Au milieu du brouillard, seule l’institution militaire brille dans la presse avec l’annonce en grande pompe du « premier programme médical pour diagnostiquer et traiter l’hépatite C et le sida, et l’ouverture d’une faculté de médecine qui est la première institution du genre au sein des forces armées », rapporte le quotidien Al-Shorouk.
Le porte-parole des forces armées a ajouté que la recherche au sein de l’institution a également réussi à découvrir un dispositif capable de détecter le virus de la grippe porcine qui a fait ses preuves avec un taux de plus de 90 %. « La volonté de Dieu a fait que les forces armées égyptiennes ont pu réaliser cette prouesse pour alléger les souffrances des Egyptiens … ».
Mis à part cette information, la semaine a témoigné d’un développement de taille : les coupures d’électricité qui ont entaché le règne de Mohamad Morsi et des Frères musulmans ont repris de plus belle.
« Les coupures d’électricité sont revenues et Le Caire, Guiza et beaucoup d’autres gouvernorats vivent dans le noir des heures durant, au moment où le ministère de l’Electricité demeure incapable de prendre les mesures adéquates, d’autant plus que nous sommes encore en hiver, ce qui augure d’une prochaine catastrophe en été. Nous retournerons ainsi à l’âge de la lampe à gaz et de la bougie. Une source du secteur de la gestion de l’électricité explique que le délestage est dû à la fermeture de la centrale d’Abou-Qir, qui a fait perdre au réseau 1 300 mégawatts. Mais il y a, selon lui, d’autres facteurs, comme le manque aigu en gaz. Ce sont les provinces qui sont les plus touchées avec des coupures de plus de 3 heures. Et la colère gronde au rythme des pertes et du manque à gagner, et plusieurs commerçants, dont les boulangers, ont eu recours aux générateurs qui fonctionnent au gasoil », écrit le site en ligne Al-Dostour.
Lundi, tous les journaux et sites d’informations en ligne affichaient sur le fil d’actualité que la direction routière avait même fermé le tunnel d’Al-Azhar au Caire dès 8h du matin, pour raison de coupures d’électricité. Il n’aura fallu que quelques heures pour que ce fil d’actualité affiche une autre information, aussi soudaine qu’incompréhensible, alors que l’Egypte est censée se préparer dans le flou le plus total à l'élection présidentielle : « Le gouvernement Beblawy présente sa démission ».
Et c’est toute l’Egypte qui se retrouve dans le brouillard. Les solutions politiques et socioéconomiques sont quasi absentes et, face à la grève des ouvriers des transports publics, le général Hicham Attiya, président de la Société des transports publics, déclare sa solution à Al-Shorouk : « La grève a une forte incidence sur les citoyens et, dans le cas de sa poursuite, les forces de l’armée vont mettre sur les routes leurs propres autobus, pour sauver la situation ». De la lutte contre le virus de l’hépatite C aux transports en commun, il semble que la léthargie ait gagné tous les appareils de l’Etat et que les forces armées soient de plus en plus sollicitées.
Dans un entretien réalisé par le site d’informations en ligne, Mada Masr, le professeur de sciences politiques, Joshua Stacher, de la Kent State University, dit : « Je crois qu’Al-Sissi a des options limitées et paraît comme le magicien d’Oz. Il y a une multitude de choses qui doivent être construites actuellement alors que les gens le voient comme un symbole capable de tout réaliser. Les autres institutions de l’Etat regardent ce qui se passe devant elles. Elles ne reçoivent pas leurs directives directement de l’armée, mais observent la direction du vent et tentent de marcher dans le même sens … ».
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