Le président Abdel Fattah Al-Sissi a assisté au lancement de la deuxième édition de la Conférence mondiale sur la santé, la population et le développement humain, qui se tient du 21 octobre au 2 novembre au Caire. Cette rencontre, à laquelle participent des ministres, des hommes d’affaires, des politiciens, des députés, des scientistes, des experts et des chercheurs, a pour objectif d’engager un dialogue sur les efforts déployés par l’Egypte dans les domaines de la santé, de la population et du développement humain, ainsi que sur les défis persistants liés à ces domaines, afin d’améliorer le bien-être des citoyens et de leur assurer une vie meilleure.

Lors de la session d’ouverture, Al-Sissi a évoqué les efforts de l’Etat pour construire le pays. « Nous sommes sortis des événements de 2011 avec une situation économique difficile. Le pays était en proie au chaos et à l’instabilité sécuritaire en raison du terrorisme. Les défis à l’époque ne laissaient prévoir aucune solution, mais cela n’a pas été le cas », a affirmé le président.

Dans le domaine de la santé, le président a salué les efforts de l’Egypte pour lutter contre l’hépatite C. « Nous avons réussi à éradiquer l’hépatite C alors que l’Egypte était l’un des pays qui comptaient le plus grand nombre de malades au monde. Malgré les énormes défis économiques auxquels est confronté l’Etat égyptien, nos objectifs sont clairs et nous ne dévierons jamais de ces objectifs », a ajouté Al-Sissi.

Il a souligné en outre que « l’Egypte a un taux de chômage de 6,5 % malgré une croissance démographique galopante ». En 2014, le taux de chômage était de 13 %, a rappelé le président.

De son côté, le vice-premier ministre et ministre de la Santé et de la Population, Khaled Abdel-Ghaffar, a déclaré que « cette deuxième édition a lieu 30 ans après la Conférence internationale sur la population, qui avait eu lieu au Caire en 1994, et qu’elle s’inscrit dans le cadre des défis auxquels le monde est confronté depuis trois décennies et des engagements pris pour réaliser les Objectifs de développement durable des Nations-Unies. Elle vise à proposer de nouvelles approches pour faire face à l’explosion démographique à la lumière des changements successifs ».

Il a également souligné que cette conférence et l’initiative « Nouveau départ pour le développement humain » sont les deux principaux piliers de la stratégie globale de l’Egypte pour le développement humain et l’amélioration des caractéristiques de la population, conformément à la Vision 2030 de l’Egypte et aux résultats du Dialogue national.

Promouvoir la santé

Le ministre de la Santé a affirmé que le gouvernement vise à promouvoir les services médicaux et s’apprête à mettre en oeuvre « la stratégie nationale pour la promotion de la santé 2030 », qui comprend sept axes importants visant à fournir des services médicaux de qualité, soulignant qu’elle sera mise en oeuvre progressivement.

Le président de l’ordre des Médecins, Ossama Abdel-Hay, a, pour sa part, expliqué que l’ordre coopère avec le ministère et qu’une grande partie de la stratégie sera mise en oeuvre par les médecins, qu’il s’agisse de la partie professionnelle ou administrative, soulignant que la formation est très importante pour augmenter l’efficacité des médecins. Un objectif qui est également soutenu par la stratégie.

La directrice régionale de l’OMS pour le Moyen-Orient, Dr Hanan Hassan El Balkhy, a remis au ministère de la Santé le certificat de l’exemption du paludisme en Egypte. Un accomplissement que l’Egypte a réussi à réaliser après l’éradication de l’hépatite C.

Explosion démographique, le grand défi

Concernant la population, Abdel-Ghaffar a déclaré qu’elle augmente à raison de 250 000 personnes tous les 72 jours, précisant que le nombre de naissances a diminué de 149 000 en 2023 par rapport à 2022. « Le taux de natalité en Egypte est tombé à 2,5 enfants par femme. Le ministère a pour objectif d’atteindre un taux de 2,1 d’ici 2030 », a affirmé Abdel-Ghaffar.

La conférence a également abordé la mise en oeuvre de la décentralisation en Egypte, qu’elle soit administrative, financière ou économique, et la manière de rendre les communautés locales plus habiles à améliorer les services et le développement humain.

Elle a examiné de même des exemples d’initiatives locales réussies dans les gouvernorats de Qéna et du Fayoum en application de cette stratégie. « Les pays qui ont réussi à l’échelle mondiale sont ceux qui ont adopté l’approche de la décentralisation », a affirmé Abdel-Ghaffar, expliquant que la concurrence entre les gouvernorats se reflétera sur le progrès économique du pays.

Développement humain

La conférence se tient à un moment où le gouvernement formule une nouvelle vision qui place le développement humain au premier rang de ses priorités, a affirmé de son côté la ministre de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale, Rania Al-Mashat, par vidéoconférence. Elle a affirmé que l’initiative présidentielle « Bedaya » représente un nouveau départ dans les efforts entrepris par le gouvernement pour accroître l’investissement dans le capital humain et réaliser un véritable développement humain, à travers des initiatives et des efforts entrepris par différents ministères.

A cet égard, affirme-t-elle, le ministère s’efforce de dégager des fonds, tant au niveau local que par le biais de financements extérieurs, pour soutenir le secteur du développement humain. Ainsi 118 milliards de L.E. ont été alloués au secteur du développement humain dans le plan de l’exercice 2024-2025, a expliqué Al-Mashat.

En termes de financement externe, le portefeuille de la coopération internationale pour soutenir le secteur du développement humain s’élève à environ 7 milliards de dollars, par le biais de financements concessionnels, de soutien technique, de subventions et de conversions de dettes.

Elle a souligné que le ministère plaçait le développement humain au centre de la coopération avec les partenaires internationaux, tels que les Nations-Unies, le Groupe de la Banque mondiale, l’Union européenne, les Etats-Unis, la Chine et d’autres partenaires bilatéraux et multilatéraux, en insistant sur le fait que le développement économique ne peut être atteint que par la promotion du développement humain.

La ministre a expliqué en outre que l’Indice national de pauvreté multidimensionnelle serait lancé et utilisé pour orienter les stratégies de réduction des taux de pauvreté.

Nouvelle vision

L’expert en études démographiques et migratoires Aymen Zohry explique que cette conférence se focalise sur le concept de développement humain et s’aligne sur l’initiative « Bedaya ». « Cette conférence essaye de réaliser un équilibre entre la santé et l’éducation », explique Zohry. Et d’ajouter que « le développement humain n’est pas seulement l’éducation, mais aussi la formation et la sensibilisation pour suivre le rythme d’un monde en évolution rapide ».

Concernant la lutte contre l’explosion démographique, Zohry affirme que l’Etat a élaboré une stratégie 2023-2030 visant à réduire le taux de fécondité à 2,1 par femme (le taux actuel est de 2,8). « Nous devons mettre en oeuvre ce plan parallèlement au développement humain, car l’éducation seule ne suffit pas pour que les femmes prennent conscience de l’importance du planning familial, mais la sensibilisation joue un rôle majeur dans la mise en oeuvre de ce plan », affirme-t-il.

Concernant le secteur de la santé, l’expert explique que le gouvernement est incapable de fournir des services de santé adéquats aux citoyens en raison des conditions économiques. Cependant, pour contrer ce manque, l’Etat tente de compenser cette déficience à travers diverses initiatives, comme celle du dépistage de l’hépatite C ou encore la campagne 100 millions de citoyens en bonne santé qui vise à contrôler le danger de maladies chroniques telles que l’hypertension et le diabète.