Al-Ahram Hebdo : Parlons en premier des pensions de retraites. L’Etat avait décidé d’investir les fonds des assurances sociales dans des projets. Entend-t-il restituer ces fonds ?
Ghada Wali: J’ai tenu dès mon arrivée au ministère à accorder un intérêt particulier au dossier des retraites. D’ailleurs, au début, j’ai refusé de faire des déclarations sur ce dossier, en attendant que les choses soient plus claires. Nous avons voulu être méticuleux et nous avons annoncé les chiffres exactes, concernant les cotisations sociales. Les sommes que le ministère des Finances doit aux retraites s’élèvent à 162 milliards de L.E. alors qu’environ 68 millions de L.E. se trouvent auprès de la Banque de l’investissement. Pendant les négociations avec le ministère des Finances, nous sommes parvenus à un accord selon lequel le ministère verse sur 3 ans 20 milliards de L.E. du total de la dette. A condition que le reste de la somme soit remboursé sur 10 ans avec un taux d’intérêt de 9%. C’est un pas en avant. C’est une bonne nouvelle pour les retraités, même si le taux d’intérêt fait encore objet de divergences. D’ailleurs, nos collègues aux assurances ont étudié trois alternatives pour calculer le taux d’intérêt.
— Y a-t-il des négociations en cours à propos des fonds qui se trouvent auprès de la Banque nationale d’investissement ? — En effet, nous obtenons 300 millions de L.E. chaque mois de la Banque nationale d’investissement et des négociations sont en cours pour doubler cette somme, parce que nous avons besoin d’augmenter les ressources financières afin de couvrir les besoins des retraités et tenir nos engagements. Quant au remboursement de la totalité de la dette de la Banque d’investissement envers les assurances sociales, elle fait actuellement l’objet de négociations. L’Egypte traverse une période critique et nous devons tous être patients. Le gouvernement fait de son mieux pour tenir ses engagements.
— Certains affirment pourtant que le problème des fonds de retraite est loin d’être réglé. Les retraités envisageraient d’organiser un sit-in pour protester contre cette situation. Qu’en pensez-vous ?
— En réalité, dès que j’ai pris mes fonctions de ministre, j’ai tenu à rencontrer les retraités, et effectivement j’ai eu l’occasion de voir un grand nombre d’entre eux, représentants différentes tendances et courants. J’ai tenu à leur exprimer mon intention de préserver les fonds des assurances. Leurs demandes seront satisfaites et nous avons effectivement commencé à choisir un nouveau conseil d’administration à l’Organisme général des assurances sociales, au sein duquel il y aura des représentants des retraités. Le Conseil d’administration avec sa nouvelle configuration sera annoncé prochainement.
— Les retraités veulent que la retraite minimum soit équivalente à 80% du salaire minimum. Qu’en pensez-vous ?
— Personnellement, je sympathise énormément avec les retraités et ce qu’ils ressentent. Mais de nombreux facteurs interviennent dans la détermination de ce montant. Nous sommes en train d’étudier les différentes propositions émanant des retraités eux-mêmes et des experts en assurance sociale et des tentatives sérieuses sont déployées en vue de procurer les ressources nécessaires pour répondre à ces demandes.
— Certains affirment que le gouvernement a financé avec les fonds des assurances certains projets, et a utilisé ces fonds pour payer le salaire minimum. Est-ce vrai ?
— Ces propos sont incorrects. Le gouvernement dispose de son propre budget. Pas une seule piastre n’a été retranchée aux fonds des assurances. J’assure que les fonds des retraités sont en sécurité auprès de la Banque d’investissement nationale. Leur montant est de 68 milliards de L.E. et non pas de 86 milliards et ceci après révision exacte.
— On parle d’une nouvelle loi sur les Assurances sociales...
— Un comité a effectivement été formé afin de formuler un nouveau projet de loi sur les assurances sociales garantissant les droits des retraités. Ce projet sera conçu sur des bases économiques qui visent à assurer la sécurité des fonds des assurances.
— On parle aussi d’une nouvelle loi sur les ONG...
— Nous devons promulguer une loi qui protège la société civile et réalise l’intérêt du pays. J’ai reçu beaucoup de plaintes au sujet des ONG. Nous avons formé un comité représentant toutes les parties (ONG, experts juridiques et représentants du ministère). Le comité formulera un projet de loi qui réalise les aspirations de la société civile en conformité avec la nouvelle Constitution. Ce projet sera dans une étape ultérieure présentée au conseil des ministres pour approbation. — La question du financement étranger des ONG a soulevé d’innombrables polémiques. Certains affirment que ce financement répond à des agendas politiques et sert les intérêts de certaines tendances politiques...
— Jusqu’à ce qu’une nouvelle loi voie le jour, nous travaillons en fonction de la loi n°84 sur les ONG. J’affirme que tout financement étranger est placé sous le contrôle méticuleux du ministère. Nous n’autoriserons que le financement destiné à servir le développement et les intérêts du pays. Nous avons autorisé 66 associations à recevoir des dons et des fonds étrangers estimés à 114 millions de L.E. depuis le mois de mars dernier.
— Avez-vous un plan pour les jeunes ?
— J’ai tenu à rendre visite à Port-Saïd pour voir de près l’un des projets financé par le fonds de la lutte contre la toxicomanie auquel ont participé environ 300 jeunes. J’ai été heureuse de voir leur expérience qui s’étend à 50 écoles. Ils ont bien travaillé pour sensibiliser les jeunes. Le ministère soutiendra le fonds dans le cadre du plan national de la lutte contre la toxicomanie qui vise à transformer les écoles en un environnement orienté vers la lutte contre la toxicomanie et à apporter le soutien aux bénévoles du fonds dans tous les gouvernorats.
Lien court: