Les Etats de la Ligue arabe ont commencé à étudier mardi la demande du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale de prendre des mesures en Libye contre le groupe djihadiste Etat Islamique (EI). Dimanche dernier, ce même gouvernement a « exhorté » publiquement les « pays arabes frères » à « lancer des frappes aériennes ciblées contre les positions de l’EI à Syrte ». Dans un communiqué officiel, ce gouvernement exilé dans la ville d’Al-Bayda (est), s’est déclaré tout simplement incapable de faire face à l’EI en raison de l’embargo sur les armes imposé à l’armée par l’Onu depuis 2011. Pour les autorités libyennes en effet, l’expansion de Daech est l’occasion de réitérer ses demandes de levée de l’embargo imposé par le Conseil de sécurité sur ses importations d’armes.
Ces demandes sont intervenues après que la ville de Syrte fut quasiment tombée dans les mains de l’EI. En effet, depuis la semaine dernière, de violents affrontements opposent les djihadistes de l’EI et des combattants locaux pour le contrôle de Syrte. Les récentes attaques de combattants islamistes visant la ville de Syrte ont fait des centaines de morts et de blessés en peu de temps. Les affrontements se poursuivent encore dans la ville entre forces gouvernementales, terroristes de l’EI et membres d’autres groupes extrémistes.
Une source locale a parlé de « véritable guerre » tandis que l’ambassadeur de Libye en France, Chibani Abouhamoud, décrivait un « massacre ». « Syrte vit une véritable guerre depuis la semaine dernière et la lutte féroce engagée par les combattants de la ville contre l’EI n’a jamais cessé, et le bilan des victimes s’alourdit », avait précisé un responsable sous couvert d’anonymat, en ajoutant que le pays doit en outre faire face à la montée en puissance de l’EI qui s’est emparé de Syrte en juin dernier.
Le gouvernement siégeant à Al-Bayda (est) et le gouvernement parallèle installé à Tripoli, tous deux hostiles à l’EI, encouragent les combattants dans leur lutte. Le gouvernement de Tripoli a affirmé avoir lancé des raids aériens contre les djihadistes à Syrte ces derniers jours. Mais dimanche, un responsable local qui a requis l’anonymat a affirmé que « certains habitants armés qui avaient combattu l’EI se sont repliés et ont même quitté la ville ». « Ils n’ont pas reçu d’aide concrète et significative des deux gouvernements et ont alors arrêté de combattre », a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, les négociations interlibyennes piétinent toujours, rendant encore plus difficile tout apaisement sur le terrain. Les pourparlers de paix n’ont que « quelques semaines » pour aboutir, sous peine de voir le pays se transformer de manière durable en une nouvelle Somalie, a prévenu le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni. « Soit on conclut dans quelques semaines, soit nous nous trouverons avec une autre Somalie à deux pas de nos côtes, et nous devrons réagir d’une autre manière », a déclaré le ministre dans un entretien à La Stampa publié lundi. « Le temps est crucial et il est limité, particulièrement maintenant que la présence de l’EI à Syrte est devenue alarmante », a-t-il ajouté. Si les pourparlers n’aboutissent pas rapidement, « il faudra placer la Libye à l’ordre du jour de la coalition internationale anti-EI, en sachant qu’il ne s’agirait plus de stabiliser le pays mais de contenir le terrorisme », a-t-il insisté. Si cette démarche se concrétise, ce sera un nouveau pas d’envergure dans la lutte antiterroriste. Un pas non sans risque.
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