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Le gouvernement Madbouly sur les rails

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mercredi, 24 juillet 2024

Le nouveau gouvernement Madbouly a obtenu, le 18 juillet, la confiance du Parlement après l’approbation, par la majorité des députés, de la déclaration de politique générale du gouvernement. Compte rendu.

Le gouvernement Madbouly sur les rails

Après un vif débat, le Conseil des députés a accordé, le 18 juillet, lors d’une session plénière, sa confiance au nouveau gouvernement Madbouly. Le président du Parlement, Hanafy Gebaly, a annoncé que la déclaration de politique générale du gouvernement a été approuvée à une large majorité. Le Parlement a également approuvé les recommandations de la commission spéciale qui avait été formée pour étudier le plan du nouveau gouvernement 2024-2027. Hanafy Gebaly a salué le programme du gouvernement qui, selon lui, « s’adapte parfaitement aux défis actuels et vise à améliorer le niveau de vie des citoyens ».

Le premier ministre, Mostafa Madbouly, en poste depuis juin 2018, a affirmé que la priorité du gouvernement est de lutter contre l’inflation et de mettre fin aux pannes de courant. Le gouvernement vise en outre à attirer davantage d’investissements directs et à accroître les investissements privés pour les amener à 60-65 % de l’ensemble des investissements.

Madbouly a affirmé que toutes les recommandations du Parlement seront étudiées par le gouvernement. Il a fait savoir que son cabinet va mettre en place un plan pour la réalisation des objectifs gouvernementaux au cours des trois prochaines années. Le premier ministre a également assuré que le gouvernement soumettra ce calendrier précis et détaillé au Parlement dans un délai de 6 mois. « Des rapports de suivi, mensuels et trimestriels, sur l’application du programme seront également présentés par le gouvernement au Parlement », a rassuré le premier ministre.

Vif débat

Le programme du nouveau cabinet est basé sur quatre principaux piliers, à savoir la sécurité nationale, le bien-être des Egyptiens, le développement d’une économie compétitive capable d’attirer les investissements et enfin la stabilité politique et la cohésion nationale.

Six membres de la commission parlementaire (chargée d’étudier la déclaration de politique générale) ont rejeté le plan du gouvernement et ont recommandé de ne pas lui accorder la confiance. « Le premier ministre n’a fourni aucun détail sur l’application de son programme et n’a donné aucune garantie au sujet de son financement », a déclaré le député indépendant Diaa El-Din Daoud.

Daoud a déclaré qu’au cours des quatre dernières années, le gouvernement a provoqué une augmentation de la dette publique à tel point que le peuple égyptien est devenu tributaire des emprunts. « Il existe des raisons objectives du rejet de ce plan, surtout que les défis persistent. Je m’attendais à un plan concret et bien défini, mais ce n’est pas le cas. Le programme du gouvernement est vague et imprécis », a affirmé Diaa El-Din Daoud. Et d’ajouter : « Le gouvernement fait face à de multiples défis dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’industrie, de l’agriculture et de l’énergie, et je ne crois pas qu’il puisse avancer dans ces secteurs s’il applique les mêmes politiques que celles des années passées ».

Daoud a donné quelques exemples : « Au cours des dernières années, le taux de change du dollar a augmenté, passant de 18 à 48 L.E. Les coupures d’électricité se multiplient. Le gouvernement n’a pas pu appliquer l’assurance médicale globale lancée en 2019. Et seuls six gouvernorats bénéficient de ce service fourni à 6,2 millions de citoyens sur un total de 106 millions ». Daoud a souligné que « le premier ministre avait promis qu’en 2030, l’assurance maladie couvrira 85 % des habitants, alors que le budget consacré au secteur de la santé est très modeste, et la capacité des hôpitaux publiques laisse à désirer en raison d’un manque en infrastructures, en équipements et en professionnels de santé qualifiés ». « Comment donc peut-on réaliser les objectifs présentés par le gouvernement ? », s’interroge-t-il.

Mais la grande majorité des députés ne voient pas les choses du même oeil. « Nous avons ressenti une forte coopération de la part des différents ministres et une réelle volonté de prendre en considération toutes les observations et de travailler à leur application », a déclaré le conseiller Ahmed Saad El-Din, vice-président du Conseil des députés et président du comité chargé d’étudier la déclaration de politique générale du gouvernement.

Il rappelle que le comité d’étude du plan gouvernemental a appelé le secteur de l’investissement à mettre en oeuvre les recommandations du Conseil suprême pour l’investissement, à accroître les incitations pour les investisseurs, à créer de nouvelles opportunités d’investissement et à fournir des terrains pour les différents projets. « Nous avons également recommandé l’accélération de la loi sur la gestion et le fonctionnement des établissements de santé », affirme-t-il.

Le gouvernement est confronté depuis deux ans aux répercussions de la crise économique mondiale qui a provoqué une vague inflationniste dans le monde entier. Le gouvernement a déployé des efforts inlassables pour freiner l’inflation et réduire les prix des produits de consommation. Les agences internationales de notation ont changé la note de l’économie égyptienne de négative à positive au cours des derniers mois. Les perspectives de croissance sont bonnes et le problème de la dette publique a été maîtrisé. « Bien sûr, il faut encore travailler », souligne Medhat Al-Kammar, député du parti Mostaqbal Watan (majorité parlementaire). Il estime que le gouvernement est déterminé à prendre des mesures immédiates pour appliquer le programme qu’il a présenté au Parlement « Si nous lui donnons notre confiance, c’est que nous avons la conviction que les différents ministères vont se mettre immédiatement au travail pour mettre en application la déclaration de politique générale. Les dossiers prioritaires consistent notamment à assurer une vie décente aux citoyens, à alléger leurs souffrances, à contrôler les marchés, à lutter contre le monopole et l’avidité des commerçants, ainsi que contre la hausse des prix, à généraliser l’assurance maladie, à développer et à moderniser les usines et à promouvoir le secteur de l’industrie. Le gouvernement doit respecter dans sa gestion des différents dossiers le programme sur la base duquel le Parlement lui avait accordé sa confiance », explique-t-il. Et de conclure : « C’est vrai que les défis sont grands, mais les nouveaux ministres ont été très flexibles et compréhensifs concernant les recommandations formulées par le Parlement. Et nous, en tant que députés, nous accomplirons parfaitement notre rôle de supervision et nous ne tolérerons aucune négligence ».

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