L'attentat à la bombe des services de police de Mansoura le 25 décembre dernier. (Photo : AP)
Le premier ministre, Ibrahim Mahlab, a décidé «
d’appliquer » le verdict du 24 février du tribunal des référés du Caire de déclarer la confrérie des Frères musulmans «
une organisation terroriste ».
Dorénavant, toute personne impliquée dans les activités des Frères musulmans ou prenant part à la promotion verbale, écrite ou de toute autre forme du groupe encourt les peines prévues par la loi pour terrorisme. Parallèlement, le gouvernement égyptien s’engage à protéger les établissements publics, et à assurer la sécurité des étudiants dans les universités contre « le terrorisme de la confrérie ».
Cette décision fait suite à une réunion tenue par le gouvernement après l’attaque terroriste du 2 avril à proximité de l’Université du Caire qui a fait 1 mort, un officier de police. Le gouvernement avait alors décidé de modifier certaines clauses du code de procédures pénales, de durcir les sanctions des crimes terroristes et de donner à la police des pouvoirs supplémentaires. Face à la décision du gouvernement, la confrérie dénonce une « injustice ».
« Le gouvernement veut terroriser les Frères musulmans, mais le peuple égyptien libre ne sera pas intimidé par cette décision, et il ne renoncera pas à la liberté et à la dignité », affirme la confrérie dans un communiqué publié au lendemain de la décision gouvernementale.
La confrérie ajoute: « Nous sommes avec la vérité, la justice et la liberté. Le gouvernement dit des choses qui vont à l’encontre de la vérité ».
L’Etat avait officiellement déclaré la confrérie des Frères musulmans organisation terroriste le 25 décembre dernier, deux jours après un attentat à la bombe prenant pour cible les services de police de Mansoura dans le gouvernorat de Daqahliya, faisant des dizaines de morts et de blessés parmi les policiers.
C’était avant le verdict du mois de février. Mais le gouvernement projette à présent de mettre en place un mécanisme d’application de ce verdict à travers des décrets. Abdel-Aziz Hégazi, ancien premier ministre, pense que la décision du gouvernement est « juste » et devait même intervenir depuis longtemps, surtout avec la vague terroriste actuelle. « Ce qui est important maintenant c’est la mise en oeuvre de ce verdict à travers des lois. L’Etat doit être ferme et appliquer ces lois », ajoute Hégazi.
Ahmad Darrag, dirigeant de l’Association nationale pour le changement, affirme pour sa part que cette décision a trop tardé. « Le relâchement du gouvernement de Beblawy à appliquer ce verdict est la cause qui a fait que les Frères musulmans ont continué à commettre des actes de violence. Il était nécessaire d'appliquer des sanctions dissuasives ». La décision du gouvernement intervient à quelques semaines de l’élection présidentielle. Il s’agirait a priori d’une tentative d’intimidation des Frères à l’approche du scrutin. Depuis quelques semaines, les Frères multiplient les manifestations, notamment dans les universités, et les actes de violences. Or, il est probable qu’ils procèdent à une escalade à l’approche des élections.
« C’est une décision politique », souligne Ahmed Ban, chercheur spécialiste des mouvements islamistes. « Cette décision ne résoudra pas la crise avec les Frères. Ces derniers vont s’en servir pour se poser en victimes devant le monde et délivrer un message qu’ils sont persécutés », explique-t-il.
Lien court: