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Egypte-Turquie : Une nouvelle force régionale

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mercredi, 11 septembre 2024

Outre l’essor que devrait connaître la coopération bilatérale, le rapprochement égypto-turc entraînera de nouvelles équations dans la région basées sur les intérêts communs.Explications.

Egypte-Turquie : Une nouvelle force régionale
(Photo : AFP)

La visite du président Abdel Fattah Al-Sissi en Turquie le 4 septembre et sa rencontre avec le président Recep Tayyip Erdogan ont suscité des interrogations sur l’impact du rapprochement égypto-turc sur la résolution des crises dans la région et sur la promotion des relations bilatérales, notamment dans le cadre du lancement de la première réunion du « Conseil de coopération stratégique » entre les deux pays.

Les experts estiment que le rapprochement égypto-turc permettra de réaliser une percée dans un certain nombre de dossiers régionaux. Le président Sissi a décrit cette visite comme « reflétant la volonté commune d’entamer une nouvelle phase d’amitié et de coopération entre l’Egypte et la Turquie, sur la base de leur rôle central dans leur environnement régional et international ». Les entretiens entre les deux leaders ont reflété une convergence de vues sur les questions régionales, en particulier la situation à Gaza et les violations israéliennes des droits des Palestiniens. La réunion du Conseil de coopération stratégique, présidée par les deux présidents, a également discuté de la coopération entre les deux pays sur six dossiers arabes d’intérêt mutuel, à commencer par « la situation à Gaza, la guerre au Soudan, la tension en Somalie, la situation en Libye, en Syrie et en Iraq », selon la déclaration conjointe publiée à l’issue de la réunion.

Le président turc a, de son côté, déclaré que « la coopération entre son pays et l’Egypte et leur contribution à la paix et à la stabilité dans la région sont très nécessaires ». « Les positions des deux pays sur les questions régionales sont identiques », a-t-il déclaré, notant que « la visite du président égyptien contribuera à renforcer et à approfondir les consultations en cours ».

Revenant sur l’impact du rapprochement égypto-turc sur la région et sur les relations bilatérales entre les deux pays, le professeur de sciences politiques à l’Université du Caire Tarek Fahmy explique que « le principal moteur pour les deux pays est de parvenir à des intérêts communs et à une coordination pour servir les priorités de chaque partie ». La normalisation entre Le Caire et Ankara « entraînera de nouvelles équations dans la région basées sur l’idée d’intérêts communs. De nouvelles équations vont se former dans la région entre trois grandes puissances : l’Egypte, la Turquie et l’Iran, et les stratégies pour la période à venir seront construites sur ces puissances », a-t-il ajouté.

C’est ce qui a été confirmé par les propos du président égyptien lors de sa rencontre avec son homologue turc. Le président Sissi a souligné « la concordance des positions de l’Egypte et de la Turquie pour exiger un cessez-le-feu immédiat à Gaza, rejeter l’escalade israélienne actuelle en Cisjordanie et appeler à une voie pour réaliser les aspirations du peuple palestinien à établir son Etat indépendant sur les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux résolutions pertinentes de la légitimité internationale ».

17 mémorandums d’accord

Sur un autre volet, Fahmy explique l’importance d’élever le niveau des relations entre Le Caire et Ankara à un dialogue stratégique, ce qui, selon lui, « permettra de réaliser un saut qualitatif dans un certain nombre de dossiers bilatéraux d’intérêt commun, y compris la coopération en Méditerranée orientale et la situation en Libye et dans la Corne de l’Afrique », a-t-il déclaré.

Le Conseil de coopération stratégique a également été une occasion pour les deux pays de signer 17 mémorandums d’accord dans les domaines de la finance, de l’environnement, de l’urbanisme, de la santé, de l’énergie, des affaires, de l’agriculture, de l’aviation civile, des technologies de l’information et des télécommunications, de l’enseignement supérieur, du travail, de l’emploi, de la coopération et du renforcement des capacités, des chemins de fer, de la politique de concurrence et de la coopération entre les académies diplomatiques. Les deux parties ont décidé, dans le cadre de ces accords, d’intensifier leurs efforts conjoints afin de diversifier et d’approfondir la coopération multidimensionnelle. Les deux pays ont exprimé leur désir d’augmenter le volume du commerce bilatéral à 15 milliards de dollars par an en continuant à renforcer les relations économiques et commerciales et en exploitant les potentiels existants.

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