Le président Abdel Fattah Al-Sissi s’est rendu le 11 novembre à Riyad, en Arabie saoudite, pour participer au Sommet arabo-islamique extraordinaire. Cette réunion, considérée comme le prolongement du Sommet arabo-islamique tenu également à Riyad au mois de novembre l’année dernière, selon un communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères, a abordé les moyens de mettre fin aux crimes israéliens à Gaza et au Liban.

« Ce sommet se tient alors que la région fait face à une situation complexe, et alors que les agressions israéliennes se poursuivent dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et au Liban. L’avenir de la région et du monde se trouve à la croisée des chemins, et les agressions inacceptables dans les territoires palestiniens et libanais mettent le système international à l’épreuve », a déclaré le président Al-Sissi dans son allocution.

Le chef de l’Etat a fermement condamné les assassinats systématiques ciblant les civils dans la bande de Gaza. « Nous nous défendrons contre les plans visant à liquider la cause palestinienne, que ce soit par la déportation des populations civiles ou par la transformation de Gaza en un lieu invivable, et c’est ce que nous n’accepterons pas en toutes circonstances ».

Il a ajouté que l’établissement de l’Etat palestinien indépendant sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, restera la seule voie pour réaliser la sécurité et la stabilité, et de passer d’un système régional basé sur l’inimitié à un autre basé sur la paix et le développement.

Le président a aussi critiqué « le silence honteux et la flagrante incapacité de la communauté internationale à accomplir le minimum de ses devoirs face à cette menace grave à la paix et à la sécurité internationales », ajoutant que « les peuples arabes et islamiques et ceux qui ont une conscience libre dans le monde s’interrogent sur l’utilité de chaque discours sur la justice et l’équité alors que l’effusion de sang continue à Gaza et au Liban, et que des enfants, des femmes et des personnes âgées sont tués chaque jour ».

Il a également réaffirmé l’engagement de l’Egypte à poursuivre son soutien au peuple libanais, afin de renforcer la résilience des institutions de l’Etat libanais, en particulier l’armée libanaise, de mettre fin à l’agression et à la destruction subies par le pays et d’intensifier les efforts en vue d’un cessez-le-feu immédiat et de l’application complète et non sélective de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité.

Des mots forts et directs

Analysant le discours du président Al-Sissi, Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, explique que les mots du président sont forts et directs. Le chef de l’Etat a rappelé les fondements de la position égyptienne dans le dossier palestinien dans son ensemble et pas seulement à Gaza, à savoir les lignes du 4 juin 1967 et Jérusalem-Est comme capitale de l’Etat palestinien, ainsi que la résolution 1701 sur le cessez-le-feu au Liban.

Le politologue rappelle que le président a catégoriquement rejeté toute liquidation de la cause palestinienne, que ce soit à travers la déportation des Palestiniens de la bande de Gaza ou la transformation de Gaza en un lieu invivable. « A travers ces messages, l’Egypte réaffirme son refus de tout projet visant à modifier la dimension démographique sur le terrain. L’Egypte n’acceptera aucun de ces scénarios », explique Fahmy, avant d’ajouter que ces messages sont adressés à la fois à Israël et aux administrations américaines, actuelle et future.

« Le message du président est clair. L’Egypte insiste sur le rejet de tous les projets actuellement mis en avant et qui proposent de fournir des facilités aux Palestiniens pour qu’ils quittent leurs terres. C’est un point important et dangereux sur lequel le président a insisté, car s’ils quittent leur terre, ils n’y reviendront pas. Il s’agit d’un plan dont l’Egypte est parfaitement consciente », souligne Fahmy.

A la fin de son discours, le président s’est adressé non seulement aux peuples arabes et islamiques, mais également aux dirigeants et aux peuples du monde entier, affirmant que « l’Egypte, qui a assumé la responsabilité de la paix dans la région et l’a maintenue malgré les défis, reste attachée à cette paix en tant que choix stratégique et unique pour la région. Il s’agit d‘une paix fondée sur la justice, la restitution des droits légitimes et le respect total du droit international ».

« Malgré la cruauté de la scène actuelle, nous restons attachés à l’espoir et convaincus que la chance est encore là pour sauver notre région et le monde, et bâtir un avenir digne des prochaines générations », a conclu le président.