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Sabahi cherche à rebondir

Ola Hamdi, Mardi, 03 juin 2014

Malgré sa défaite cuisante à la présidentielle, Hamdine Sabahi veut rester au centre des rangs de l'opposition. Le « courant populaire » dont il est issu va être transformé en parti politique, avec les législatives en ligne de mire.

Sabahi
Sabahi n'a pas l'intention de baisser les bras.

« Nous avons perdu l’élection présidentielle mais nous avons gagné le respect pour nous-mêmes », a déclaré Hamdine Sabahi dans un discours télévisé, à l’issu de sa défaite à l’élection présidentielle des 26, 27 et 28 mai. « Nous avons perdu une bataille, mais nous sommes confiants que nous gagnerons la guerre à la fin ».

Quel sera l’avenir du candidat malheureux Hamdine Sabahi? Si certains pensent que son score à la présidentielle (3,8% des voix) n’augure d’aucun avenir politique, d’autres, au contraire, pensent qu’il peut jouer un rôle central sur l’échiquier politique au cours des prochaines années.

En tout cas, l’ex-candidat n’a pas l’intention de baisser les bras. Son équipe électorale a annoncé dimanche dernier que le courant populaire, le mouvement dont est issu Sabahi, va se transformer dans les prochains jours en parti politique, en vue de participer aux élections parlementaires.

Le nouveau parti, baptisé Parti du courant populaire égyptien, disputera les prochaines législatives au sein d’une coalition avec 5 autres partis politiques, à savoir l’Alliance populaire socialiste, le parti Al-Dostour (la Constitution), le parti Al-Adl (la justice), le parti de Misr Al-Horra (l’Egypte libre) et le parti d’Al-Karama (la dignité). « Nous allons prendre les mesures nécessaires pour créer notre parti, établir son règlement interne, déterminer les noms des membres fondateurs ainsi que les sources de financement », explique Ahmad Hanafi, membre de la campagne de Sabahi.

Il ajoute que le nouveau parti se basera sur le programme électoral de Sabahi, et ses principaux objectifs seront ceux du courant populaire créé en 2012. « Le nouveau parti dépendra beaucoup des jeunes », ajoute Hanafi, en expliquant que le parti sera différent de celui d’Al-Karama, fondé par Hamdine Sabahi dans les années 1996.

Sabahi avait reconnu sa défaite à l’issu du scrutin des 26, 27 et 28 mai, affirmant qu’il respectait la volonté du peuple, même s’il a des doutes sur le taux de participation officiel, de 47% environ, un chiffre qu’il conteste.

Entré en politique dans sa jeunesse, Hamdine Sabahi est l’homme de terrain, qui s’oppose frontalement au virage libéral pris par Anouar Al-Sadate, puis au régime de Hosni Moubarak, qui le fera emprisonner à 17 reprises. Sous Moubarak, il est élu député à plusieurs reprises sous l’étiquette « indépendant ». Militant de gauche, il souscrit au nassérisme et lance son projet du parti d’Al-Karama (la dignité) en 1996.

Après la révolution du 25 janvier, il se pose comme l’une des figures de proue de l’opposition. Arrivé 3e de l’élection présidentielle de 2012 derrière Mohamad Morsi et Ahmad Chafiq, il intègre rapidement l’opposition au régime islamiste des Frères musulmans et soutient le mouvement Tamarrod, qui a lancé la contestation contre Mohamad Morsi. Il est aussi le co-fondateur du Front national du salut, une coalition de mouvements et de partis politiques opposés à la confrérie. Le 3 juillet 2013, Sabahi soutient la destitution de Morsi.

S’il n’a pas gagné le poste de président, il peut peut-être gagner celui de chef de l’opposition. C’est en tous cas ce qu’affirme son directeur de campagne, Hossam Moanis. Réda Mohamad Hilal, professeur de sciences politiques à l’Université du 6 Octobre, analyse : « Sabahi a basé sa campagne sur le rejet de l’intervention de l’armée dans la vie politique, favorisant un régime civil, libre et démocratique. Il exprime de ce fait des idées qui sont répandues parmi une catégorie de la population, notamment les jeunes. Il peut se poser comme le chef de file de ce mouvement, surtout que l’Egypte a besoin d’une opposition active ».

En fondant ce nouveau parti politique, Sabahi veut surtout envoyer un message à ces partisans, pour dire qu’il est toujours là, explique pour sa part le politologue Moetaz Abdel-Fattah. « Sabahi ne veut pas recommencer la même erreur qu’en 2012. Il avait obtenu 4 millions et demi voix à la présidentielle, mais cette masse électorale est restée sans organe politique pour la représenter. Avec sa nouvelle formation, Sabahi se prépare pour les prochaines législatives et les élections municipales », poursuit-il.

Il ajoute que « Sabahi veut rester numéro un dans l’équation politique en Egypte. Un objectif difficile à réaliser, étant donné la popularité de Sissi et le grand nombre de ses partisans. Cette popularité ne se dissipera pas rapidement », estime Moetaz Abdel-Fattah. Les prochains mois en diront peut-être plus sur l’avenir politique de Sabahi.

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