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Electricité : Un plan pour contrer la crise

Nasma Réda, Jeudi, 04 juillet 2024

Le gouvernement a mis en place un ensemble de mesures pour contrer le problème du délestage de l’électricité accentué par les vagues successives de canicule. Explications.

Electricité : Un plan pour contrer la crise

« Je réitère les excuses du gouvernement pour le problème du délestage de l’électricité », a déclaré cette semaine le premier ministre, Mostafa Madbouly, lors d’une conférence de presse consacrée au problème de l’électricité. Il s’est engagé à mettre fin à la crise d’ici la fin de l’année. « Nous avons déjà annoncé que le gouvernement a un plan à long terme pour mettre fin aux coupures de courant avant la fin de l’année. Et donc vers novembre ou décembre, il n’y aura plus de coupures », a affirmé le chef du gouvernement.

La pénurie d’électricité a donné lieu à des coupures plus longues atteignant trois heures par jour en moyenne et plus dans certains quartiers. Revenant sur les raisons de la crise, le premier ministre a affirmé que le mois de juin a vu trois vagues de chaleur successives qui ont donné lieu à une augmentation de la consommation d’électricité, contraignant les autorités à accroître les heures de délestage, afin de réduire la consommation. Le plan de délestage avait été adopté par le gouvernement en juillet 2023. En mai 2024, le pays a annoncé la suspension des exportations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL).

Mesures concrètes

Pour remédier à la crise, le gouvernement a consacré 1,18 milliard de dollars à l’importation du gaz et du mazout, afin de mettre fin au délestage électrique, notamment pendant les mois d’été durant lesquels la canicule frappe le pays. Outre l’importation du gaz et du mazout, les magasins devront obligatoirement fermer leurs portes à 22h dès le 1er juillet, sauf les pharmacies, les supermarchés et les restaurants qui seront ouverts jusqu’à 1h du matin.

Bien que cette décision ait été déjà appliquée l’été dernier, elle a suscité la colère des propriétaires des magasins qui affirment être handicapés par les trois heures de délestage et la fermeture tôt de leurs magasins. Le député Mostafa Bakri a critiqué cette décision y voyant un « impact négatif sur l’économie et le tourisme » et appelant le gouvernement à « reconsidérer sa décision ».

Ihab Mansour, député, est également critique : « Ni les températures élevées, ni la canicule que connaît le pays ne sont des phénomènes surprenants. Quand il y a des coupures de courant, toute notre vie est interrompue. Le gouvernement doit revoir ses décisions ». Il s’interroge : « Comment les élèves du bac vont-ils réviser leurs leçons alors que nous sommes en pleine période d’examens ? Comment les personnes âgées et les malades vont-ils supporter ces conditions difficiles ? ».

Au contraire, le président du Parti nassérien, Mohamad Aboul-Ela, estime que les mesures prises par le gouvernement sont indispensables. « Le délestage et la fermeture des magasins à 22h, ainsi que les initiatives visant à réduire la consommation énergétique sont des solutions temporaires avec lesquelles l’Etat tente de réduire les dégâts, surtout économiques », assure Aboul-Ela. Le manque de carburant a eu pour effet la fermeture de certaines entreprises.

« C’est une crise mondiale étant donné les guerres, les catastrophes naturelles et le changement climatique », indique Mohamad Aboul-Ela.

En effet, le délestage a entraîné la fermeture de cinq entreprises dont la Société égyptienne des industries chimiques (KEMA), la Société égyptienne de production d’engrais (MOPCO), la Société pétrochimique de Sidi Kérir (SIDPEC) et Abu Qir Fertilizers and Chemical Industries qui ont été contraintes de suspendre leur travail.

Afin d’éviter les accidents d’ascenseurs assez répétitifs depuis l’application du délestage, le ministère de l’Electricité a mis en place des numéros d’urgence (le 121 et le 23232993) pour signaler tout problème de personnes bloquées dans les ascenseurs et rétablir le courant pendant cinq minutes afin de faire sortir les personnes bloquées.

L’Etat mobilisé

Plusieurs institutions ont réagi pour remédier à la crise. A commencer par le ministère des Transports qui a décidé de réduire la consommation d’électricité sur les routes et les autoroutes, et même de stopper les climatiseurs dans certains wagons du métro. Les gouvernorats ont intensifié les campagnes de contrôle des contrevenants et des voleurs du courant électrique. Les médias ont lancé des campagnes pour sensibiliser le grand public à l’importance de la réduction de la consommation électrique. Le groupe de services médiatiques UMS a annoncé son intention de réduire l’électricité dans tous ses bureaux.

« La réponse rapide des institutions de l’Etat reflète une grande conscience quant à l’importance de cette crise. Tout le monde doit s’épauler et soutenir l’Etat dans sa démarche, afin de réaliser le principal objectif qui est de maintenir les services vitaux fournis aux citoyens, et surtout de créer un climat propice aux investissements », indique le député Ayman Mohasseb.

Aboul-Ela souligne la nécessité de former un comité scientifique pour la gestion de cette crise. « Il se chargera de régler la crise de l’énergie et mettra en place des alternatives pour éviter qu’elle ne se reproduise », conclut-il.

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