A l’occasion des prochaines élections législatives dont la date n’a pas encore été fixée, l’auteur Ammar Ali Hassan signe un édito dans le quotidien Al-Watan sur les caractéristiques des alliances politiques en Egypte : « Ce sont en général des alliances pour faire face à un adversaire politique plus qu’à un concurrent politique. En 2011, l’alliance entre les partis avait pour but de contrer l’élite parlementaire du PND (parti de Moubarak dissous), alors que maintenant, l’alliance a pour but de faire face à la confrérie des Frères musulmans. Ces alliances ont toujours eu la vie courte. Et ceux qui les ont mises en place ne sentent pas que l’adversaire est à lui seul un challenge qui requiert de s’unir. Ainsi, les alliances d’avant-révolution ont vite été disloquées, et certaines ont commencé à travailler en secret avec les représentants de l’ancien régime. A peine les alliances anti-feloul ont-elles disparu, car menées par les Frères musulmans, il s’est avéré que le but était autre que celui affiché. L’alliance en cours ne sort pas du lot. Les divergences se succèdent entre les parties qui lèvent le slogan : Un Parlement sans islam politique fondamentaliste ».
Au même moment, le penseur de tendance islamiste Fahmi Howeidi signe cette semaine un édito, « La Police sociale », où il jette un regard restreint sur un sujet qui risque de mener à plusieurs complications : « A Partir du 15 novembre, il est désormais du droit de l’institution religieuse, pour la première fois dans l’histoire de l’Egypte, d’avoir sa propre police qui a la charge de contrôler, de procéder à des arrestations de personnes et de les présenter devant le Parquet. Ce 15 novembre, le ministre des Waqfs (biens religieux) a distribué des cartes octroyant des pouvoirs judiciaires à 100 cadres des Waqfs et d’Al-Azhar sur la base d’une loi signée par l’ex-président par intérim, Adly Mansour, en 2014, interdisant également aux cheikhs, s’ils ne sont pas titulaires de diplôme azhari, de faire des prêches. Ladite loi considère également que porter la tenue azharie par un non-Azhari et porter atteinte à cette tenue est passible d’une peine d’un an de prison et d’une amende de 30 000 L.E. ». L’auteur ajoute : « C’est un développement qui suscite plusieurs observations. N’importe quel juriste sait que le droit d’arrestation concerne des crimes matériels, le législateur n’a à aucun moment pensé à appliquer ce droit aux paroles et aux avis. Et si le but de cette loi est de contrer les idées des Frères musulmans, cela ne se fait pas par l’incrimination des prêcheurs. Autre point, si les mosquées dépendant du ministère des Waqfs sont au nombre de 100 000, comment les 100 cadres vont-ils pouvoir contrôler tout ce nombre ? Cela va mener également à une situation où les mosquées vont entrer dans le secteur public, alors que les églises appartiennent au secteur privé ». Ce qui est étonnant dans l’article de Fahmi Howeidi, qui soulève une affaire très pertinente, c’est qu'à aucun moment il n’a parlé de liberté d’expression, ni de liberté tout court, parce que de tels pouvoirs d’arrestation accordés à des fonctionnaires d’Al-Azhar risquent de mener à des dérives où la morale sociale et religieuse peut servir de couperet contre les libertés individuelles ! Dossier à suivre.
Dans le quotidien Al-Ahram, le célèbre auteur et économiste Galal Amin revient sur la question des échanges commerciaux arabes. Il rappelle la célèbre convention signée en 1964 entre 5 pays arabes (l’Egypte, la Syrie, l’Iraq, la Jordanie et le Koweït). « L’application de la convention a abouti à la hausse de la part du commerce entre les quatre pays, le Koweït s’étant retiré de 2,6 % en 1964 à 8,3 % en 1969. Mais les conditions politiques qui sont survenues dans le monde arabe après la conclusion de la convention ont freiné l’élan », dit-il. L’auteur explique que cette unité économique a été adoptée par l’opinion publique arabe depuis 50 ans, mais les résultats obtenus durant ces années ont été en deçà des attentes. « Mais depuis quatre ans, notamment depuis 2011 avec ce qui est appelé le Printemps arabe, les slogans en faveur de cette idée ont resurgi et les espoirs sont ressuscités ». Galal Amin avance l’idée que cette complémentarité économique a été notamment contrariée par la mondialisation et le recul de l’Etat national. « Ces deux facteurs sont intimement liés, car le développement technologique qui a mené à la croissance des mégamultinationales a en même temps fortement atteint le rôle de l’Etat (…) ».
Pour revenir sur le terrain religieux, le site libanais Djenoubia publie cette semaine un article sur l’athéisme où il fait le lien entre les propos du leader chiite, Hassan Nasrallah, le mois dernier, où il parlait du danger de l’athéisme qui pointe, selon lui, à l’horizon des sociétés arabes et ceux du roi Abdallah d’Arabie saoudite, qui a annoncé que le Royaume a gagné la bataille contre l’athéisme et que les oulémas doivent travailler pour y faire face. « Ce n’est pas un hasard si en l’espace de deux semaines seulement les deux représentants des deux factions en bataille dans la région, le sunnisme et le chiisme, tiennent de tels propos. Et ce n’est pas un hasard si au milieu de ce conflit, ils se rencontrent autour d’un nouvel ennemi, l’athéisme », écrit Djenoubia. Ce sont de nouvelles batailles qui n’augurent rien de bon pour les libertés .
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