« 500 milliards de L.E. sont le budget alloué par le gouvernement aux deux premières phases de l’initiative présidentielle Hayah Karima (vie décente) », a affirmé le ministre des Finances, Ahmed Kouchouk, lors de sa première conférence de presse, le 6 août, après la prise de ses fonctions. Il a consacré une grande partie de son discours à cette initiative, considérée comme l’une des plus importantes de l’histoire de l’Egypte en matière de protection sociale.
Il a souligné que la priorité du ministère était d’améliorer les services pour les populations les plus démunies qui ont trop souffert. « Nous déploierons tous nos efforts pour maximiser les ressources, afin de créer un surplus financier suffisant pour le consacrer aux domaines du développement humain dans l’intérêt des citoyens », a ajouté Kouchouk, précisant que des mesures « plus efficaces » pour soutenir les citoyens, dont un éventuel élargissement du programme Hayah Karima, seront bientôt appliquées.
La première étape du projet concerne les villages les plus nécessiteux et les plus pauvres (1 500 villages) et vise à améliorer le niveau de vie de près d’un million et demi de citoyens vivant dans ces zones. Vient ensuite la deuxième étape, qui inclut les villages moins nécessiteux. Ainsi, la deuxième phase de Hayah Karima cible le développement de 1 667 villages répartis dans 20 gouvernorats au cours de l’année 2024-2025, dont notamment Kafr Al-Cheikh, Béheira, Ménoufiya, Minya, Béni-Soueif, Guiza, Qalioubiya, Qéna, Sohag, Louqsor et d’autres. Les objectifs de cette phase, comme pour la première, consistent à améliorer l’habitat et l’infrastructure des villages.
Doublement du budget
L’initiative Hayah Karima représente le plus grand projet national, composé de trois phases. La première phase, explique Bosayna Mostapha, porte-parole de l’initiative, est actuellement achevée à 80 %. « Les 20 % restants seront terminés dans les prochains mois pour atteindre tous les objectifs annoncés ». Elle ajoute que « les dernières étapes de la première phase ne retarderont pas les activités de la deuxième phase et se poursuivront en parallèle ». Selon elle, le démarrage effectif de la deuxième phase n’a pas encore été officiellement lancé. La fondation, en coopération avec les ministères concernés et les gouverneurs des zones visées, est actuellement en train de préparer les études de faisabilité de son plan d’action.
La porte-parole explique que la deuxième phase concentrera les dépenses sur les investissements et le développement des zones rurales marginalisées depuis longtemps. « Notre plan est de les mettre au même niveau que les villes modernes en termes de développement et d’infrastructure », assure Mostapha. Elle précise que le budget consacré à cette deuxième phase est presque le double de celui consacré à la première, ce qui, selon elle, reflète « l’importance des projets prévus dans cette phase ».
En effet, comme l’ont révélé les responsables, la deuxième phase se concentrera notamment sur l’extension et le renforcement des réseaux d’eau potable et des réseaux de drainage sanitaire dans les villages visés, à travers la mise en place de 18 stations avec 315 000 branchements. Concernant le secteur de l’éducation, la deuxième phase vise à développer et à créer 4 115 écoles et plus de 12 500 classes. La construction de 55 hôpitaux centraux, de 854 unités sanitaires et de 493 points d’ambulance figure également parmi les objectifs de cette phase. La deuxième phase accorde également une grande importance au secteur de la jeunesse et du sport, avec la création et le développement d’environ 1 584 centres de jeunesse. 4,6 millions d’unités de logement seront également équipées de réseaux de fibre optique pour assurer leur développement technologique. Les routes principales et internes des villages seront pavées et leur infrastructure renouvelée. Le développement agricole ne sera pas négligé, avec un objectif de revêtement et de réhabilitation de 1 654 km de canaux d’irrigation et d’équipement de plus de 4 millions de logements en gaz naturel.
Lors d’une déclaration récente, le premier ministre, Mostafa Madbouly, a affirmé que la deuxième phase contribuerait à résoudre les problèmes dans le secteur du drainage sanitaire et de l’eau potable, représentant environ 57 % du coût de cette phase, et dans le secteur de la santé, avec environ 10 %, tout en visant à porter le pourcentage de couverture de drainage sanitaire dans les zones rurales à 80 %.
