Alaa et Gamal Moubarak ont quitté leur prison dans l’attente d’un nouveau procès. Selon les déclarations de leur avocat Farid Al-Dib, Alaa et Gamal Moubarak, ont atteint, jeudi 22 janvier, la période maximale légale de détention provisoire. Al-Dib a aussi ajouté que Moubarak, en détention dans un hôpital militaire du Caire, serait également libéré. Le procureur général, quant à lui, a décidé de ne pas faire appel à la décision des juges. Les deux hommes doivent être jugés de nouveau avec leur père, pour le détournement de plus de 10 millions d’euros d’argent public qui avaient servi à des travaux de rénovation des palais présidentiels. Dans cette affaire, les deux fils avaient écopé en mai de 4 ans de prison et Hosni Moubarak avait été condamné à 3 ans de réclusion. Cependant, après une procédure d’appel par les avocats de la famille, la Cour de cassation a annulé ce verdict le 13 janvier, et ordonné un nouveau procès.
La famille Moubarak, père et fils, a été blanchie dans d’autres affaires de corruption en novembre dernier. Par ailleurs, l’accusation de complicité de meurtre a été abandonnée contre Hosni Moubarak, jugé pour la mort de centaines de manifestants durant la répression du soulèvement de 2011. Les deux fils Moubarak sont toujours jugés pour des faits de corruption à la Bourse.
Décision choc
Au moment où les pages Facebook pro-Moubarak célébraient et se félicitaient de la libération des deux fils de Moubarak, cette dernière décision de la cour a suscité la colère de plusieurs forces politique à la veille du 4e anniversaire de la révolution dont les figures de proue sont quasiment toutes derrière les barreaux. En effet, des dizaines de militants ayant été emprisonnés pour avoir enfreint la loi toujours controversée sur le droit de manifester, notamment Ahmad Maher et Mohamad Adel, deux dirigeants du mouvement du 6 Avril, qui ont écopé de 3 ans de prison tandis que cette organisation, à la pointe de la contestation anti-Moubarak, a été interdite par la justice.
Pour George Ishak, membre du Conseil national des droits de l’homme et l’un des cadres de la Coalition du courant démocratique, le gouvernement a fait une faute politique. « Je ne critique pas la justice, mais on aurait pu attendre après le 25 janvier pour annoncer cette nouvelle pour ne pas heurter les sentiments du peuple qui attend toujours que les crimes de la famille Moubarak soient jugés ». Un avis que partage le politologue Amr Hachem Rabie, du Centre des études politiques et stratégiques CEPS d’Al-Ahram, qui affirme que cette décision « manque d’habileté politique ».
Gamal Zahrane, professeur de sciences politiques et coordinateur de la Coalition de la justice sociale, condamne lui aussi ce jugement. « Le pouvoir politique ignore complètement la révolution du 25 janvier et ne prête attention qu’à la révolution du 30 juin. Comment juger des jeunes qui n’ont fait que violer la loi sur les manifestations et libérer ceux qui ont volé et corrompu? Tout cela signifie qu’il n’y a aucune volonté politique de poursuivre les figures de l’ancien régime».
Ahmad Bayoumi, secrétaire général du parti Al-Dostour craint de graves répercussions « Nous respectons la décision de la justice égyptienne. mais cela n’empêche pas que cette décision renforcera la tension politique dans la rue », conclut-il.
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