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Le casse-tête de la charia

Najet Belhatem, Lundi, 12 novembre 2012

Les manifestations des salafistes du vendredi dernier ont fait couler beaucoup d’encre non seulement sur le concept de l’application de la charia, mais aussi sur la position des Frères musulmans au pouvoir. Tour d’horizon.

Dans un article publié dans le quotidien Al-Masry Al-Youm, l’écrivain Salah Eissa écrit : « Le dernier des dilemmes dans lequel s’est retrouvé le Parti Liberté et justice, l’organe politique des Frères musulmans, ce sont les différends qui ont entouré la tenue de la manifestation de l’application de la charia, qui s’est tenue à l’appel du Parti Construction et développement, organe politique de la Gamaa islamiya, qui était djihadiste jadis, et qui s’est transformé après les célèbres révisions en échangeant les fusils par les fatwas d’apostasie. Le Parti Liberté et justice et le parti salafiste Al-Nour ont refusé de participer à cette manifestation qui réclamait de stipuler dans l’article 2 de la Constitution que les préceptes de la charia sont la seule source de législation. Ce refus tient au fait que ce genre de manifestations va faire exploser l’assemblée constituante de laquelle se retirera un nombre non négligeable de ses membres. Et comme les Frères musulmans ont toujours un oeil sur les élections législatives qui se tiendront après le référendum sur la Constitution, ils ne sont pas prêts à participer à ces manifestations qui mèneront non seulement à reporter les élections, mais aussi à exécuter la demande d’appliquer la charia avec tout ce que cela comporte de complexité ». L’auteur ajoute que les Frères musulmans sont ainsi obligés de payer le prix de leur alliance avec les ailes dures des courants islamistes : « Quand la minorité salafiste dans la constituante a appelé à changer l’article 2 de la Constitution de 1971, les représentants de la confrérie des Frères musulmans ont gardé le silence et ont laissé les salafistes distribuer les accusations d’apostasie à tous les membres de la constituante, qui ont jugé que l’article 2 était suffisant et n’avait pas besoin de modifications, alors que les Frères musulmans ont déjà accepté cet article dans le programme de parti politique publié en 2006 ». Dans un autre article relatif à ce sujet publié dans le journal en ligne Al-Dostour de l’auteur Ibrahim Eissa, l’analyse va dans le sens d’un président qui joue avec le concept de l’application de la charia : « Quelqu’un a demandé au président Morsi durant la manifestation du vendredi de combattre les libéraux, et moi je demande au président de se plier à ce conseil. La vérité est que cette bataille est factice, fabriquée de toutes pièces et menée par d’anciens terroristes et meurtriers, des prêcheurs à moitié ignares et des Frères en échec dans tout ce qu’ils entreprennent. Et ils ont décidé d’apeurer les Egyptiens. Il n’y a pas de bataille autour de l’application de la charia, mais il y a des mensonges de la part des islamistes qui prétendent que les forces civiles empêchent cette application, or, on ne sait pas comment ces forces procèdent, en plus, elles n’ont aucune force, elles ne sont ni dans l’Etat, ni dans le gouvernement ». L’auteur demande ensuite au président Morsi d’appliquer la charia avec insistance pour en arriver à dire : « Il semble que le président ne veut pas appliquer la charia. Il veut seulement que ce mensonge se répande contre ses opposants, comme quoi les libéraux refusent la charia et que le peuple se divise en deux clans, un qui prétend la foi et un autre accusé d’apostasie. C’est le moment le plus heureux du président Morsi pour que personne ne lui demande de comptes sur l’échec de ses politiques. Le président Morsi protège les accusations d’apostasie qu’il n’a jamais condamnées et en bénéficie ».
Pas loin de ce débat, le journal Al-Masry Al-Youm a publié une information selon laquelle les services de sécurité prennent au sérieux l’appel lancé par l’un des cheikhs du courant salafiste pour détruire les Pyramides et le Sphinx, « surtout que ce cheikh a déjà participé à la destruction de la statue de Bouddha en Afghanistan il y a dix ans ». Ledit cheikh, Morgan Salem Al-Gohari, a appelé à détruire les Pyramides et le Sphinx lors d’un entretien avec la chaîne de télévision privée égyptienne Dream en disant : « Il faut détruire les statues qui remplissent l’Egypte car les musulmans sont appelés à appliquer la charia »

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