Les mesures de contrôle seront intensifiées autour des pylônes électriques, surtout dans les zones désertiques.
(Photo:Reuters)
Les attaques contre les pylônes électriques se sont récemment multipliées. Mercredi 30 juillet, trois personnes ont été tuées par l’explosion d’une bombe qu’elles transportaient et qui devait servir à faire exploser un pylône de haute tension dans la région Al-Saf, au gouvernorat de Guiza. L’incident n’est pas le premier du genre. Le 27 juillet, un pylône électrique dans le gouvernorat de Qalioubiya, au nord du Caire, avait lui aussi été attaqué. L’explosion, la septième d’une série de 7 attaques au mois de juillet, a provoqué la coupure de deux circuits d’une capacité de 1 300 mégawatts. Deux jours avant, une autre explosion avait endommagé un pylône électrique de 1 000 KV alimentant la région Le Caire-Noubariya, provoquant la coupure du courant électrique dans 200 villages et 80 villes. Le 23 juillet, une explosion a endommagé une tour de 220 KV à Atfih, au gouvernorat de Guiza. Le 14 juillet, le pylône de la ville du 6 Octobre avait lui aussi été attaqué. Et le 19 juillet, une bombe a été retrouvée dans le transformateur d’électricité de Talbiya, à Guiza. La liste est longue. On compte en tout une vingtaine d’attentats ces quatre derniers mois.
Depuis la destitution du président islamiste Mohamad Morsi, en juillet 2013, l’armée et la police sont les cibles privilégiées des attaques terroristes. Plus de 500 policiers et soldats ont péri dans ces attaques, menées en majorité dans le Sinaï. Parallèlement, le pays assiste à une recrudescence des attaques ciblant principalement les tribunaux, les stations du métro souterrain, et les chemins de fer. Les attaques contre les pylônes électriques constituent une nouveauté.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé l’arrestation de plusieurs personnes impliquées dans ces attaques, soulignant qu’elles sont « membres de la confrérie terroriste des Frères musulmans dont certains sont des étudiants à la faculté de polytechnique ». Les terroristes ont implanté des engins explosifs ou des bonbonnes de gaz sous les pylônes électriques, notamment dans les zones désertiques, pour rendre difficile leur détection. « Il s’agit d’une nouvelle tentative de la part d’éléments islamistes visant à semer le chaos dans la rue égyptienne. Ils changent de cibles pour épuiser les services de sécurité et prouver leur incapacité à gérer la situation », explique l’expert sécuritaire Mahmoud Qatary.
L’Egypte souffre d’une grave pénurie d’énergie, et les coupures de courant sont devenues de plus en plus fréquentes. « La répétition de ces attaques affecte négativement le réseau électrique national. La réparation d’un seul pylône nécessite de 4 à 6 semaines, et coûte un million de L.E. en cas d’endommagement total. Le montant des pertes causées par les explosions du mois de juillet s’élève à 15 millions de L.E. », souligne Gaber Al-Dessouky, président de la Société Holding de l’électricité. Tout ceci sans compter les manoeuvres effectuées pour éviter les pénuries d’électricité dans les zones touchées, en imposant des charges supplémentaires à d’autres centrales avec le risque de voir exploser ces centrales.
Opérations de professionnels
Le ministre de l’Electricité, Mohamad Chaker, a déclaré cette semaine que ces opérations terroristes sont commises par des professionnels qui savent faire la différence entre les pylônes de haute tension et ceux de moyenne ou de basse tension. « Ces déclarations doivent être prises au sérieux. Elles démontrent que le ministère est infiltré par des éléments terroristes qui cherchent à saboter le réseaux national d’électricité. Il faut mettre la main sur les coupables et trouver un plan urgent pour sécuriser les équipements électriques », ajoute Qatary.
Le gouvernement est à pied d’oeuvre pour faire face à cette vague terroriste. Une réunion d’urgence s’est tenue cette semaine en présence des ministres de la Défense, de l’Intérieur et de l’Electricité. L’Egypte compte 140 000 pylônes électriques de haute tension, dont la majorité est installée dans le désert. « Nous allons intensifier, en coopération avec les services de sécurité, les mesures de contrôle dans les zones où il y a des pylônes électriques, notamment dans les zones lointaines et désertiques. Le nombre de patrouilles effectuées par la police et l’armée sera augmenté », souligne Wissam Atef, responsable à la Société égyptienne de distribution de l’électricité. Elle ajoute que l’installation des cordons électriques autour des transformateurs et des postes d’électricité est aussi à l’étude, malgré le danger qu’ils représentent dans des zones peuplées. L’adoption de nouvelles lois plus rigoureuses pour faire face au terrorisme à l’approche des élections législatives est aussi sur l’agenda. En attendant, dans le gouvernorat de Tanta, les habitants ont trouvé la solution. Des comités populaires ont été mis en place pour garder les équipements électriques.
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