« Un plan global est mis en oeuvre actuellement pour développer tous les ports égyptiens, visant à transformer l’Egypte en un hub régional de transport, de logistique et de commerce de transit », a assuré cette semaine le ministre des Transports, Kamel Al-Wazir. La déclaration du ministre intervient à l’occasion du premier anniversaire de l’ouverture du terminal polyvalent « Tahya Misr » (vive l’Egypte), dans le port d’Alexandrie, mis en service le 15 juin 2023.
Le ministre a indiqué que le terminal Tahya Misr a réussi en un an à réaliser un bilan important. Il est notamment parvenu à conclure des contrats avec six compagnies maritimes internationales et à recevoir plus de 330 navires, gérant environ 410 000 conteneurs. Le terminal a également accueilli pour la première fois des navires de grande taille, comme celui d’APOLLON de la compagnie maritime CMA, qui est le plus grand porte-conteneurs à avoir jamais accosté dans le port d’Alexandrie. Le ministre a assuré que Tahya Misr est désormais le plus grand terminal égyptien, occupant la 4e place en termes de productivité et la 2e en sécurité parmi les 50 stations où opèrent CMA dans le monde.
Il a ajouté que l’Egypte avait cherché au cours des dernières années à moderniser le secteur portuaire le long de la mer Rouge et de la Méditerranée. En effet, une stratégie nationale pour le développement des ports de l’Egypte est mise en place, bénéficiant de sa situation géographique stratégique, avec des côtes s’étendant sur plus de 3 000 km le long de la mer Rouge, de la Méditerranée et du golfe d’Aqaba, comprenant 48 ports, avec 197 terminaux couvrant 37,5 km. Le transport maritime est considéré comme le mode de transport le moins cher, ce qui explique que plus de 80 % du commerce mondial soient réalisés par voie maritime. Les ports égyptiens revêtent une importance à la fois nationale et internationale, en tant que porte d’entrée de l’Afrique, à travers la Méditerranée orientale, et une passerelle vers les marchés européens. C’est pourquoi les autorités accordent une grande importance au secteur du transport maritime et à la nécessité de développer ses infrastructures pour maximiser les bénéfices économiques, commerciaux et les investissements. Pour transformer l’Egypte en un hub régional de transport, le gouvernement a élaboré une stratégie s’étendant de 2024 à 2030 pour améliorer son infrastructure maritime et optimiser ses capacités portuaires afin d’attirer les investissements et stimuler les flux d’importation et d’exportation.
Le plan de développement des ports égyptiens comprend 80 projets d’un coût total de 200 milliards de L.E., en coopération avec 100 compagnies privées. Il prévoit la construction de nouveaux quais d’une longueur totale de 35 km, avec une profondeur allant de 15 à 18 m. Les travaux sur les quais se poursuivent pour atteindre une longueur totale de 73 km. Des travaux d’approfondissement des voies de navigation sont également en cours pour permettre aux ports d’accueillir jusqu’à 370 millions de tonnes de marchandises par an, ainsi que plus de 22 millions de conteneurs équivalent vingt pieds (EVP), contre 12 millions actuellement.
Un développement essentiel
Ce plan de développement intervient à un moment crucial. L’Indice de performance des ports à conteneurs publié par la Banque mondiale, qui mesure la capacité des pays à assurer une circulation internationale des marchandises dans des délais rapides et fiables, avait en 2021 indiqué que les ports égyptiens étaient moins performants que ceux des pays du Golfe (Arabie saoudite et Emirats arabes unis) et de la Turquie en raison de la faible performance du secteur logistique et des transports. Aujourd’hui, cette perception a catégoriquement changé. Grâce aux efforts du gouvernement au cours des dernières années, selon le même rapport sur l’Indice de performance des ports à conteneurs publié en 2023, l’Egypte a marqué un bond de 10 places. Le rapport a également indiqué que le port de Port-Saïd est passé de la 16e à la 10e place en 2023 et que l’Egypte occupe désormais la 7e place au sein du monde arabe, la 3e en Afrique et la 57e place mondiale en termes de performance du secteur logistique et des transports.
Selon Al-Wazir, le ministère travaille à créer des ports et des corridors maritimes conformes aux normes internationales, capables de recevoir des navires de la quatrième génération et équipés d’une technologie de transport de marchandises à la fois moderne et respectueuse de l’environnement, ainsi que d’un système de sécurité capable de faire face à des défis élevés en matière de sécurité et de sûreté.
