
La première séance du dialogue national dirigé par Adly Mansour a commencé avec les mouvements et les partis politiques.
60 jeunes représentants des partis politiques et des mouvements révolutionnaires ont assisté cette semaine à la première séance du dialogue national parrainé par le président par intérim, Adly Mansour. D’autres séances avec les représentants des ONG et des syndicats sont également programmées. L’initiative répond aux revendications de la classe politique qui exige une réévaluation de la feuille de route à la lumière des circonstances que traverse le pays.
Sur la table de discussion : l’ordre dans lequel se tiendraient les élections (élection présidentielle d’abord ou celles législatives), ainsi que le scrutin électoral. Si la plupart des partis soutiennent l’inversion du calendrier électoral, avec un scrutin présidentiel programmé avant les élections législatives, ils restent divisés sur le mode de scrutin. C’est ce que rapporte May Wahba, du mouvement Tamarrod qui a assisté à la première session du dialogue. « Nous apprécions l’invitation du président qui reflète un désir de collaborer avec les forces politiques et révolutionnaires pour orienter la feuille de route vers une meilleure direction. Le président n’avait pas l’air de privilégier un ordre déterminé et a affirmé qu’il respecterait la volonté des forces politiques », affirme Wahba. Initialement, la feuille de route mise en place par l’armée, après la destitution du président Mohamad Morsi le 3 juillet, prévoyait d’abord la tenue d’élections législatives, suivies d’un scrutin présidentiel. Mais le projet de Constitution, dans sa version définitive, ne précise pas l’ordre des scrutins et se contente d’indiquer que « des élections doivent se tenir au plus tard six mois après la ratification de la Constitution ». « La majeure partie des forces politiques pensent qu’il serait préférable d’organiser la présidentielle avant les élections législatives afin d’éviter les tensions. Les élections législatives sont souvent accompagnées d’actes de violence et nécessitent des mesures de sécurité renforcées. La tenue des législatives en l’absence d’un président élu ne fera qu’exacerber cet état d’instabilité politique et donnerait l’occasion aux Frères musulmans de faire échouer la transition », ajoute Wahba. En réalité, un grand nombre de partis, surtout ceux récemment créés, ne sont pas encore prêts pour disputer les législatives, ce qui accroît à leurs yeux les risques de voir les islamistes ou les feloul (partisans du régime de Moubarak) rafler les sièges du Parlement. Cet avis n’est cependant pas unanime. Le parti salafiste Al-Nour s’oppose à la tenue de l’élection présidentielle d’abord qui serait selon lui « une déviation par rapport au plan initial », pouvant ouvrir la porte aux manipulations.
Les avis divergent
Sur le mode de scrutin qui régira les prochaines législatives, les avis divergent entre ceux qui veulent un scrutin de liste et ceux qui exigent un scrutin mixte. Les forces révolutionnaires craignent que le mode de scrutin uninominal ne favorise les candidats de l’ancien régime et des Frères musulmans. Une angoisse qui paraît justifiée, car de nombreux partis issus du 25 janvier fraîchement créés sont encore très peu structurés et mal connus. « Le scrutin de liste est le système le plus adéquat en cette phase critique pour couper la route à la reproduction soit du régime Moubarak ou celui des Frères musulmans. Il permettra une concurrence équilibrée entre les partis politiques loin de l’influence de l’argent, des liens tribaux ou de l’hégémonie religieuse », estime pour sa part Atef Maghawri, du parti du Rassemblement.
Mais pour d’autres, le scrutin de liste affaiblit la relation entre les électeurs et le député au profit du parti politique dont il est issu. Ce scrutin favoriserait les partis islamistes qui sont plus organisés et mieux financés. C’est ce qu'estime Essam Chiha, du parti du Néo-Wafd, qui recommande un scrutin mixte permettant aux partis civils d’entrer dans la concurrence sans ôter la chance aux jeunes de la révolution de présenter leur candidature comme indépendants en se basant sur des contacts directs avec les électeurs.
Amr Ezz, membre de la Coalition des forces révolutionnaires, affirme que d’autres thèmes ont été évoqués dans cette réunion avec le président dont la nécessité d’amender la loi sur la manifestation jugée restrictive, la libération des jeunes révolutionnaires arrêtés récemment et l’arrêt de la campagne lancée par certains médias qui défigure la révolution du 25 janvier. « Le respect des libertés et celui de l’Etat de droit sont les vraies garanties de la réussite de la feuille de route. Les forces révolutionnaires n’admettront pas le retour à des pratiques répressives. Le président de la République a promis de libérer les manifestants détenus à moins qu’ils ne soient impliqués dans des actes criminels », souligne Ezz.
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