« Et toi tu vois quoi ? » « Je vois ce que tu vois»
(Caricature de Walid Taher dans Al-Shorouk)
« Les régimes arabes détestent le changement. Après les vagues du Printemps arabe, les peuples arabes ont encore une fois été mis devant le choix : la stabilité avec l’oppression ou l’anarchie. Les félicitations que le roi saoudien Abdallah ben Abdel-Aziz a envoyées au président égyptien par télégramme dépassent l’objectif purement diplomatique, car le roi a qualifié les événements vécus par l’Egypte d’ana rchie qui n’a rien de créatif comme l’appellent certains. Elle vise plutôt, selon lui, la perdition des pays arabes », écrit Hassan Abbass, analyste libanais sur le site rasseef 22. Et d’ajouter : « Dans un article publié dans le journal saoudien Al-Riyad sous le titre La théorie de l’anarchie créative, pourquoi les Frères musulmans ont été choisis pour l’appliquer ?, l’auteur, Dr Ali ben Hamad, avance : Aujourd’hui et plus de dix ans après l’apparition de cette théorie d’anarchie créative, les Arabes se retrouvent devant des crises intellectuelles, politiques et culturelles engendrées notamment par ce qui est appelé le Printemps arabe et par la théorie occidentale du nouveau Moyen-Orient. L’auteur dit que cette idée est impérialiste et les Frères musulmans ont été choisis par l’Occident pour la mettre en application ».
Pour Abbass, le totalitarisme arabe a peur du mot « peuple ». « Il ne fait aucun doute que les vagues du Printemps arabe ont donné lieu à des scènes horribles dont celles de fondamentalisme musulman. Mais aussi il ne fait aucun doute que le totalitarisme arabe est responsable en grande partie de la naissance de ces courants extrémistes. Mais actuellement l’équation joue relativement en faveur de ces régimes et cela requiert la recherche de stratégies pour la briser même si cela coûte un peu d’anarchie ».
L’article de Emad Adib rejoint un peu l’article ci-dessus puisqu’il se penche sur le phénomène de l’armée islamique en Iraq et au Levant (Daech) : « Il faut lire 3 événements importants qui ont eu lieu. Le 1er, la visite d’Al-Sissi en Algérie pour contrer le danger du côté des frontières libyennes, le 2e est l’entretien qui a eu lieu entre le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et ses homologues saoudien, émirati et jordanien et ce sont les pays limitrophes de la Syrie et l’Iraq. Et le 3e est l'avancée des forces de Daech à coup de canons. Nous sommes dans un tourbillon de dangers qui visent à transformer le monde arabe en Etats confessionnels ».
Le troisième article rédigé par le diplomate et romancier Ezzeddine Fecheir parle de cultures égyptiennes et rejoint également les deux précédents éditos. « Il y a trois cultures égyptiennes qui se côtoient et se combattent. La première est parfois qualifiée de libérale ou occidentale et est représentée par les jeunes de la révolution du 25 janvier, un look décontracté, une confiance en soi, un dédain à l’égard des grands et du patriarcat, un refus de toutes les constantes à tous les niveaux, une foi en la liberté absolue. La deuxième culture est celle qualifiée d’islamiste ou wahhabite et ses représentants les plus connus sont les salafistes pour qui la religion gère tout. La troisième culture est celle qualifiée par les médias de culture égyptienne traditionnelle et qui est un pot-pourri des deux précédentes cultures sans regard pour les contradictions entre les deux ». Pour l’auteur, les régimes ont tout le temps joué à masquer les contradictions entre la première et la deuxième culture en avançant par exemple que la liberté a des degrés, en s’arrogeant le droit de décider quel degré est le bon. Or, cela ne peut plus durer selon l’auteur : « Le problème est que la réalité culturelle a changé et que ces deux cultures ont de plus en plus d’adeptes chacune ». Il ajoute que depuis 2011 une bataille est engagée entre les trois cultures. « Mais ce n’est pas la première fois que l’Egypte vit une guerre culturelle », conclut-il sans prédire laquelle des trois aura le dernier mot.
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