« La pénurie de médicaments prendra fin dans deux mois », a annoncé le président de l’Organisme égyptien des médicaments, Ali Al-Ghamrawi, lors d’une conférence de presse tenue le 1er août. C’est une bonne nouvelle pour les Egyptiens qui souffrent depuis des mois d’un manque de plusieurs médicaments sur le marché. Al-Ghamrawi a expliqué la situation actuelle de l’industrie pharmaceutique égyptienne et les mesures prises par le gouvernement pour gérer la pénurie afin d’assurer la disponibilité des médicaments. Il a révélé que l’Egypte possède actuellement 15 000 médicaments enregistrés, mais qu’il existe un manque de 81 types de médicaments sur le marché, bien que des alternatives soient disponibles.
La pénurie a touché certains médicaments, comme ceux de l’hypertension, le diabète et certains antibiotiques. Cependant, Al-Ghamrawi a affirmé que les médicaments nécessaires pour les maladies chroniques sont disponibles dans les pharmacies dépendant du ministère de la Santé et seront accessibles dans toutes les pharmacies au cours des deux prochains mois.
Pour résoudre ce problème, l’Organisme égyptien des médicaments a lancé cinq nouveaux sites électroniques pour permettre aux citoyens de signaler les pénuries de médicaments. Ces sites aident les gens à trouver les alternatives disponibles aux médicaments manquants. L’organisme a également adopté un système de distribution horizontale des médicaments, visant à distribuer les médicaments plus efficacement entre les différentes pharmacies. Ce système vise à éviter l’accumulation de médicaments dans un nombre limité de pharmacies, garantissant ainsi une plus grande disponibilité.
L’origine du problème
La pénurie remonte à l’année 2016 avec la dévaluation de la livre égyptienne. Cette dévaluation s’est poursuivie en 2022 puis en 2023. Au début de 2024, le gouvernement a décidé de laisser flotter la livre égyptienne, provoquant une chute de sa valeur d’un tiers face au dollar, passant de 30 à environ 48 L.E. La dévaluation a provoqué une augmentation des prix des médicaments. Elle s’est également associée à une pénurie de dollars, nécessaires à l’importation d’ingrédients dans l’industrie pharmaceutique, ce qui a provoqué un manque dans l’offre sur le marché.
Al-Ghamrawi a assuré que l’Egypte a besoin de 100 millions de dollars par mois pour assurer l’approvisionnement en matières premières pour l’industrie pharmaceutique et pour payer les médicaments importés. « Le manque de devises a créé cette pénurie, mais durant les mois prochains, le gouvernement veillera à assurer de nouvelles rentrées de devises sur le marché égyptien », a-t-il affirmé, ajoutant que « les prix des médicaments augmenteront, mais de manière équitable et en tenant compte de la dimension économique de l’industrie pharmaceutique ».
Selon Ali Auf, chef du département des médicaments de l’Union générale des Chambres de commerce, en 2016, les prix des médicaments ont augmenté de 20 %. En 2017, les prix d’environ 3 000 médicaments sur un total de 10 000 ont augmenté de 50 %. En 2023, 1 500 médicaments sur plus de 17 000 ont connu une hausse moyenne de 24 %. « Je pense que la hausse prévue par l’Organisme égyptien des médicaments restera dans les mêmes limites, c’est-à-dire entre 10 et 30 % pour les médicaments traitant les maladies chroniques et entre 30 et 50 % pour les autres médicaments », a-t-il souligné. Il a également affirmé que la hausse concerne 1 000 types de médicaments sur un total d’environ 17 000 vendus sur le marché égyptien. La hausse est appliquée progressivement et a commencé en juin dernier, se poursuivant jusqu’en décembre, soit entre 150 et 200 types par mois.
L’industrie pharmaceutique
L’Egypte n’importe que 10 % de ses médicaments et possède 170 usines pharmaceutiques. Cependant, le problème réside dans le fait que le pays importe 95 % des matières premières nécessaires à l’industrie pharmaceutique locale, y compris celles requises pour les emballages.
De son côté, le directeur de la Chambre de fabrication des produits pharmaceutiques, Gamal Al-Leithi, explique que la dévaluation de la livre égyptienne rend la pénurie de médicaments un problème permanent, car l’industrie pharmaceutique reste dépendante de l’importation. Selon lui, le gouvernement doit jouer un rôle essentiel dans l’industrie pharmaceutique. « Nous avons entre 3 et 5 usines privées qui ont commencé à produire des principes actifs, mais elles ne couvrent que 1 % des besoins des usines pharmaceutiques. Il faut encourager le secteur privé à entrer dans cette industrie en offrant des avantages fiscaux et en réduisant les impôts et les douanes sur les équipements et les matières premières pour diminuer les prix des principes actifs », conclut-il.
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