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Syrie: Le chaos continue

Maha Salem avec agences, Mardi, 01 janvier 2013

Avec l’appui de Moscou et de Washington, l’émissaire de l’Onu et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, tente de relancer un plan de sortie de crise basé sur la déclaration de Genève. Mais l’opposition refuse tout compromis politique et le pays continue à sombrer dans le chaos.

Le chaos
(Photos: Reuters)

« La solution doit intervenir cette année, en 2013, avant le second anniversaire de cette crise », a déclaré le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, émissaire des Nations-Unies et de la Ligue arabe pour la Syrie. En plus, il a jugé qu’une solution était possible mais que la situation devenait de plus en plus compliquée. « Nous disposons d’une proposition et je crois que celle-ci recueille l’assentiment de la communauté internationale. Les gens évoquent une Syrie morcelée en plusieurs petits Etats. Cela n’arrivera pas », a déclaré le diplomate algérien. Ces propos ont été tenus par Lakhdar Brahimi, à l’issue d’une rencontre à Moscou avec Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe. Il a expliqué que la Syrie connaîtrait « l’enfer »; faute d’une solution négociée.

Avec l’appui de Moscou et de Washington, l’émissaire de l’Onu et de la Ligue arabe s’efforce de relancer la déclaration de Genève, un plan de sortie de crise négocié par son prédécesseur Kofi Annan. Adoptée en juin par le Groupe de contact sur la Syrie, cette déclaration prône la formation d’un gouvernement de transition, mais ne dit rien du rôle de Bachar Al-Assad, ni des membres de son administration, alors que l’opposition exige le départ du président syrien. Evoquant la déclaration de Genève, le médiateur international a dit dimanche : « Il existe des fondations solides pour bâtir un processus de paix par lequel les Syriens pourront euxmêmes mettre un terme à cette guerre et aux combats et construire leur avenir ».

Le plan de Genève plaide pour la formation d’un gouvernement doté de tous les pouvoirs, mais l’opposition y voit un feu vert au maintien de Bachar Al-Assad à un poste honorifique, point d’autant moins acceptable que les rebelles semblent désormais convaincus de pouvoir l’emporter militairement. A cet égard, la Russie a estimé qu’une solution politique pour régler le conflit en Syrie était encore envisageable, mais avertit qu’il était impossible de persuader le président Bachar Al-Assad de quitter le pouvoir comme le réclament plusieurs pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, et les pays arabes. Assad a dit à maintes reprises qu’il n’avait l’intention d’aller nulle part, qu’il resterait à son poste jusqu’au bout.

Essayant de régler les différends entre le régime syrien et l’opposition, le gouvernement russe a proposé à cette dernière de se rendre à Moscou, mais Moaz Al-Khatib, président de la Coalition Nationale Syrienne (CNS), principale coalition opposée à Bachar Al-Assad, a affirmé qu’il refusait l’invitation de Moscou en vue de participer à des négociations pour une sortie de crise en Syrie, réclamant des excuses de la Russie, grand allié du régime syrien. M. Khatib a toutefois ajouté qu’il pourrait réexaminer sa décision si la Russie publiait un communiqué clair demandant le départ du président Bachar Al-Assad et proposait un ordre du jour clair et via l’émissaire international Brahimi. « Nous avons dit clairement que nous n’irions pas à Moscou, il est possible que nous participions à des réunions, mais exclusivement dans un pays arabe et s’il y a un ordre du jour clair », a déclaré M. Khatib. Et d’ajouter : « Nous voulons maintenant des excuses du ministre russe des Affaires étrangères; Serguei Lavrov, qui dit tout le temps que les peuples doivent choisir leur avenir sans ingérence étrangère, (or), la Russie s’ingère et fait comme si tous les massacres dont le peuple syrien a été victime n’étaient qu’une ballade de santé ».

En effet, la plupart des pays arabes et occidentaux, notamment les Etats-Unis, ont reconnu la CNS en tant que représentante légitime du peuple syrien, tandis que la Russie et la Chine soutiennent le gouvernement de Bachar Al-Assad. William Burns, sous-secrétaire d’Etat américain chargé du Moyen-Orient, devrait à son tour se rendre dans la capitale russe pour rencontrer son homologue Mikhaël Bogdanov et Lakhdar Brahimi. Des informations de presse ont évoqué cette semaine un accord russo-américain prévoyant son maintien au pouvoir jusqu’au terme de son mandat en 2014, sans possibilité de se représenter. Mais personne n’a confirmé cet accord. La Russie a bloqué jusqu’ici avec la Chine tous les projets de résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies condamnant le président Bachar Al-Assad et ouvrant la porte à des sanctions, voire au recours à la force. Moscou se défend cependant de soutenir le régime en place et déclare défendre le droit international et craindre le chaos et le terrorisme.

Sur un autre plan, l’Onu a convoqué une conférence au Koweït le 30 janvier pour tenter d’obtenir le milliard et demi de dollars d’aide dont elle dit avoir besoin pour sauver la vie de millions de Syriens. « Le secrétaire général est extrêmement inquiet face à la rapide détérioration de la situation humanitaire en Syrie, où quelque 5 millions de personnes ont besoin d’aide de manière urgente », selon un communiqué de l’Onu.

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