
Le barrage de la renaissance, d'une capacité de 6000 MW, sera le plus grand d'Afrique.
(Photo : AP)
L’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan sont parvenus, jeudi 5 mars, à un premier compromis fixant les principes de coopération entre les 3 pays. Le texte met, notamment, en relief les préoccupations des deux pays en aval du grand barrage éthiopien de la Renaissance.
La dernière réunion a duré 3 jours dans la capitale soudanaise, Khartoum. Elle vient s’ajouter à deux autres réunions tenues dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba le mois dernier. A Khartoum, étaient présents les trois ministres des Affaires étrangères et ceux des Ressources hydriques. « Les ministres ont présenté leurs rapports aux présidents des trois pays afin d’approuver l’accord », indique, à l’Hebdo, Alaa Yassine, consultant du ministre des Ressources hydriques et de l’Irrigation et membre du comité égyptien pour les négociations relatives au barrage de la Renaissance.
Le ministre des Ressources hydriques et de l’Irrigation, Hossam Moghazi, a assuré aux médias que l’accord de Khartoum était un accord de coopération politique et n’affecterait en rien les négociations techniques sur le barrage de la Renaissance. « Cet accord est un pas positif, car il consiste à ne pas nuire aux pays en aval », s’est contenté d’indiquer Moghazi.
Les détails de l’accord demeurent inconnus. « Cet accord est resté dans les bureaux des trois présidents », regrette Alaa Yassine. Si les médias essayent de le présenter comme un pas en avant dans les négociations, aucune information n’a filtré sur son contenu. « C’est un accord de principe », résume Hussein Al-Atfi, secrétaire général du Conseil arabe de l’eau et ancien ministre égyptien des Ressources hydriques et de l’Irrigation.
Méga-projet
Le barrage de la Renaissance, d’une capacité de 6 000 MW, sera le plus grand d’Afrique, à son achèvement prévu pour 2017. Il coûtera environ 4,2 milliards de dollars à l’Ethiopie. L’Egypte craint depuis longtemps que ce barrage ne fasse baisser les eaux du Nil, bien que l’Ethiopie assure qu’il n’aura aucune incidence sur le débit du fleuve en aval. L’Egypte possède des droits historiques, en vertu des accords de 1929 et de 1959 sur les eaux du Nil. Le premier accord avait été conclu avec la Grande-Bretagne, alors que les pays en amont du fleuve se trouvaient encore sous domination britannique. Le second accord fut signé avec le Soudan après son indépendance. Mais les pays en amont du Soudan souhaitent depuis plusieurs années développer des projets d’aménagement du fleuve, estimant que les accords précédents ne les engagent pas. En effet, cinq des huit pays traversés par le Nil n’ont jamais été inclus dans les négociations, ayant abouti à l’accord de 1929, signé avant leur indépendance.
L’Ethiopie entend bien mener son projet à terme, même s’il doit aboutir à une dégradation des relations diplomatiques avec l’Egypte. Ce barrage, de 170 mètres de haut et d’une capacité de stockage de 74 milliards de m3, est perçu par l’Egypte comme un important danger pour son approvisionnement en eau douce.
Un premier pas vers un accord final a été fait, il y a peu avec la nomination d’un bureau international chargé d’élaborer, dans un délai de 5 mois, deux études sur le barrage. La première portera sur un modèle de simulation du barrage et la seconde sur l’impact économique et social du barrage sur les pays en aval.
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