Au-delà de l’image de l’Etat, il y a dans la plupart des pays arabes une autre image très ancrée dans la réalité, celle des tribus qui, à l’occasion des bouleversements qui secouent la région depuis quelques années, sont propulsées au-devant de la scène de plusieurs façon. Le Centre régional des études stratégiques a publié cette semaine sur son site un papier qui résume une table ronde sur « les derniers développement du rôle des tribus dans le monde arabe ». Pour le Dr Marwa Nazir, professeur au Centre national des recherches sociales et pénales, « les relations conflictuelles entre la tribu et l’Etat ont connu une certaine stabilité où la balance avant les révolutions penchait plus vers celui-ci. Mais après les révolutions, les tribus dans les différents pays arabes ont commencé à jouer un rôle plus accru, notamment en Libye, en Egypte, et d’une façon moindre en Tunisie ». Selon Nazir, le rôle des tribus a pris trois formes: « D’abord une forme sécuritaire qui s’est illustrée dans le cas des tribus yéménites face aux Houthis, dans le cas des tribus libyennes dans la lutte contre les groupes fondamentalistes, et enfin dans le cas des tribus égyptiennes qui se sont distinguées après le 30 juin 2013. Ensuite, une forme politique avec comme illustration le rôle joué par les tribus en Iraq. Et enfin, un rôle socioéconomique à travers la protection, notamment en Syrie, en Iraq et au Yémen des puits de pétrole contre les assauts des groupes terroristes ».
Selon les chercheurs, dont Khaled Hanafi, spécialiste en affaires africaines, les tribus se sont propulsées, après les révolutions, sur la scène politique. En Libye où elles ont été en marge du déclenchement du mouvement de protestation contre Kadhafi, initié par l’élite civile, « les tribus ont vu leur rôle grandir ensuite et sont entrées dans des alliances électorales et politiques sans oublier leur rôle sécuritaire face aux fondamentalistes religieux ». Idem pour les tribus en Syrie qui ont, comme l’explique Béchir Abdel-Fattah, conseiller pour la revue Démocratie de la fondation Al-Ahram, « créé en avril 2011 le conseil des tribus syriennes qui a la fonction de groupement politique. Sans oublier que ces tribus ont créé leur aile militaire qui rallie 24 tribus».
Luttes de mort
Justement dans un édito publié dans le quotidien Al-Ahram, le penseur et analyste politique Nabil Abdel-Fattah aborde une question qui n’est pas loin de la première, à savoir ce qu’il appelle la paysannerie politique. Il dresse un tableau réaliste, et donc forcément pas gai de la situation des partis politiques en Egypte à l’approche des prochaines législatives. « Les partis pourront-ils jouer leur rôle à l’ombre de la mort de la politique ? Ou alors pourront-ils s’activer à l’ombre des restrictions sécuritaires et bureaucratiques lourdes imposées à l’espace public complètement assiégé? Ces partis pourront-ils agir dans des villes paysannes et des provinces délabrées et dans un climat d’une politique marquée par la paysannerie et la religion ? », se demande-t-il. Et d’ajouter: « La mort de la politique a mené à un ratissage total des compétences, à une stagnation des niveaux de l’élite au pouvoir et à l’écartement des cerveaux créatifs ». Selon Abdel-Fattah, les mouvements révolutionnaires ne sont pas exempts de cette morosité politique, ce qui a mené à la montée des islamistes au pouvoir, même s’ils ont été aidés à l’intérieur comme à l’extérieur. « Eux aussi (les islamistes) sont tombés avec les forces révolutionnaires divisées et faibles, dans le piège d’une lutte sanglante autour de l’héritage de restes ».
L’arme de la nationalité
Du côté des droits de l’homme et des risques de dérives de certaines pratiques, le réseau arabe des droits de l’homme a tiré la sonnette d’alarme sur des faits que la presse a souvent rapportés ces derniers temps. Il s’agit des procès intentés par certains avocats contre des personnes pour les destituer de la nationalité égyptienne. « Les procès de Hesba politiqueintenté par des personnes qui veulent faire plaisir au pouvoir sont revenus sur la scène pour atteindre cette fois-ci l’activiste Waël Ghoneim, l’accusant de travailler pour des forces étrangères », dit-il. La Hesba étant un concept juridique puisé dans la jurisprudence musulmane selon laquelle toute personne peut porter plainte contre une autre personne devant le tribunal pour défendre l’intérêt général. Le procédé a été utilisé dans les années 1990 contre le penseur Nasr Hamed Abou-Zeid pour le séparer de sa femme parce qu’accusé d’apostasie. Il a dû fuir le pays. « Ainsi, l’avocat Samir Sabri a déposé une requête devant la justice demandant de destituer Waël Ghoneim de sa nationalité. Cet avocat a déjà présenté une requête semblable contre l’acteur égyptien Khaled Aboul-Naga l’accusant de haute trahison, parce que ce dernier aurait critiqué le président de la République ». Le réseau arabe demande ainsi à la justice « de ne pas permettre la propagation de ce genre de procès ».
Côté Web, le site libanais Jenoubia a rapporté une information selon laquelle une étude de chercheurs de l’Université de Hong Kong la région du Moyen-Orient est la plus touchée par l’addiction à l’Internet: « L’étude s’est basée sur les indicateurs de 89000 personnes dans 31 pays dans 7 régions du monde. Les degrés d’addiction se sont révélés différents d’une région à l’autre. La région du Moyen-Orient s’est distinguée par une addiction de 10,9%, alors que l’Europe du Nord et occidentale a enregistré le taux le plus faible de 2,6%. L’étude a relié l’addiction notamment à une non-satisfaction des conditions de vie ».
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