Le président Sissi et les députés français ont évoqué la question du terrorisme.
(Photo:Ahmad Fouad)
Une délégation de six députés du groupe d’amitié France-Egypte de l’Assemblée nationale française a été reçue la semaine dernière par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, le premier ministre Ibrahim Mahlab, ainsi que par les ministres des Affaires étrangères, du Commerce et de l’Industrie, et du Tourisme.
Les relations franco-égyptiennes, les questions ayant trait aux droits de l’homme, à l’indépendance de la justice, à la lutte contre le terrorisme, au développement économique ont figuré au menu de cette première visite officielle française depuis la destitution du président islamiste Mohamad Morsi, le 3 juillet 2013. De mercredi à samedi, les parlementaires français se sont également entretenus avec des responsables de partis politiques, d’ONG et des défenseurs des droits de l’homme. Samedi dernier, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a de même rencontré le président Al-Sissi, pour des discussions concernant la situation à Gaza.
Le sujet du terrorisme s’est particulièrement imposé aux pourparlers des députés avec les responsables égyptiens, à un moment où la France s’engage militairement en Afrique contre des mouvements terroristes, et où l’Egypte est confrontée à ce fléau, notamment dans le Sinaï et sur sa frontière ouest. « Nous avons eu un échange très franc et très direct avec le président Al-Sissi sur la situation en Libye, et celui-ci a reproché à la France, à l’Europe et à l’Otan de ne pas avoir terminé le travail en Libye », rapporte le président du groupe d’amitié France-Egypte, Philippe Folliot, tout en soulignant que les 1200 km de frontières communes entre l’Egypte et une Libye, aujourd’hui déstabilisée, sont un « légitime sujet d’inquiétude » pour les autorités égyptiennes. « Mais si la France est intervenue au Mali et en République Centrafricaine, elle n’a pas vocation à intervenir tout le temps partout et seule. C’est pour cela que nous, parlementaires français, nous nous félicitons du fait que l’Egypte ait décidé d’envoyer des troupes, dans le cadre du contingent des Nations-Unies au Mali… et nous l’espérons de même peut-être en République Centrafricaine », affirme-t-il.
Pour Gwendal Rouillard, député du Morbihan, l’élément le plus important est justement le partenariat France-Egypte en Afrique. « Nous avons besoin de l’Egypte sur la scène africaine, pour contribuer à une meilleure sécurité du continent africain, et pour lutter plus efficacement contre le terrorisme. Et le fait que l’Egypte soit revenue d’une certaine manière à l’Union africaine, c’est pour la France, et je pense pour les pays africains, une très bonne nouvelle », dit-il.
Rôle de « verrou »
Concernant la scène égyptienne intérieure, tout en reconnaissant l’importance de la stabilité pour que l’Egypte puisse assurer son rôle de « verrou » pour la sécurité régionale, les députés français ont transmis aux autorités égyptiennes les préoccupations des défenseurs des droits de l’homme.
« Nous ne sommes pas des donneurs de leçons, mais pour autant, nous avons dit au président comme à nos différents interlocuteurs quelles étaient nos préoccupations par rapport à un certain nombre de décisions de justice qui nuisent gravement à l’image de l’Egypte dans le monde en général et en France en particulier », dit M. Folliot. Et d’ajouter : « Quand des journalistes d’une chaîne de télévision sont condamnés, quand lors de procès-fleuves et de procès de masse plusieurs centaines de personnes sont condamnées en même temps à la peine capitale, c’est quelque chose qui nous heurte et on le leur a dit ».
Cela dit, M. Rouillard souligne que ce qu’il a pu vérifier au Caire, comme dans bien des capitales africaines ces derniers mois, « c’est la prise de conscience que la sécurité va avec le développement, et le développement va avec la sécurité… et c’est un point d’accord clair, net et précis que nous avons avec les autorités égyptiennes ».
C’est pour cela que tous les membres de la délégation se sont engagés à écrire dès la semaine prochaine aux ministres français chargés des Affaires étrangères et du Tourisme, pour leur demander que la ville de Charm Al-Cheikh ne soit plus classée en zone rouge déconseillée aux touristes, mais en zone orange où on peut aller, mais en prenant un certain nombre de précautions.
« Nous savons combien le tourisme est important et essentiel, plus particulièrement pour l’économie de la Haute-Egypte… c’est important de faire de telle sorte que nos concitoyens retrouvent le chemin de l’Egypte », dit le chef du groupe.
Ils insisteront aussi auprès des autorités françaises sur une harmonisation à l’échelle européenne en ce qui concerne l’évaluation du danger représenté par certaines destinations, « parce qu’il n’y a pas de raison pour que certaines destinations en Egypte soient plus dangereuses aux Français que d’autres Européens », conclut Philippe Folliot.
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