La séance de Alaa Abdel-Fattah reportée au 20 décembre.
(Photo : AP)
Le tribunal pénal du Caire a repris cette semaine l’examen du procès de l’activiste Alaa Abdel-Fattah et 24 autres détenus. Une séance consacrée à l’audience des témoins s’est tenue dimanche 14 décembre. C’est en présence de mesures de sécurité renforcées que Alaa Abdel-Fattah est apparu dans une cage de verre, à l’institut de police de Tora où se déroule le procès. Lui et les 24 autres activistes sont actuellement rejugés pour avoir enfreint la loi sur les manifestations en organisant, en novembre dernier devant le Conseil consultatif, une manifestation contre le jugement des civils devant les tribunaux militaires. Le 11 juin, le tribunal pénal avait condamné par contumace Abdel-Fattah et les 24 activistes à 15 ans de prison pour manifestation illégale. Un verdict extrêmement sévère qui s’explique par l’absence de Abdel-Fattah le jour de l’audience. Celui-ci a expliqué par la suite avoir été retenu par la sécurité à l’extérieur du tribunal. Abdel-Fattah a toutefois bénéficié d’un nouveau procès en se présentant au tribunal après le verdict, conformément à la loi. Au mois de septembre, le tribunal s’est récusé en raison du «
manque de respect des accusés à son égard » et a ordonné la libération sous caution de Alaa Abdel-Fattah et de 2 autres détenus. Les papiers du procès ont été alors envoyés à la Cour d’appel du Caire, pour déterminer une nouvelle juridiction pour l’examen du procès.
Celui-ci a repris le 27 octobre, toujours devant le tribunal pénal, à l’Institut de police de Tora, un bâtiment annexe de la prison de Tora. Les témoignages ont porté sur ce qui s’est passé le jour de la manifestation. La plupart des témoins ont fait état d’usage excessif de la force par la police et de mauvais traitements. « J’étais parmi les personnes qui manifestaient devant le Conseil consultatif, pour protester contre le jugement des civils devant des tribunaux militaires. Les forces de sécurité m’ont arrêté moi et un certain nombre de mes collègues. Nous avons été battus et le véhicule de la police nous a jetés dans le désert », raconte May Mahmoud. D’autres témoins, comme le secrétaire du parti Al-Dostour, Khaled Dawoud, ont également parlé d’arrestations « aléatoires » par les forces de police dans les rangs des militants qui manifestaient sur le trottoir devant le Conseil consultatif.
Une loi contestée
Ces témoignages peuvent-ils changer le cours du procès? Les avocats de la défense n’ont pas grand espoir. Malek Adly, l’un des avocats des manifestants, affirme : « Nous avons présenté toutes les preuves susceptibles de garantir l’acquittement et la libération des accusés. Nous savons toutefois très bien que ce procès est politisé ». Il ajoute que les accords internationaux signés par l’Egypte affirment que les citoyens ne « doivent pas être jugés en vertu de loi dont la constitutionnalité est contestée ». Selon lui, le procès de Alaa Abdel-Fattah et les autres activistes aurait dû être suspendu en attendant que le litige sur la constitutionnalité soit tranché. La Haute Cour constitutionnelle a décidé dimanche de reporter l’examen des recours contre la loi sur les manifestations au 11 janvier.
En vertu de cette loi contestée, plusieurs figures de la révolution de janvier ont été arrêtées et emprisonnées au cours des derniers mois, parmi eux Ahmad Maher, Mohamad Adel et Ahmad Douma. Ce dernier a été condamné le 9 décembre dernier à 3 ans de prison pour avoir insulté le pouvoir judiciaire lors de son procès.
La loi sur les manifestations a été promulguée en 2013 par le président par intérim Adly Mansour. La loi oblige les organisateurs à informer les autorités d’un rassemblement 3 jours avant sa tenue et permet au ministère de l’Intérieur de l’interdire s’il représente une menace pour la sécurité. Le procès de Alaa Abdel-Fattah et de ses collègues a été reporté au 20 décembre.
Lien court: