maliki de réunir les différents acteurs de la crise. Soutenant les manifestations, l’influent imam chiite Moktada Sadr, rival du chef du gouvernement, a aussi condamné la politique sectaire de Nouri Al-Maliki. Le premier ministre chercherait à monter ses rivaux les uns contre les autres pour renforcer ses alliances avant les élections régionales de l’année prochaine et les l&´gislatives de 2014. Certains commentateurs évoquent la perspective d’une confrontation armée avec le Kurdistan autonome pour le contrôle des gisements pétroliers du Nord, qui permettrait à Nouri Al-Maliki de rallier la minorité sunnite à sa cause. Un an après le retrait américain, les tensions confessionnelles sont toujours importantes en Iraq, ces tensions religieuses s’ajoutent aux divergences entre Arabes et Kurdes et menacent à nouveau la stabilité de l’Iraq. Les violences intercommunautaires avaient explosées entre 2005 et 2007 faisant des dizaines de milliers de morts.
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