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Coupures de presse : Les prostituées et l'oppression

Najet Belhatem, Mardi, 11 novembre 2014

Les prostituées sont aux yeux de la loi et de la société les seules à incriminer, alors que le client est pris pour témoin. Une coalition Egypte-pays du Golfe est en train de se mettre en place. C’est le focus de la semaine.

Le site d’informations Mada Masr, qui veut se distinguer, notamment par le journalisme d’investigation, et qui publie ses articles en arabe et en anglais, a consacré cette semaine un long reportage à la situation des prostituées en Egypte. Au-delà de l’histoire de chacune et des raisons qui ont poussé ces femmes vers ce métier, l’article relève que « la loi égyptienne n’incrimine pas le client dans ce rapport sexuel rémunéré, et souvent elle le considère comme témoin du recours à la faute. La société, elle aussi, considère que les deux parties ne sont pas incriminables de la même manière ». L’auteur du reportage a eu malgré cela du mal à trouver des clients qui acceptent de donner leur témoignage.

Le seul interviewé, sous un faux nom, a expliqué que le recours à des prostituées est dû « au manque sexuel, j’ai 29 ans, et je n’ai jamais eu de relation normale avec une femme. Mon salaire ne suffit pas jusqu’au 15 du mois. Et dans ces conditions, je ne pourrai pas me marier dans le futur proche ». Le témoignage de ce client est intéressant dans le sens où il lève le voile sur la violence des clients envers les prostituées: « Je ne l’ai pas fait, mais des fois, je sens en moi une forte envie de la frapper, parce qu’au fond de moi-même j’ai l’impression que c’est elle qui m’a poussé à commettre le péché ». Le docteur Mohamad Mostafa, psychiatre, explique que le client vit une contradiction interne entre le besoin sexuel et la culpabilité.

« Il fait passer donc cette culpabilité à la prostituée et la frappe. En d’autres mots, il souffre de l’oppression d’une partie plus forte que lui, et la transmet à la partie la plus faible », indique le psychiatre. L’autre révélation du reportage est que la prostitution n’est pas seulement l’apanage de filles en détresse. Il donne ainsi la parole à une mère de famille de 39 ans, fonctionnaire, dont le mari travaille dans une banque et qui n’arrive pas à joindre les deux bouts pour élever leurs trois enfants. « Je ne sais pas comment j’ai commencé, mais subitement, je me suis retrouvée avec une collègue à faire des relations sexuelles contre de l’argent. J’ai acheté un téléphone à cet effet pour recevoir les appels des clients. Je ne travaille que quatre fois par semaine contre 200 ou 400 L.E. », explique cette fonctionnaire. Samia avoue que son mari ferme les yeux, et n’a jamais fait de commentaires sur ses sorties nocturnes le jeudi, où elle retourne à la maison à l’aube avec de l’argent. Elle porte le voile, mais elle ne voit aucune contradiction dans son attitude.

Loin de la sphère sociale, le journal libanais Al-Safir a publié cette semaine un article sur une autre forme de relations. Celles de l’Egypte avec ses voisins du Golfe qui, selon le journal, sont sur le point de créer une coalition militaire pour « contrer les fondamentalistes dans la région ». Des sources proches de la présidence égyptienne, comme le rapporte Al-Safir, ont déclaré que « cette coalition repose sur l’élargissement des entraînements communs et la formation des troupes saoudiennes et émiraties en Egypte durant la prochaine période, dans le cadre d’un programme de coopération militaire. La coalition a pour but de faire face aux mouvements de rébellion au Yémen, ou de procéder à des frappes militaires sur le territoire libyen ». La source a ajouté que Les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite financeront la totalité des opérations, alors que l’Egypte se chargera de la logistique. La source a cependant exclu la probabilité d’intervention militaire terrestre directe, du moins pendant les premiers mois de la coalition. Le journal ajoute que « les aéroports égyptiens à l’ouest du pays seront utilisés en cas de besoin contre des objectifs en Libye, avec des avions des trois pays, et en coopération avec les trois armées ».

Toujours dans la sphère du militaire, un article publié par le site Al-Modon revient sur la popularité du président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi. « Même si les résultats des sondages faits par des centres de recherches, comme le centre américain Zoghbi ou l’égyptien Ibn Khaldoun, montrent que le soutien au président Al-Sissi et à l’armée est en hausse, il est à noter que ce soutien utilisé dans les mêmes termes que ceux utilisés lors des élections ou des manifestations du 30 juin n’est qu’une erreur ». Pourquoi? L’auteur Mohamad Kheir explique que l’erreur a trait à la manière de concevoir ce soutien, « ce qui fait que ces calculs partent d’hypothèses justes et arrivent à des résultats faux ». Pour lui, ce soutien pourrait s’effriter sur la roche des restrictions aux libertés publiques. Et d’ajouter: « Il est bien connu que le recours abusif aux procédures exceptionnelles, avec ce qu’elles donnent de pouvoir aux hommes de la sécurité, touche particulièrement le citoyen lambda, et remplit les prisons de personnes sans piston, ni soutien ».

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