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Grippe aviaire : Renforcer la prévention est une nécessité

Howaida Salah, Mardi, 25 novembre 2014

Le gouvernement a déclaré l'état d'urgence, suite au décès de deux patients atteints de grippe aviaire. La réapparition de cette épidémie mortelle remet en question l’efficacité des stratégies sanitaires adoptées.

Grippe aviaire

Deux femmes atteintes de virus H5N1 ont succombé, cette semaine: une jeune femme de 19 ans entrée en contact avec des volatiles infectés et une trentenaire de la province de Minya, au sud du Caire. C’est le troisième décès depuis le début de l’année. Le ministère de la Santé a déclaré que depuis le début de l’année, sept personnes ont été infectées par le virus H5N1. Les responsables affirment que les services sanitaires sont à pied d’oeuvre dans tous les gouvernorats afin de renforcer les mesures préventives, nécessaires pour éviter la propagation du virus. Une commission chargée de suivre l’évolution du virus a été formée et une série de mesures a été annoncée: campagnes de vaccination des volailles contre le virus H5N1 dans les maisons et les fermes d’élevage, abattage des volailles infectées, interdiction de la chasse aux oiseaux migrateurs et renforcement du contrôle sur l’importation des volailles vivantes. 55 hôpitaux et centres médicaux sont prêts à accueillir des personnes atteintes par le virus et disposent de stocks de vaccins. Le ministère de la Santé a mis en place une ligne téléphonique, « 105 », pour informer les gens sur ce virus.

Ahmad Abdel-Hamid, responsable du ministère de la Santé à Assiout, indique que le ministère lancera une nouvelle campagne de sensibilisation dans le but d’éviter sa propagation: « Des affiches mettant en garde contre la gravité de la maladie seront placées dans les moyens de transport, les rues et les établissements publics. Nous allons aussi lancer de nouvelles campagnes de désinfection et de vaccination ». A noter que l’Egypte est le troisième pays à connaître la transmission du virus à l’homme, après le Viêtnam et l’Indonésie.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Egypte est l’un des pays les plus touchés au monde par la grippe aviaire. Le virus H5N1 a fait son apparition pour la première fois en Egypte en février 2006. Le nombre des décès par ce virus, recensé depuis cette date, est de 66 sur 180 personnes infectées. « Le taux de mortalité est de 36%, un taux moyen par rapport à d’autres pays qui ont enregistré un taux de mortalité de 55%. Ceci est dû aux efforts déployés par le ministère pour lutter contre la maladie depuis son apparition », explique Amr Qandil, directeur du secteur de la médecine préventive au ministère de la Santé.

Parmi ces efforts, il relève les campagnes de sensibilisation, la distribution du médicament Tamiflu, le diagnostic prématuré de la maladie ainsi que les mesures concernant l’interdiction du transport des volailles entre les gouvernorats pendant la saison où le virus est le plus actif. « Des mesures qui ont énormément contribué à limiter les dégâts », ajoute Qandil. Mostapha Orkhan, cofondateur du Centre pour la grippe à l’OMS, impute la persistance de la maladie mortelle aux mauvaises habitudes. « C’est surtout à la campagne que les éleveurs rechignent le plus à ne pas garder les volailles dans les maisons. La plupart des éleveurs de volailles refusent les campagnes de vaccination et ne suivent pas les conseils de sensibilisation lancés par le ministère de la Santé, tels que le port de masques et de gants lors du contact direct avec les volailles, le lavage systématique des mains avec de l’eau et du savon et l’usage des matières purifiantes », explique Orkhan.

Toutefois, Rashwan Chaaban, membre du conseil de l'ordre des Médecins, pense que la réapparition de ce virus est due, en premier lieu, à la relâche du gouvernement. « Le gouvernement avait pris des mesures draconiennes au début de l’apparition de cette maladie. Toutefois, avec le recul relatif de la maladie, ces mesures ont diminué graduellement et ont fini par disparaître. Au cours des deux dernières années, il n’y a eu aucune campagne de vaccination. D’autant plus que le transport des volailles entre les gouvernorats a repris sans contrôle », regrette Chaaban. Selon lui, le problème plus général en Egypte est l’absence d’un plan d’urgence continuel pour suivre les épidémies.

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