Les combats se poursuivent malgré les négociations
de paix..
(Photo : AP)
«
Je peux vous dire que nous avons un projet d’accord très proche d’une version finale ». Telle est la déclaration faite, dimanche dernier, par l’envoyé spécial de l’Onu pour la Libye, Bernardino Leon, au terme d’un troisième round de pourparlers interlibyens dans la ville marocaine de Skhirat, près de Rabat. M. Leon mène depuis mars dernier une médiation entre les deux parlements libyens rivaux, avec pour objectif de parvenir à un arrêt des violences et de mettre en place un gouvernement d’union dans un pays sous le joug des milices depuis la chute du régime de Muammar Kadhafi en 2011. Selon l’émissaire onusien, les parties sont enclines à accepter «
80 % du projet d’accord » devant aboutir à un gouvernement d’union nationale, même s’il reste des «
ajustements » et des points sur lesquels «
ils doivent encore se consulter », a-t-il toutefois nuancé, sans donner de détails sur les points d’achoppement. Les parties vont revenir en Libye pour commencer ces consultations et revenir au Maroc «
pas cette semaine, mais celle d’après », pour finaliser l’accord, a-t-il ajouté.
Du côté des parties libyennes, les déclarations officielles font aussi état de progrès, mais ne disent rien sur les différends qui persistent et qui peuvent, à tout moment, faire capoter tout accord de paix. En effet, Mohamed Saleh Al-Makhzoum, chef de la délégation du parlement « islamiste » de Tripoli, aux mains de Fajr Libya, a déclaré attendre la réponse onusienne aux « remarques des parties ». Il a certes dit « espérer atteindre le niveau d’accord évoqué par M. Leon », mais il n’a donné aucune précision supplémentaire et n’a pas confirmé qu’il y a entente sur une partie de l’accord. Plus optimiste et plus précis, Mohamed Chouaib, le chef de la délégation du parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, a affirmé « que le dialogue a beaucoup avancé » et que « de nombreux points sur lesquels il n’y avait pas d’accord ont pu être résolus ». Mais toujours sans préciser lesquels et sans évoquer ceux toujours en suspens.
Or, tous ces efforts et ces déclarations de bonne volonté ne garantissent rien. D’abord, parce que les renversements de situation sont possibles à tout moment. Ensuite, parce que la situation sur le terrain est loin de refléter une volonté de paix. En effet, au moment même où les négociateurs étaient réunis au Maroc, la violence faisait rage à Tripoli et dans ses environs. Samedi dernier, des combats intenses ont opposé les camps adverses, faisant au moins une trentaine de morts. Des combats qui entrent dans le cadre du conflit armé impliquant les deux gouvernements et les deux parlements opposés, chaque camp étant allié à différents groupes armés qui tentent d’accroître leur pouvoir et le territoire sous leur autorité. Et d’influencer ainsi le cours des négociations. C’est ce qui a poussé l’émissaire onusien à renouveler son appel à toutes les parties pour « déployer tous les efforts possibles pour mettre fin immédiatement aux combats (...) et prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement plus propice aux négociations ».
Parallèlement à ce climat peu opportun, d’autres facteurs risquent d’ébranler les efforts de paix. Selon les experts en effet, les divisions au sein de chaque camp, l’échec des forces politiques à contenir les puissantes milices armées, les ingérences extérieures et la montée en force des djihadistes du groupe Etat Islamique (EI) compromettent grandement toute chance de trouver une solution politique.
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