La ville d'Alep était déchirée entre plusieurs feux cette semaine.
(Photo:Reuters)
La coalition internationale anti-Daech dirigée par les Etats-Unis a mené tout au long de la semaine des raids aériens sans précédent sur Raqa, la capitale de facto du groupe Etat Islamique (EI) en Syrie, faisant au moins 30 morts et endommageant des infrastructures utilisées par les djihadistes. « Les importantes frappes aériennes ont été effectuées pour priver Daech de la capacité de déplacer des matériels militaires à travers la Syrie et en direction de l’Iraq », a expliqué le porte-parole de la coalition, le lieutenant-colonel Thomas Gilleran, qui a aussi affirmé que des bâtiments de l’EI et des routes avaient été détruits dans Raqa. Selon ce dernier, il s’agit de l’un des plus importants engagements que la coalition ait menés en Syrie. « Les frappes ont sévèrement réduit la liberté de mouvement des terroristes », a-t-il insisté.
Les raids sont survenus après la diffusion, samedi dernier, par l’EI d’une vidéo montrant 25 soldats du régime syrien exécutés dans l’amphithéâtre de la cité antique de Palmyre (centre) par des adolescents. Cette exécution se serait déroulée peu après la prise, le 21 mai par les djihadistes, de Palmyre, qui abrite des ruines antiques mondialement connues et classées par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité.
Mais pourquoi cette intensification des raids à ce moment précis ? Selon Ibrahim Abdel-Qader, analyste au Centre des études arabes et africaines au Caire, « plusieurs raisons ont poussé la coaliton internationale anti-Daech à lancer cette vague de raids ces derniers jours. Tout d’abord, la guerre menée par l’armée égyptienne au Sinaï a embarrassé la communauté internationale qui combat les djihadistes de Daech depuis des mois sans résultats et sans victoires considérables. Deuxième raison, les forces de la coalition essayent de profiter de la situation actuelle puisque un bon nombre de djihadistes se sont dirigés vers les autres pays comme l’Egypte et le Yémen. Ils sont éparpillés dans les quatre coins du monde ».
Alep divisée
Parallèlement à la guerre anti-Daech, d’autres combats ont lieu dans les différents coins de la Syrie, notamment autour d’Alep (nord). Cette importante ville, considérée toujours comme la deuxième capitale de la Syrie, est le théâtre d’intenses combats entre les troupes gouvernementales et deux coalitions de rebelles qui cherchent à avancer alors qu’elle est tenue jusqu’à maintenant par le régime. L’une des offensives a été lancée par Ansar Al-Charia (partisans de la charia), une nouvelle coalition dont la création a été annoncée le jour même avec l’objectif de libérer Alep et ses environs. Cette coalition rassemble 13 organisations, dont le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaëda, et Ahrar Al-Cham. Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), les combattants de ce groupe cherchent à s’emparer du quartier général des services de renseignements de l’armée de l’air dans le quartier de Zahra. Selon le militant Karim Obeid, du Centre des médias d’Alep contacté par l’AFP, la coalition veut contrôler Zahra car l’armée bombarde régulièrement de cette position les quartiers tenus par l’opposition et les localités du nord et de l’est de la province. « Sa prise permettrait aussi de sécuriser la route internationale reliant Alep à la localité turque de Gaziantep qui est régulièrement bombardée par le régime, alors que les insurgés l’utilisent pour se ravitailler en Turquie », a expliqué le militant. Une autre coalition, Fatah Halab (conquête d’Alep), composée en majorité de rebelles islamistes, sans le Front Al-Nosra, a de son côté réussi à s’emparer d’une partie d’un centre de recherche militaire dans le quartier mitoyen de Rachidine. Selon une source de sécurité à Damas, dans ces deux quartiers, les terroristes subissent de lourdes pertes face à l’armée, aux Forces de défense nationale (milice pro-régime) et aux combattants chiites libanais du Hezbollah. Selon la télévision officielle syrienne, « l’armée a mis en échec des tentatives d’infiltration sur plusieurs axes à Alep, tuant plus de 100 terroristes ». Alep, ancienne capitale économique de Syrie, n’avait pas connu de fortes évolutions depuis sa division en juillet 2012 entre secteurs aux mains des rebelles à l’est et quartiers contrôlés par le régime à l’ouest. Mais les combats de ces derniers jours ont été parmi les plus féroces depuis 2012, avec des centaines d’obus et de roquettes tombés sur les quartiers des deux côtés.
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