Gestion portuaire
Soulignant l’importance de ces efforts, Mohamed Shadi, macro-économiste au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS), explique que « le gouvernement a réussi à mettre en place un nouveau modèle de gestion portuaire visant à réduire le temps d’attente des navires de transport et de manutention des marchandises, ainsi qu’à augmenter la capacité d’accueil de tous types de navires, indépendamment de leur taille. L’Egypte a également réussi à développer des ports secs, des autoroutes et des ponts, facilitant ainsi une liaison commerciale et logistique directe avec les ports ». L’importance de ces ports, comme l’explique Shadi, réside notamment dans leur capacité à accueillir des entrepôts pour conteneurs, permettant ainsi aux grands navires de décharger leur cargaison pour être transportée plus facilement à l’autre bout du monde par des navires plus petits, faisant ainsi de l’Egypte un port de transit majeur.
Dans le but de sécuriser le fret maritime et de simplifier les procédures de dédouanement dans les ports, le gouvernement a mis en place un nouveau système douanier basé sur la réforme législative, la transformation numérique et la formation professionnelle. Le Parlement a amendé pour la première fois depuis août 2020 la loi douanière de 1963 afin de la rendre compatible avec les nouvelles normes et pratiques internationales en matière de facilitation des échanges. Cette réforme comprend plusieurs volets, dont les plus importants sont la création d’un guichet unique national pour la facilitation du commerce extérieur via la plateforme Nafeza, garantissant la sécurisation des importations en Egypte via le système de pré-enregistrement obligatoire (Advanced Cargo Information, ACI). Il s’agit également de la mise en place d’une interface entre le guichet unique et la facturation électronique. « Ce système basé sur l’automatisation et la numérisation a réussi à réduire considérablement les niveaux de fraude dans ce secteur, tout en offrant davantage de transparence et de sécurité aux consommateurs », explique Shadi.
De son côté, l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) a souligné, dans son rapport publié fin 2022, que les documents couvrant près de 4,5 millions de transactions d’importation ont été traités par la plateforme Nafeza et qu’aucun document ne s’est perdu durant sa première année de fonctionnement. Les participants ont rapporté les énormes avantages en termes de temps, d’argent et de recouvrement des recettes fiscales qu’ils ont pu en tirer.
Par ailleurs, en novembre 2023, le Parlement a adopté une loi permettant à l’opérateur portuaire émirati Abu-Dhabi Ports (AD Ports) de développer et d’exploiter un terminal au port de Safaga (mer Rouge) pendant 30 ans. Cet accord, qui n’est pas le premier du genre, vise à étendre l’accès du groupe AD Ports aux terminaux polyvalents, aux routes de croisière et aux infrastructures logistiques dans les ports égyptiens de Safaga, Aïn-Sokhna, Port-Saïd, Hurghada, Charm Al-Cheikh et Al-Arich. Cette coopération est fondée sur le recours à des compagnies étrangères ayant les capacités fiscales et administratives nécessaires pour développer et gérer les ports. Elle s’inscrit dans l’objectif du gouvernement de moderniser ses installations portuaires et d’améliorer leur compétitivité afin de jouer un rôle majeur dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et de faire de l’Egypte un hub de transit majeur, contribuant à stimuler l’économie du pays.
Le plan de développement des ports égyptiens
Le développement est réalisé selon les derniers standards mondiaux afin de faire de l’Egypte un centre mondial du commerce et de la logistique, exploitant ainsi la position stratégique du pays.
Les projets de développement des ports égyptiens sont exécutés par des entreprises nationales égyptiennes, ainsi que par des consultants égyptiens et internationaux.
Le coût total du développement des ports égyptiens pour la période 2014-2024 s’élève à 129 milliards de L.E.
Le développement des ports comprend la construction de nouveaux quais d’une longueur totale de 35 km, avec des profondeurs allant de 15 à 18 m.
La longueur totale des quais dans les ports maritimes égyptiens est de 73 km.
Le développement implique la création de digues d’une longueur totale de 15 km.
Les voies de navigation sont élargies pour augmenter leur capacité d’accueil de 185 millions de tonnes par an à 370 millions.
Le plan de développement vise à augmenter la capacité d’accueil des ports égyptiens de 12 millions de conteneurs par an à 22 millions.
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