Un lourd fardeau
L’économiste et spécialiste du développement de l’infrastructure Ahmed Abou-Ali explique que le doublement du montant alloué à la deuxième phase indique « l’importance du plan de développement de cette phase, notamment au niveau de l’infrastructure et des services de base, tels que la réhabilitation des routes, des systèmes de drainage sanitaire, des réseaux d’eau potable et des infrastructures électriques ». Il précise que l’Etat a réussi, au cours de la première phase de ce projet, à réaliser un bond important et sans précédent en termes de développement, en améliorant le niveau de vie de près de 18 millions de citoyens dans ces villages.
« Il s’agit d’un fardeau très lourd et d’un défi majeur que l’Etat tente de surmonter. Il convient de noter qu’en 2019, avec le lancement de cette initiative, l’Etat avait alloué 300 milliards de L.E. pour la réalisation des trois phases du projet. Mais en raison de l’inflation, ce budget a presque doublé », explique Abou-Ali, ajoutant que « le coût des trois phases pourrait atteindre entre 800 milliards et 1 000 milliards de L.E. en raison de l’inflation ».
Ce projet gigantesque vise à élever le niveau de vie dans plus de 4 000 villages pour parvenir à un véritable développement et pour améliorer la qualité de vie de plus de 58 millions de personnes. Plus important encore, explique Abou-Ali, est que l’avancée réalisée dans le cadre de cette initiative répond aux principaux objectifs de la justice sociale. « Fournir des services de base de qualité aux populations rurales réduit les inégalités entre les zones urbaines et rurales en Egypte, offre des opportunités de développement et améliore la qualité de vie dans ces zones longtemps négligées », souligne-t-il, ajoutant que le nombre de bénéficiaires des services a également augmenté avec l’élargissement de cette initiative
Le plus grand projet de développement rural
L’initiative Hayah Karima est qualifiée par le premier ministre, Mostafa Madbouly, du projet le plus important réalisé par l’Etat. Il a affirmé que « si aucun autre projet n’a été réalisé dans le pays, l’initiative Vie décente suffit. Elle cible plus de 4 600 villages, dont certains n’ont connu aucun développement depuis 100 ans ».
Lancée par le président Abdel Fattah Al-Sissi en 2021, cette initiative vise le développement des villages qui ont longtemps souffert de privation et de marginalisation au cours des décennies précédentes. Objectifs : le développement de l’infrastructure et des projets de base, notamment par la réhabilitation des réseaux d’eau potable et de drainage sanitaire, l’approvisionnement en énergie propre, le renouvellement du réseau électrique, le développement de l’infrastructure routière et du secteur agricole. L’initiative vise également la modernisation de l’infrastructure scolaire avec la création de nouvelles écoles, le développement des hôpitaux et des centres médicaux, ainsi que des centres de jeunesse.
Le projet travaille aussi au développement de la famille en luttant contre l’analphabétisme et en créant des logements décents pour les bénéficiaires de l’initiative. Il favorise le développement économique et la création d’emplois à travers le soutien aux petits et moyens projets, la mise en place de petits complexes artisanaux dans chaque unité locale et la formation des jeunes. Le soutien au secteur agricole comprend la formation des agriculteurs, l’introduction de technologies agricoles modernes et l’accès au financement.
Le projet a débuté par une phase préliminaire en janvier 2019, visant le développement de 375 villages parmi les plus pauvres (avec un taux de pauvreté dépassant 70 %) dans 14 gouvernorats, bénéficiant à 4,5 millions de citoyens. En juillet 2021, la première phase du projet a été lancée pour développer 1 500 villages dans 22 gouvernorats, au bénéfice de 18 millions de citoyens. La deuxième phase du projet vise le développement de 1 667 villages répartis dans 20 gouvernorats, avec 21,3 millions de citoyens bénéficiaires. Le coût de la première et de la deuxième phases s’élève à 500 milliards de L.E. Le coût total de ce projet est estimé à 1 000 milliards de L.E., représentant le plus grand projet national de développement des villages égyptiens.
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