Les activités de l’alliance de soutien à la légitimité, (une coalition pro-Morsi créée au lendemain de la révolution du 30 juin), ont été interdites cette semaine sur décision du premier ministre, Ibrahim Mahlab. Il s’agissait d’appliquer un verdict judiciaire datant du mois de septembre et interdisant cette coalition, et ce, suite à une plainte déposée par un ancien chef de la Cour de sûreté de l’Etat, le juge Amr Abdel-Razeq.
L’Alliance a immédiatement réagi à la décision du Conseil des ministres, qu’elle qualifie d’« injuste ». « Cette décision fait partie d’une campagne contre les partis religieux et contre ceux qui ont soutenu la révolution du 25 janvier », affirme un communiqué de l’Alliance. « Le régime veut tuer la vie politique », assure encore le communiqué. L’Alliance affirme qu’elle fera appel du verdict. « L’Alliance est une entité légitime qui ne peut pas être dissoute au même titre que le Front national de salut, qui a été formé sous Morsi par les forces civiles », explique Imam Youssef, membre de l’Alliance.
L’alliance avait été créée en juillet 2013 pour soutenir le président destitué Mohamad Morsi. Elle était formée initialement de 16 partis et mouvements islamistes dont ceux de La Construction et le développement, d’Al-Watan, d’Al-Assala, d’Al-Wassat, de La Liberté et la justice et du Front salafiste. Mais récemment deux partis, Al-Wassat et Al-Watan, ont quitté la coalition, en proie alors à des divisions.
Quelle est la portée de cette décision ? « C’est une décision symbolique », souligne le politologue Yousri Al-Azabawi, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Et d’ajouter : « Elle dénote la volonté de l’Etat d’exclure totalement les islamistes de la scène politique et de ne plus les tolérer ». Depuis la chute de Mohamad Morsi, l’alliance appelait régulièrement à des manifestations contre le pouvoir pour protester contre la destitution du président islamiste. Manifestations qui ont souvent donné lieu à des scènes de violence et de destruction.
La Constitution égyptienne de 2014 interdit les partis politiques à caractère religieux. Le parti salafiste d’Al-Nour, qui avait recueilli 25 % des suffrages aux élections législatives de 2012, est lui aussi en ligne de mire. Un procès a été intenté appelant à la dissolution d’Al-Nour qui avait soutenu la destitution de Mohamad Morsi. Mais les responsables du parti affirment que ce procès sera voué à l’échec.
Hassan Nafea, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, insiste aussi sur le caractère symbolique de cette décision. « Cette alliance était de toute façon en train de s’effondrer après le départ des partis d’Al-Wassat, et d’Al-Watan. Cette décision ne changera rien », conclut Nafea .
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