La violence augmente à l'approche du référendum sur la Constitution prévu les 14 et 15 janvier.
(Photo : Reuters)
Les affrontements ont repris de plus belle cette semaine entre les forces de l’ordre et les Frères musulmans dans plusieurs gouvernorats dont Le Caire et Alexandrie. Dans la capitale tout d’abord, les militants de la confrérie ont essayé d’interrompre la circulation dans la rue Moustapha Al-Nahass, l’une des principales artères de ce quartier situé à l’est du Caire. Ils ont notamment brûlé des pneus et précipité un bus de transport public contre les voitures des citoyens stationnées en contrebas de la route, endommageant une vingtaine de véhicules. A Maadi au sud du Caire, la police a dû lancer des bombes lacrymogènes sur des groupes de manifestants qui lançaient des cocktails Molotov. A Guiza, la situation n’était pas bien meilleure. Les pro-Morsi ont brûlé une voiture de police dans le quartier de Talbiya et ont blessé un policier, touché par balle aux yeux. A Béni-Soueif au sud du Caire, de violents heurts ont eu lieu entre les membres de la confrérie et la police. Une voiture de police a été brûlée. A l’issue de ces incidents, le ministère de l’Intérieur, a fait état de 16 morts et 137 blessés. Par ailleurs, 235 personnes ont été arrêtées. Ces personnes étaient en possession de grandes sommes d’argent, d’armes blanches, de cocktails Molotov et de bombes primitives.
Cette vague de violences fait suite à une conférence de presse du ministre de l’Intérieur, durant laquelle il a expliqué les liens entre la confrérie et le groupe djihadiste Ansar Beit Al-Maqdès, accusé d’être derrière le récent attentat de Mansoura.
Depuis la destitution de l’ex- président Mohamad Morsi le 3 juillet dernier, les Frères musulmans se sont engagés dans une vague de violences. « Cependant, la confrérie a changé dernièrement de stratégie. Si la violence des Frères était au début dirigée contre l’Etat, elle se tourne à présent vers des actes qui visent à propager la panique au sein de la population », explique Réda Yacoub, expert en matière de sécurité. D’où les bombes artisanales placées devant les écoles ou dans les autobus de transport public ou même dans la rue. Yacoub explique qu’il y a deux genres de terrorisme. Le terrorisme stratégique qui vise à travers des actes de violence à changer le régime en place. « C’est le cas par exemple de l’assassinat de l’ancien président Anouar Sadate par les groupes islamistes », explique Yacoub. Selon lui, les Frères se sont engagés dans une autre forme de terrorisme qui est le terrorisme tactique. « Cette forme de terrorisme vise à embarrasser l’Etat en propageant la panique au sein de la population », ajoute-t-il.
Les Frères travaillaient pour le retour de Mohamad Morsi au pouvoir. Mais en plaçant la confrérie sur la liste des organisations terroristes, l’Etat a rendu impossible le retour de Morsi. « Les Frères sont actuellement désespérés, surtout après que certains de leurs membres aient reconnu avoir reçu un entraînement à Gaza pour commettre des actes de violence », explique le général Hani Abdel-Latif, porte parole du ministère de l’Intérieur. Et d’ajouter : « Dans le quartier d’Aïn-Chams, des citoyens ont filmé des membres de la confrérie avec des armes automatiques », ajoute Abdel-Latif. Il pense qu’à l’approche du référendum sur la Constitution prévu les 14 et 15 janvier, la violence augmentera. Samedi, l’alliance de soutien à la légitimité écrivait sur sa page internet qu’il fallait « arrêter le référendum à tout prix ».
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