Adel Labib, ministre du Développement local.
Comment lutter contre la pauvreté et la misère dans les gouvernorats d’Egypte ? Telle était la principale question de la table ronde organisée par le quotidien
Al-Ahram cette semaine avec le ministre du Développement local, Adel Labib. Le ministre a longuement évoqué les moyens mis en place par son ministère pour faire face à une pauvreté croissante, surtout au sud de l’Egypte.
« Notre objectif essentiel est de limiter le phénomène de la pauvreté, ceci en accord avec les directives du président de la République. Nous avons procédé à un recensement des villages pauvres. Ils sont au nombre de 1153. D’autre villages sont actuellement en cours de recensement dans les régions de Fayoum, Louqsor, Kafr Al-Cheikh et Béheira », a précisé Adel Labib. Ces villages sont privés des services de base comme l’eau, l’électricité et autres. « Nous avons ensuite dressé une estimation du coût de ces services, afin de les introduire dans les villages. 5 villages ont été choisis. Chaque ministère sera chargé d’accomplir les travaux qui le concernent », ajoute Adel Labib.
Selon les chiffres de l’Onu, plus de la moitié de la population égyptienne vit en dessous du seuil de pauvreté. Bien que l’Egypte soit parvenue pendant plusieurs années à maintenir un taux de croissance de 5 ou 6%, les taux de pauvreté sont restés sensiblement les mêmes en raison de la mauvaise distribution des richesses. Il est question aujourd’hui d’impliquer les hommes d’affaires et les investisseurs dans la lutte contre la pauvreté. Dans ce contexte, une coopération est nécessaire entre les instances gouvernementales, la société civile et les hommes d’affaires.
Adel Labib a rappelé la récente initiative lancée par la Chambre de commerce du Caire et baptisée Eveil d’un peuple. « Cette initiative vise à converger les efforts, pour relancer le développement. L’Etat ne peut pas tout faire seul pour transformer les pauvres en force productrice, pour éliminer les zones sauvages, apporter les soins aux enfants de la rue et améliorer les conditions économiques », a dit le ministre. Pour montrer l’importance de l’effort sociétal en matière de développement, il rappelle une expérience qui a lieu il y a quelques années.
« L’épouse du président de la République à l’époque voulait qu’on fasse faire des cartes d’identité pour toutes les femmes du gouvernorat de Qéna. Le travail devait être fait en moins de 40 jours. J’étais chargé de cette mission. Après avoir procédé à un recensement, nous avons découvert qu’il y avait plus de 750000 femmes. Le problème est que nous n’avions pas le financement nécessaire. J’ai alors demandé à chaque village d’assumer le coût nécessaire pour faire les cartes d’identité nécessaires à ces habitantes, et cela a marché. Nous avons achevé le travail en 38 jours. C’était un exploit », a précisé le ministre.
Outre la pauvreté et le rôle de la société dans la lutte contre ce fléau, Adel Labib a évoqué le récent tracé des gouvernorats rétorquant à certaines critiques. « L’Egypte souffre actuellement d’une explosion démographique. Il a résulté de cette situation une injustice dans la distribution des ressources. Ainsi, certains gouvernorats sont riches et d’autres sont extrêmement pauvres. Cette situation nécessitait un changement du tracé des gouvernorats », a assuré le ministre. La population égyptienne vit actuellement sur 6 % seulement du territoire égyptien. Or, le but est d’arriver à 12%, a précisé Adel Labib. Le nouveau tracé des frontières permettra d’augmenter les investissements et d’aller plus vite en direction du développement, a conclu le ministre.
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