La violence est-elle l’apanage des Arabes ? L’auteur Rita Farag, après une introduction dans laquelle elle relève que la violence est un fait lié à l’humanité depuis sa création, indique qu’elle a été secouée par les guerres et les massacres. «
Mais certains se posent la question de savoir comment ce monstre s’est-il réveillé ? », écrit-elle dans le journal libanais
Al-Safir, faisant allusion au groupe Daech. «
Y a-t-il un terrain propice qui l’a aidé à sortir de l’obscurité du passé ? Les sociétés arabes sont devenues un laboratoire vivant pour qui veut, parmi les sociologues et psychiatres, étudier les raisons de la violence, et ses fondements scientifiques multiples. La violence religieuse est prépondérante chez les Arabes. Un nombre infini d’instituts et d’écoles religieux musulmans produit la culture du mépris de l’autre et de la mort. Et Dieu, y est représenté comme le vengeur. Le plus dangereux dans ce tableau, ce sont les institutions de l’Etat qui bénissent et passent sur le produit de cheikhs qui vantent la haine et la violence symbolique et matérielle. Farag avance qu’il y a malgré tout, des tentatives de réforme, «
mais elles sont lentes et ne sont pas encouragées par les Etats. Politiquement parlant, les régimes arabes dictatoriaux ont transformé les sociétés en foyers de troubles, à cause du surplus d’oppression au nom d’un patriarcat imposant. Cela a engendré des niveaux de violence visibles dans les pays qui rejoignent le train des révolutions arabes ». Pourquoi est-ce la violence qui a pris le dessus et non la démocratie? «
Parce que l’Etat en tant que tel n’existait plus, et toute la déchéance historique et les maladies sociales refoulées sont montées à la surface », ajoute-t-elle.
Farag fait référence au célèbre psychiatre égyptien, Moustapha Safouane, qui considère que les sociétés arabes sont en perpétuel deuil pour la liberté. Mais, elle ajoute qu’elles sont également dans un état dépressif qui fait qu’elles suivent sans réaction les tueries et les massacres. « Le monstre djihadiste (Daech) a soulevé l’héritage historique de la violence au sein de sociétés dépressives, et en otage de despotes religieux ou politiques », poursuit-elle.
Dans un article publié par le site Al-Modon, Dalal Al-Bezri prédit un avenir noir à la région. « L’avenir proche porte en lui la suppression des frontières nationales, et l’émergence de nouvelles entités basées sur l’unité religieuse ou ethnique. Admettons que cela se réalise ». A supposer que les sunnites, les chiites, les kurdes, les alaouites…aient chacun son propre Etat. « Les kurdes auront à résoudre les différences entre kurdes iraqiens, syriens, et turcs, sans oublier les divergences entre les partis politiques, et la donne des kurdes qui ont combattu Daech ». Sunnites, Alaouites et autres, auront à affronter les divergences internes aussi. « La résolution de ces divergences ne sera que sanguinaire. Ceux qui ont participé à la création de ces Etats et qui auront la part du lion dans le partage du pouvoir ne laisseront pas tomber les armes facilement et s’en serviront pour affronter toute contestation ». L’auteur prédit des décades de guerre et de sang.
Un article paru sur le site d’informations libanais Djenoubia revient sur la question de l’athéisme dans le monde arabe, et dont plusieurs journaux s’en sont déjà fait l’écho. L’auteur Ali Al-Amin fait référence à une déclaration de Hassan Nassrallah, secrétaire général du Hezbollah libanais: « Nassrallah a, notamment, dit que l’athéisme commence à débuter dans plusieurs pays arabes même en Arabie saoudite, en Egypte et ailleurs. Pourquoi? Que la situation va arriver au point de douter du Coran et du Prophète et de Dieu lui-même. Ils vont pousser les gens à rejeter l’islam ». Nasrallah faisait allusion aux actions des groupes djihadistes. Or, l’auteur de l’article note que cette déclaration est à double tranchant, car elle peut sous-entendre également que tout ce qui est en dehors de la religion et toute action politique en dehors de l’islam politique, relève de l’athéisme. Dans ce monde arabe broyé par la tourmente, tout le monde semble piégé par les contradictions, même Washington. « En définitive, le fait de jouer sur les contradictions de la région a mené les politiques américaines droit dans le piège de ces mêmes contradictions. Pour défendre les intérêts de l’Iran, et vaincre Daech, les Etats-Unis ont besoin aujourd’hui de l’aide des tribus sunnites en Iraq, et de l’opposition modérée en Syrie, dont l’existence a été niée par Obama. Et chaque partie a, bien sûr, des conditions dont d’abord mettre à l’écart l’influence iranienne dans la région. Ce qui contredit les objectifs américains », écrit Elie Fawaz dans un article publié par le site d’informations Now. Que va faire alors Washington pour s’en sortir? Bref, une tragédie qui frôle l’absurde.
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