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Les enjeux de la fusion d’Ansar Beit Al-Maqdes à l’EI

May Al-Maghrabi, Mardi, 18 novembre 2014

Alors qu'Ansar Beit Al-Maqdes a prêté, lundi dernier, allégeance à l’EI, les experts s'interrogent sur les conséquences de ce ralliement.

Ansar Beit Al-Maqdes

Après l’Iraq et la Syrie, l’organisation de l’Etat islamique serait-elle en passe de se développer en Egypte ? Suite à cette allégeance, Ansar Beit Al-Maqdes a appelé ses partisans à étendre leurs opérations au Caire et à viser les services de sécu­rité et les institutions étatiques. Selon le penseur islamiste Kamal Habib, cette allégeance envoie un message fort à l’intérieur comme à l’extérieur. « On ne peut dissocier cette allégeance de l’évo­lution des opérations militaires de la coalition internationale contre l’EI. A travers cette allé­geance, l’EI veut transmettre à l’Occident le message disant que dans les prochains jours, il aura à le combattre non seulement en Iraq et en Syrie, mais aussi dans tous les pays arabes et musulmans. Quant au message d’Ansar Beit Al-Maqdes, c’est plutôt un message de mobilisa­tion, adressé aux radicaux de l’Egypte à rejoindre leurs rangs après sa fusion à l’EI », indique Habib. Une vision partagée par Ashraf Al-Chérif, spécialiste des mouvements islamistes, et profes­seur à l’Université américaine du Caire.

De son point de vue, il faut se méfier de cette fusion qui pourra servir les intérêts des deux groupes. Il explique que l’EI avait uniquement bénéficié du ralliement de petits groupes, ayant fait dissidence. Mais aujourd’hui, il bénéfice sur le plan organisationnel du ralliement d’Ansar Beit Al-Maqdes, un groupe qui a déjà trois ans d’exis­tence, et très bien implanté dans le Sinaï. « Profitant de l’avancée réalisée par l’EI en Syrie et en Iraq, Ansar Beit Al-Maqdes pourra aussi chercher à tirer profit de l’estime qu’ont beau­coup de radicaux en Egypte pour Daech, et recru­ter de nouveaux combattants. Il ne faut pas oublier qu’une frange de la confrérie des Frères musulmans et de jeunes islamistes ont basculé dans la violence armée depuis la destitution de Mohamad Morsi. Certains sont sympathisants de l’Etat islamique sans que cela se traduise forcé­ment par des actes. Une des répercussions de cette allégeance pourrait être la nature plus vio­lente des attentats contre les militaires, les coptes et d’autres franges taxées de soutien à l’armée et à la révolution du 30 juin », se méfie Ashraf Al-Chérif. Mais pour le spécialiste des mouve­ments islamistes, Sameh Eid, cette allégeance n’aura pas un grand impact. « C’est en premier lieu un soutien moral de se rallier à ce groupe terroriste qui a réalisé de grandes victoires en Iraq et en Syrie. Pour le moment, l’Etat islamique ne peut pas fournir une assistance matérielle à Ansar Beit Al-Maqdes. Cette allégeance ne pour­ra donc pas changer grand-chose sur le terrain », estime Eid. Il explique qu’Ansar Beit Al-Maqdes est dans une phase de résilience à cause de l’of­fensive militaire majeure qu’il subit dans le Nord-Sinaï. « En se ralliant à l’Etat islamique, Ansar Beit Al-Maqdes tente d’essuyer les frappes mili­taires qu’il a subies récemment et de marquer une victoire symbolique. Le groupe veut prouver qu’il est toujours capable de résister à l’offensive de l’armée et d’élargir ses activités. C’est ce qui explique son ralliement à l’EI en dépit des diver­gences idéologiques profondes entre les deux groupes », ajoute Eid.

Du côté officiel, les autorités affichent leur détermination à mener le combat contre le terro­risme jusqu’au bout. Le porte-parole du minis­tère de l’Intérieur, Hani Abdel-Latif, a minimisé l’importance de cette allégeance, soulignant la capacité des autorités à affronter les terroristes, quelles que soient leurs bannières. « Les services de sécurité ont déjà affronté dans le Sinaï des groupes terroristes plus dangereux que Daech. Il s’agit de noms différents, mais des mêmes terro­ristes qu’on éradiquera définitivement d’Egypte », a-t-il affirmé .

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