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Nous devons reconnaître que les informations, que présentent les médias et qui sont tout le temps contradictoires, ont poussé une grande partie du public à douter de tout ce qui est publié et diffusé. Et certains citoyens en sont arrivés à ne croire qu’eux-mêmes ou ce que la raison accepte. On ne peut pas les blâmer après l’histoire de la poupée Abla Fahita (accusée d’espionnage) qui dénote un manque de crédibilité de la part des médias mais encore un déséquilibre mental. C’est un danger menaçant que personne n’a l’air de prendre au sérieux », écrit Amr Khafagui, journaliste et présentateur de télé dans le quotidien
Al-Shorouk. «
Nous sommes devant un cas type de perturbation de l’opinion publique. Et l’affaire Abla Fahita est l’illustration du niveau de perte de crédibilité des médias et du coup de la perte de tout discernement. C’est une histoire qui montre clairement la situation dangereuse des médias et son impact négatif sur l’opinion publique et également sur l’économie comme l’ont souligné quelques grands journaux internationaux ».
Un autre éditorialiste toujours dans le quotidien Al-Shorouk qualifie tout le processus, dont le processus politique, et donc le référendum, de pièce de théâtre. Ainsi Bilal Fadl écrit : « Les gens vont participer en masse à la pièce de théâtre non parce qu’ils sont induits en erreur ou inconscients mais parce que de grandes tranches parmi eux pensent que c’est le seul espoir pour éviter les conséquences du conflit en cours. D’autant plus que ce qui s’est passé depuis le 30 juin n’a pas fait tomber les Frères musulmans seulement mais également toutes les forces civiles dont on sait qu’elles sont totalement dépassées. Et si les électeurs ont voté lors des premières élections parlementaires, avec en tête l’idée qu’ils votent pour des gens pieux qui ne voleront pas, ils votent cette fois-ci, avec l’idée de la jouer carte sur table, à savoir de mettre ceux qui jouent à l’arrière-plan au devant de la scène et en finir ». Il ajoute sur un ton virulent : « Les producteurs de cette pièce de théâtre qu’est le référendum sont désormais sûrs qu’épater le monde n’est plus requis car ses grandes puissances ne sont intéressées que par la garantie des intérêts d’Israël, l’arrêt des opérations terroristes dans le Sinaï pour éviter tout danger autour du Canal de Suez et un retour de l’écorce civile du régime de Moubarak en changeant les couleurs pour ne pas leur causer trop d’embarras avec leurs Parlements et médias. Ces Etats ne diront plus un mot sur la nécessité d’intégrer des courants islamistes dans le processus politique ».
Un conflit en cache un autre ?
Pour ceux qui voient ce qui passe d’un oeil critique, l’heure est à la déception telle que bien exprimée dans l’article d’Ahmad Nagui dans le quotidien Al-Masry Al-Youm qui fait état de ses compagnons de route, les activistes de la place Tahrir dont beaucoup se trouvent en prison pour diverses raisons. « Je me dis que faire ? Que peuvent faire les enfants de cette génération qui ne sont pas encore en prison, ou n’ont pas perdu leurs yeux ou leur vie dans des manifestations ? Je réfléchis et je me dis que peut-être le conflit en cours est plus profond qu’il ne paraît. Peut-être que toutes ces divergences autour de la charia et de la légitimité, autour de la démocratie et de l’Etat de droit, ne sont en fait que des paravents qui cachent l’essence du vrai conflit, à savoir des vieux collés à leurs postes et à leurs fortunes et qui les défendent corps et âme en bernant des générations entières de jeunes avec des mensonges ».
Dans le nouveau site Qol consacré aux éditoriaux et qui rassemble un grand nombre de jeunes qui ne trouvent pas écho dans les publications existantes, l’un d’eux, Abdel-Rahmane Moustapha, écrit : « Beaucoup croient qu’Al-Sissi est le symbole qui représentera les réseaux de corruption de Moubarak. Mais je crois que c’est un quatrième protagoniste qui se démène au milieu de trois autres protagonistes : les islamistes, les révolutionnaires et les feloul (le réseau de corruption de Moubarak). Et je n’écarte pas le fait que l’entrée d’Al-Sissi dans la course à la présidentielle a pour but de faire peur à l’ancien régime qui engrangerait sinon tous les bénéfices tout seul ».
Les Amazighs d’Egypte
Loin de ce magma de conflits, le site d’information en ligne Masrawy annonce : « Les Amazighs d’Egypte fêtent leur nouvel an le 13 janvier ». Un article qui a suscité beaucoup de réactions parmi les internautes dont beaucoup se sont demandé qui sont ces Amazighs d’Egypte ? « Le peuple amazigh fête le nouvel an 2964 selon le calendrier amazigh. Le communiqué publié sur la page Facebook officielle des Amazighs d’Egypte explique que le calendrier amazigh commence le 13 janvier 950 av. J.-C. et c’est le jour de l’intronisation, de façon pacifiste et à la demande du peuple égyptien, du roi amazigh Shashnaq qui était le commandant de l’armée égyptienne à l’époque à la tête de l’Egypte, fondant ainsi la XXIIe dynastie ». Le communiqué publié sur cette page Facebook créée en 2012 ajoute : « Les Amazighs d’Egypte aux réunions avec la commission des cinquante (ndlr, chargée de la rédaction de la Constitution) avec une délégation formée de cinq membres (le représentant officiel des Amazighs d’Egypte, des représentants des Amazighs de Siwa et de ceux des tribus Hawara). Et après lecture du projet final qui renferme la plupart de nos propositions dont la diversité culturelle (…) les Amazighs d’Egypte voteront par oui à la Constitution ».
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