Le parti libéral d’
Al-Dostour, le parti de la Coalition populaire socialiste, Le Pain et la Liberté, ainsi que les mouvements des Socialistes révolutionnaires, le Courant populaire et le mouvement du 6 Avril. Ce sont les partis qui refusent de participer aux législatives. Côté islamiste figure notamment, l’Egypte forte,
Al-Wassat, la Construction et le Développement et le parti salafiste
Al-Watan. Le président du parti de l’Egypte forte, Abdel-Moneim Aboul-Fotouh, dissident des Frères musulmans, a, lors d’une conférence de presse tenue cette semaine annoncé sa non-participation aux élections.
Les partis laïques, quant à eux, dénoncent l’hégémonie des hommes d’affaires sur la scène politique, le retour des feloul, la loi électorale et les restrictions sur les libertés. « Il est inutile de participer aux élections législatives dans cette ambiance politique. Les jeunes de la révolution sont derrière les barreaux, Moubarak et ses acolytes ont été libérés, les symboles du PND envahissent la scène politique et les partis politiques sont marginalisés », lit-on dans un communiqué signé par 7 partis laïques réunis jeudi dernier pour expliquer leur décision de boycotter les élections législatives prévues en mars prochain.
Marchant dans les pas de son fondateur, Mohamad Al-Baradei, qui avait déjà démissionné du gouvernement transitoire de l’après-30 juin, en contestation de l’évacuation du sit-in de Rabea, le parti libéral Al-Dostour s’abstient de participer aux législatives dénonçant « les violations des droits de l’homme ». « Le gouvernement n’a pas pris en considération les amendements de la loi électorale, notamment ceux ayant trait au découpage des circonscriptions. Il y a aussi le scrutin uninominal défavorable aux petites formations politiques. Ce mode de scrutin est un feu vert au retour des feloul de Moubarak et des islamistes au détriment des partis et des forces révolutionnaires qui ne possèdent pas l’argent nécessaire à cette compétition », justifie Khaled Daoud, porte-parole du parti d’Al-Dostour. Le parti avait réclamé l’abolition de la loi sur la manifestation et la libération des jeunes révolutionnaires emprisonnés. « Il ne s’agissait pas de demandes exagérées comme les qualifient certains, mais d’un minimum de garanties pour des élections libres. Le régime qui se dit pour la révolution devrait faire preuve de bonne volonté », ajoute Daoud.
Suite à l’assassinat de la militante de gauche, Chaïmaa Al-Sabbagh, le mois dernier, lors de la commémoration de l’anniversaire de la révolution du 25 janvier, le Courant populaires’est aussi retiré de la course électorale. Accusant la police de l’assassinat d’Al-Sabbagh, le Courant populaire a réclamé la destitution du ministre de l’Intérieur. Mais sa décision de boycotter les législatives relève également d’autres considérations. Ahmad Al-Béheiri, porte-parole du mouvement, explique que cette décision est basée sur deux raisons fondamentales: le processus électoral et la restriction des libertés individuelles. « Il est difficile d’aspirer à des élections représentatives de la révolution », explique Al-Béheiri.
Selon le politologue Tareq Fahmi, cette passivité politique est un mauvais calcul et laisse tout le loisir aux feloul de dominer le Parlement. « Il est paradoxal de critiquer des lois et des conjonctures politiques sans oeuvrer à les changer à travers la voie politique légale. A titre d’exemple, comment ces forces révolutionnaires boycottant les législatives pourront modifier la loi sur la manifestation ou promulguer celle de la justice transitionnelle ? », se demande Fahmi, estimant que ces partis devraient plutôt former des coalitions aptes à contrer les projets politiques des feloul. Pour lui, la faiblesse de ces partis est la véritable raison de leur retrait. « Ces partis d’élite intellectuelle et politique ont un bon fond idéologique, mais ne possèdent pas une base populaire ou des candidats connus capables de concurrencer les autres candidats. Le véritable problème de ces partis est qu’ils se rattachent toujours à l’état révolutionnaire, sans tenir compte des évolutions politiques », estime Fahmi. Des accusations auxquelles rétorque Taher Mokhtar, du Parti socialiste révolutionnaire. « On ne peut pas réduire la démocratie aux urnes. Si l’ambiance politique n’est pas favorable aux libertés, qui sont le fondement de la démocratie, le boycott est un choix politique plus efficace qu’une participation de pure forme », conclut-il.
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