Il faut tout vérifier avant de remettre son dossier.
Jeudi 12 février. Devant le tribunal de première instance du sud du Caire, dans le quartier de Zeinhom à Sayéda Zeinab au Caire, c’est le calme complet. Le tribunal de Zeinhom fait partie des 31 tribunaux qui reçoivent les demandes de candidature pour les élections législatives (27 pour les sièges indépendants et 4 pour le scrutin de liste). Le dépôt des candidatures a commencé le 8 février et doit se poursuivre jusqu’au 19 février. Rien ne semble indiquer que le tribunal accueille les demandes de candidature pour les élections. On remarque cependant la forte présence de la sécurité, notamment devant l’entrée du tribunal. Cette présence est plus forte encore à l’intérieur. Au premier étage, il y a 4 salles d’audience pour les procès. Tout près de celles-ci se trouve la salle d’audience n° 7.
C’est là où sont déposées les demandes de candidature aux élections législatives. Trois soldats se tiennent derrière une barrière en fer et contrôlent les entrées et les sorties. « L’affluence est très faible à cause du mauvais temps. Lors du 1er jour, elle était beaucoup plus importante et il y avait une longue file d’attente », raconte l’un d’eux. Les conditions requises pour présenter sa candidature sont affichées sur le mur dans un document signé par le président de la Cour, Magdi Khalifa. Pour se porter candidat, il faut avoir la nationalité égyptienne et ne pas détenir d’autres nationalités, avoir au moins le certificat des études primaires, et avoir accompli son service militaire. Il faut aussi avoir un casier judiciaire vierge, et présenter un CV, une déclaration de patrimoine pour le candidat, sa femme et ses enfants ainsi qu’une copie conforme de la carte d’identité, et les résultats des tests médicaux.
Il est 9h30. Un candidat arrive pour présenter son dossier. Arborant un costume bleu clair, il se présente comme étant un marchand de bétail. « Je suis venu tôt pour terminer rapidement les procédures, car je dois m’occuper de mes bêtes », assure Mohamad Soliman. Lorsqu’on lui demande à quel parti il appartient, il répond « Al-Masriyne », sans d’autres précisions. Mohamad dit représenter les jeunes. « J’ai 40 ans et je représente les jeunes », dit-il, sûr de lui. Pourtant, il ne semble pas avoir d’idées pour soutenir les jeunes de sa circonscription. Pire encore, lorsqu’on lui demande à quelle circonscription il appartient, il répond west al-balad (le centre-ville). « Mon parti ne m’a pas encore donné le programme électoral ! », dit-il. Et d’ajouter : « Nous voulons la participation des jeunes, nous voulons une nouvelle pensée », dit-il.
Sans expérience politique
La plupart des candidats venus présenter leurs dossiers au tribunal sont sans expérience politique. C’est aussi le cas de Mohamad Abdel-Hamid, un dentiste de 31 ans qui a décidé de se présenter en tant qu’indépendant. Lui aussi affirme soutenir la cause des jeunes. « Je n’appartiens à aucun parti politique. J’ai décidé de participer aux législatives pour prouver à tout le monde que l’espoir est dans les mains des jeunes ! », dit-il, affirmant bénéficier de l’appui de la jeunesse dans sa circonscription. « Ils me soutiennent et nous rêvons tous d’un pays stable et juste », ajoute le candidat, qui a passé le test médical avec succès. « J’ai préparé tous les documents requis, mais pourquoi payer 4200 L.E. ? », se plaint le candidat qui se présente dans la circonscription de Hélouan. Il est interpellé par une femme de 30 ans qui cherche son nom dans les listes électorales. Fatma Mansour Al-Sayed se présente en tant qu’indépendante dans la circonscription de Hélouan.
Elle aussi se plaint: « Nous sommes obligés de courir derrière les responsables pour avoir les documents requis. Premièrement, on doit aller à la poste, puis au commissariat de police, puis à l’hôpital, et enfin au tribunal. C’est vraiment très fatigant. Pourquoi cette bureaucratie?! », demande Fatma, qui travaille à la chaîne satellitaire Al-Qahira wal Nass. Selon elle, il aurait été préférable qu’un seul endroit soit consacré aux procédures. « Le Conseil national de la femme a promis de soutenir les candidates aux élections. Mais je n’ai reçu aucun soutien. Ce sont visiblement des promesses en l’air », lâche Fatma. Quelques moment passent. Une avocate arrive avec les papiers d’un candidat indépendant du nom de Hag Abdel-Hamid Hassan dans la circonscription du Vieux-Caire.
« C’est la deuxième fois que je viens ici pour terminer les procédures de mon client. Le juge a rejeté quelques papiers, comme la déclaration de patrimoine de la femme de mon client. Je suis venue aujourd’hui pour payer l’assurance et terminer les procédures », raconte Mona Mohamad, avocate du Hag Abdel-Hamid. Quelques minutes passent.
Il est 14h, quelques avocats sortent de la salle n° 7 avec les dossiers de leurs clients. Mohamad Soliman a terminé les procédures. « Le juge a accepté tous mes papiers, et j’aurai mon symbole électoral d’ici trois ou quatre jours », dit-il. La journée aura été chargée.
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