
Les écoles soudanaises cherchent à régulariser leur statut.
Le gouvernement a accordé un dernier délai jusqu’à fin septembre prochain aux étrangers résidant en Egypte, dont le nombre a dépassé 10 % de la population de 106,5 millions, pour régulariser leur situation. Premiers concernés par la mesure, les Soudanais qui ont fui la guerre dans leur pays. Le ministère égyptien des Affaires étrangères estime que le nombre de ceux qui sont arrivés en Egypte pendant la première année de la guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023, dépasse les 500 000. Certains ont quitté leur pays sans papiers d’identité leur permettant d’obtenir la carte de séjour intelligente égyptienne.
Il y a quelques semaines, une polémique a éclaté, liée à la présence des Soudanais en Egypte. « C’est une occasion de régulariser le statut des familles d’étrangers vivant en Egypte. Les ambassades ont réagi afin de délivrer à leurs ressortissants des passeports valides, des cartes d’identité, des certificats de naissance ou même une copie de diplômes d’études pour aider à finaliser les procédures de la carte de séjour », explique l’avocat Ashraf Milad, conseiller auprès du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR) en Egypte, précisant que le nombre de réfugiés enregistrés auprès du HCR en Egypte a atteint 640 000, dont presque la moitié sont des Soudanais.
Au lendemain de la Conférence des forces politiques et civiles soudanaises tenue le 6 juillet au Caire, le président Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé que l’Egypte continue d’offrir une aide humanitaire au peuple soudanais, en plus d’accueillir des millions de Soudanais qui ont trouvé refuge en Egypte. Selon lui, les répercussions humanitaires de la crise soudanaise ont dépassé les frontières du pays pour toucher les Etats voisins. « L’Egypte a assumé ses responsabilités depuis le début de la guerre en accueillant des millions de citoyens soudanais qui se sont ajoutés aux 5 millions de Soudanais déjà présents en Egypte et traités comme des citoyens », avait-il déclaré lors du Sommet sur la paix et la sécurité en Afrique en mai 2023.
Respecter les réglementations relatives à la résidence en Egypte et obtenir une carte de séjour dans les délais fixés par les autorités égyptiennes sont parmi les instructions annoncées par l’ambassade soudanaise au Caire. De même, l’ambassade a exigé des Soudanais de porter leurs cartes de résidence ou toute pièce d’identité lors de leurs déplacements s’ils n’ont pas encore obtenu la carte de séjour égyptienne et de les présenter à la demande des autorités égyptiennes.
Défis
« Le nombre de Soudanais augmente jour après jour. Les Egyptiens ont l’habitude de côtoyer des compatriotes soudanais ici et là, mais leur présence massive dans certains quartiers, notamment dans le gouvernorat de Guiza, ainsi que dans les moyens de transport, les centres médicaux et les postes de police, a suscité l’angoisse parmi les citoyens égyptiens qui font face actuellement à des crises lourdes comme les coupures d’électricité et la hausse exorbitante des prix des produits alimentaires », indique l’écrivaine et chercheuse en affaires africaines Sherin Helal.
Annonçant le refus de l’Egypte d’installer des camps de réfugiés aux frontières et de pratiquer toute forme de discrimination dans les droits des étrangers résidant en Egypte, qu’ils soient demandeurs d’asile, migrants ou réfugiés, le premier ministre, Mostafa Madbouly, a estimé que le coût direct de l’accueil de plus de 9 millions de personnes s’élève à plus de 10 milliards de dollars par an.
« Bien que le grand nombre de résidents étrangers puisse affecter le PIB de l’Egypte, cela devrait inciter à une production accrue. En plus, le gouvernement égyptien autorise les étrangers à ouvrir des commerces en Egypte », indique Amany El-Taweel, présidente du département des études africaines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Selon elle, cette diversité de produits crée une concurrence saine entre les produits égyptiens et étrangers. En effet, de nombreux Soudanais et Syriens ont obtenu l’autorisation d’ouvrir des magasins, des boulangeries ou des restaurants.
Les écoles soudanaises en question
Helal, quant à elle, a étudié le cas des écoles soudanaises, dont le nombre a augmenté cette année pour atteindre environ 200 écoles, leur statut, leurs programmes éducatifs et les frais de scolarité. Elle a présenté un rapport détaillé au cabinet ministériel à ce sujet en juin dernier.
Il y a quelques jours, le gouvernement égyptien a annoncé la fermeture d’un grand nombre d’écoles soudanaises jusqu’à ce que leur situation soit régularisée. L’attaché culturel soudanais a défini plusieurs mesures pour permettre aux écoles soudanaises d’obtenir la certification nécessaire en Egypte, notamment l’approbation des ministères soudanais et égyptien de l’Enseignement et des Affaires étrangères, ainsi que la mise en place d’installations adaptées pour le processus éducatif et le bien-être des élèves.
« Presque un million d’élèves soudanais sont inscrits dans ces écoles situées dans de petits appartements ou des bâtiments loués », note Helal, précisant qu’une classe qui comptait 15 élèves en 2022 en compte maintenant 30. « En plus, la plupart des établissements scolaires enseignent les programmes soudanais plutôt qu’égyptiens et peuvent accueillir des élèves d’autres pays comme les Syriens ou les Yéménites qui les préfèrent, car les programmes soudanais sont considérés comme plus faciles que les programmes égyptiens. C’est pourquoi ils choisissent de passer le baccalauréat soudanais », conclut-elle.
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