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Nouvelle étape politique au Yémen

Maha Salem avec agences, Jeudi, 16 avril 2015

Le président yéménite, Abd-Rabbo Mansour Hadi, a nommé son premier ministre, Khaled Bahah, au poste de vice-président. Ce dernier tiendra désormais les rênes du pays dans une période transitoire où un dialogue devrait être ouvert.

Nouvelle étape politique au Yémen
Les raids aériens ont affaibli les Houthis sans les détruire. (Photos : AP)

Réfugié en Arabie saoudite, le prési­dent yéménite, Abd-Rabbo Mansour Hadi, a désigné son premier ministre, Khaled Bahah, au poste de vice-pré­sident. Après plusieurs jours de pourparlers, Bahah a accepté ce poste qui lui donne les pleins pouvoirs faisant de Hadi un président d’honneur.

Il s’agit là d’un pas vers une solution politique. En effet, Bahah jouit d’une grande popularité et d’une bonne réputation, ce qui ouvre la voie aux négociations de paix entre les partis en conflit. Bahah devrait conduire la transition dans son pays et choisir un gouvernement d’union natio­nale pour trouver une issue à la crise yéménite. Dans ses premières déclarations, Bahah a pro­mis de sauver son pays en tendant les mains à tous les partis, il a estimé annoncer la liste de son gouvernement après l’ouverture de pourparlers, mais le nouveau vice-président n’a donné aucune date ni détails sur son plan de la période de transition. « Après trois semaines de bombar­dements, de tensions et de différends, la coali­tion arabe n’a d’autre solution que le dialogue. Les raids aériens et l’opération Tempête déci­sive ont freiné l’avance des Houthis, mais ne peuvent pas les détruire. Ce n’est qu’une étape pour passer au plus important, à savoir le dialo­gue », explique Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. Selon l’analyste, les pays de la coalition sont conscients des dan­gers d’une intervention terrestre. « Ce serait une erreur fatale. Les Yéménites ne vont pas accep­ter cette intervention, même si elle est en leur faveur. Ils vont la considérer comme une occu­pation. Alors les opérations de la coalition arabe seront limitées à des raids aériens. Ainsi, les pays arabes sont obligés de trouver une solu­tion pacifique. Le président yéménite qui reste à Riyad n’a aucun pouvoir et toute l’autorité sera entre les mains de Bahah. C’est lui qui doit assumer le contrôle du pays dans la prochaine transition », explique Dr Moatez Salama.

Plusieurs facteurs

Cette décision a été prise après plusieurs évé­nements. Tout d’abord, les pays du Golfe ont proposé au Conseil de sécurité de l’Onu un pro­jet de résolution qui frapperait de sanctions Abdel-Malek Al-Houthi, chef des miliciens chiites, et Ahmed Ali Abdallah Saleh, fils aîné de l’ex-président yéménite. Aux termes de ce texte, le Conseil impose aussi aux Houthis et à leurs alliés un embargo sur les armes et les somme de cesser les hostilités et d’abandonner le pouvoir immédiatement et sans conditions. Ces sanctions individuelles consistent en un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Mais le Conseil de sécurité s’est réuni sans se prononcer sur la résolution. Il s’est seulement prononcé sur une pause humanitaire pour aider les Yéménites qui souffrent depuis plusieurs mois. Autre évé­nement : Le ministre iranien des Affaires étran­gères, Mohammad Javad Zarif, s’est rendu à Islamabad où il a rencontré le premier ministre, Nawaz Sharif, le chef de la puissante armée pakistanaise, Raheel Sharif, et plusieurs membres du parlement. Une visite de deux jours consacrée à la crise au Yémen, qui place le Pakistan dans une position difficile entre Riyad et Téhéran. La visite de M. Zarif est intervenue au moment où le parlement à Islamabad débat d’une demande de l’Arabie saoudite à son allié pakistanais pour qu’il se joigne à la coalition engagée au Yémen contre les rebelles chiites soutenus par l’Iran. Au lendemain de cette visite, le parlement du Pakistan a rejeté de facto la demande de Riyad d’envoi de troupes, navires et avions de guerre et a appelé le gouvernement pakistanais à rester neutre et à favoriser une solution pacifique dans ce conflit. De plus, les parlementaires ont insisté sur le fait que le Pakistan devrait jouer un rôle de médiation dans ce conflit et ne pas s’impliquer dans les combats. Le premier ministre Sharif n’est pas obligé de se conformer à cette résolution, mais il avait indi­qué la semaine dernière qu’il n’engagerait pas son pays dans une telle intervention militaire sans l’aval du parlement. Le Pakistan, placé dans une position difficile, tente de ménager à la fois son allié saoudien et bailleur de fonds avec qui Islamabad coopère régulièrement en matière militaire, et son voisin iranien, farouchement hostile à l’opération saoudienne au Yémen.

Riyad accuse Téhéran de soutenir les Houthis et de leur accorder des aides militaires et finan­cières. Des accusations rejetées par l’Iran et le ministre iranien des Affaires étrangères a assuré à Islamabad que son gouvernement souhaitait que le conflit prenne fin rapidement par le « dia­logue ». Pour embarrasser l’Arabie saoudite, le chef suprême de la révolution iranienne, l’aya­tollah Ali Khamenei, a présenté comme un « génocide » les frappes aériennes menées au Yémen contre les miliciens chiites houthis et leurs alliés. « C’est un crime et un génocide qui peut être passible des tribunaux internatio­naux. Une grande nation comme le Yémen ne doit pas être soumise aux bombardements. Nous devons tous réfléchir à la fin de cette guerre. Réfléchissons à un cessez-le-feu », a demandé le président iranien, Hassan Rohani. Ce dernier a critiqué l’attitude de Riyad qui, selon lui, répète les erreurs du passé en attisant les rivalités entre chiites et sunnites. A cet égard, les pays du Golfe, surtout l’Arabie saou­dite, sont accusés face à la communauté inter­nationale de déclencher une guerre confession­nelle. Pour défendre son pays, le ministre saoudien des Affaires étrangères a toutefois affirmé que l’Arabie saoudite n’était en guerre ni avec l’Iran ni avec les chiites. Mais l’Arabie saoudite a pressé l’Iran de cesser d’armer les rebelles chiites. Le prince Saoud Al-Fayçal a souhaité que « Téhéran cesse d’aider les acti­vités criminelles des (rebelles) Houthis contre le régime légitime du Yémen, réclamant l’arrêt de ses livraisons d’armes ».

Enfin, et profitant du chaos et du vide poli­tique dans le pays, Al-Qaëda dans la pénin­sule arabique (Aqpa) s’est emparé partielle­ment la semaine dernière de plusieurs villes dont la ville portuaire de Moukalla, et ren­force de plus en plus ses positions, notam­ment dans l’est du pays.

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