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Le terrorisme frappe à nouveau

Chérine Abdel-Azim, Mardi, 23 septembre 2014

Deux policiers ont été tués et 6 autres blessés dimanche dans l'explosion d'une bombe au centre du Caire. Tentative de semer la panique ?

Le terrorisme frappe à nouveau
L'attaque a été revendiquée par le groupe Ajnad Masr. (Photo : AP)

Dimanche 21 septembre, premier jour de la rentrée scolaire, les habitants de la rue du 26 Juillet se sont réveillés sur le bruit d’une grande explosion. Une bombe placée tout près du ministère des Affaires étrangères, dans le quartier de Boulaq, explose. Bilan : deux policiers tués et 6 blessés. Il était 10h. Un général de police passait comme chaque matin pour placer les agents de sécurité chargés de contrôler la petite rue située à côté du ministère, après l’évacuation des vendeurs ambulants il y a quelques jours. Soudain, à 10h45, une puissante déflagration se fait entendre. Un arbre se brise et tombe sur le sol devant la mosquée d’Al-Sultan Ali. « Les uniformes blancs des policiers étaient couverts de sang, et on entendait les cris des blessés ici et là. Les voitures se sont arrêtées, la circulation a été bloquée. Face au retard des ambulances, les habitants ont dû transporter les blessés à l’hôpital en taxis », raconte l’un des témoins.

Deux cadavres gisaient cependant sur le sol. Il y a deux morts. Des témoins affirment avoir aperçu juste avant l’explosion une femme voilée d’une trentaine d’années dans le minaret de la mosquée en train de prendre des photos alors que la mosquée devait être fermée à ce moment de la journée, car il n’y a pas de prière et il y a des travaux de restauration. Le soir de l’attentat, Gamal Farahat, directeur des monuments de l’ouest du Caire au ministère des Antiquités, a affirmé que le ministère n’a envoyé aucune personne prendre des photos et que cette femme qui a été aperçue sur le lieu de l’attentat n’a aucune relation avec le ministère. Mohamad Abou-Sriea, l’un des deux officiers morts dans l’explosion, était le responsable de la sécurité à la prison de Wadi Al-Natroune pendant la révolution du 25 janvier au moment d'où certains cadres de la confrérie des Frères musulmans, dont l’ancien président Mohamad Morsi, et des membres du Hamas et du Hezbollah se sont enfuis. Le défunt est l’un des principaux témoins dans le procès d’évasion dans lequel est inculpé l’ancien président, ce qui suppose que cet officier était la cible de l’attentat. Et il n’est pas le premier. D’autres policiers témoins dans d’autres procès de Morsi sont également morts dans des attaques. Le groupe Ajnad Masr a revendiqué l'attentat.

Semer la chaos

Le général Hani Abdel-Latif, porte-parole du ministère de l’Intérieur, nie toute relation entre l’attentat et le procès de Morsi. « Le but de cet attentat était, comme bien d’autres avant, de semer le chaos et faire beaucoup de dégâts, car les terroristes ont attendu l’arrivée du général pour faire exploser leur bombe », a-t-il dit. La preuve, selon lui, est qu’ils ont choisi le jour de la rentrée scolaire pour faire peur aux citoyens et les pousser à ne pas envoyer leurs enfants à l’école. « Si les terroristes avaient voulu tuer un officier en particulier, il aurait été plus facile pour eux de le prendre pour cible ailleurs », a-t-il précisé. Hani Abdel-Latif pense que les terroristes voulaient envoyer un message indirect aux citoyens, à savoir que la sécurité n’est pas assurée dans le pays. « C’est un moyen de répliquer au projet de développement du Canal de Suez lancé par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, et qui a eu un grand succès », affirme-t-il. L’attentat fait suite à l’entretien effectué par l’agence Associated Press avec le président Sissi. Le chef de l’Etat y a affirmé que les Frères musulmans peuvent faire de la politique à condition de s’éloigner de la violence. Or, cet attentat est peut-être un moyen de répliquer à ces propos du chef de l’Etat. « Les terroristes voulaient sans doute embarrasser le président pendant sa visite aux Etats-Unis, mais c’est exactement le contraire qui se produira », affirme une source du ministère de l’Intérieur sous couvert de l’anonymat.

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