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Vers plus de droits pour les ouvriers

Nasma Réda, Dimanche, 05 mai 2024

L’Egypte fête ce mercredi la Fête du travail. L’Union des syndicats ouvriers s’apprête, à cette occasion, à soumettre au président de la République une liste de demandes pour améliorer le statut des travailleurs. Explications.

Vers plus de droits pour les ouvriers

Alors que l’Egypte fête ce mercredi la Fête du travail, célébrée chaque année le 1er mai, les ouvriers ont préparé une liste de demandes afin de la présenter au président Abdel Fattah Al-Sissi. Le 1er mai a toujours été une occasion pour les ouvriers de présenter leurs revendications. « La reconstruction de la patrie ne peut être achevée de manière optimale sans les mains de ses fidèles travailleurs », avait déclaré le chef de l’Etat l’année dernière, soulignant l’importance des travailleurs dans la reconstruction du pays.

« L’Union des syndicats ouvriers a préparé de nouvelles revendications qui seront soumises au président Abdel Fattah Al-Sissi à l’occasion du 1er mai », a affirmé le vice-président de l’union, Magdi Al-Badawi. Et d’ajouter : « L’Etat a réussi ces dernières années à conférer une certaine protection sociale aux travailleurs, mais vu les conditions économiques difficiles, les ouvriers, notamment ceux du secteur public, ont des demandes dont la réalisation est devenue indispensable ».

Al-Badawi explique que la création d’un fonds pour la main-d’oeuvre irrégulière est désormais nécessaire. Ce fonds aurait pour objectif de couvrir les dépenses « urgentes » de cette main-d’oeuvre, notamment les soins de santé, afin de garantir aux ouvriers une vie décente. L’union propose également la création d’un conseil suprême de l’emploi qui serait dépendant du ministère du Travail. Son objectif, comme l’explique Al-Badawi, est de mettre en place les politiques de planification et d’embauche des travailleurs égyptiens.

Une autre recommandation se rapporte au lancement de l’initiative « Made in Egypt » qui encourage la production locale et fournira des emplois. L’union appelle de même à déclarer 2024 année de l’industrie nationale.

L’Union des syndicats ouvriers propose également la création de tribunaux spécialisés pour les travailleurs, ainsi que la mise en place d’un organisme national pour la formation professionnelle sous l’égide du Conseil des ministres. « Les tribunaux spécialisés auraient pour mission d’accélérer les procédures qui traînent pendant de longues années devant la justice traditionnelle, ce qui permettra d’assurer à la fois les droits des travailleurs et ceux des patrons », explique Al-Badawi.

Le vice-président de l’Union des syndicats ouvriers souligne l’importance, voire l’urgence de promulguer la nouvelle loi sur le travail qui est en accord avec la Constitution de 2014 et les conventions de l’Organisation internationale du travail. « Cette loi permettra de réaliser un meilleur équilibre entre les travailleurs et le patronat », souligne Al-Badawi. Celle-ci réglemente les contrats de travail, les congés, les congés maternité, les heures de travail, les salaires, et en particulier le droit de grève et les licenciements non seulement dans le secteur public, mais aussi dans le secteur privé.

Selon l’Union des syndicats ouvriers, la loi en vigueur n’est pas en accord avec l’article 13 de la Constitution qui interdit le « licenciement arbitraire des travailleurs ». La nouvelle loi, qui sera prochainement discutée au Conseil des députés, accorde plus de droits au travailleur en cas de fin de contrat de travail. Ainsi, si l’employeur met fin à un contrat à durée indéterminée pour un motif non légitime, le travailleur a droit à une indemnisation en raison du préjudice subi par cette résiliation, à raison de deux mois de salaire par année de service. Cela ne porte pas atteinte au droit du travailleur de réclamer le reste de ses droits légaux.

La loi lie la rémunération à la production, ce qui permet de rassurer les investisseurs nationaux et étrangers et incite les travailleurs à déployer des efforts pour maximiser leur productivité. Elle transforme les contrats à durée déterminée en contrats à durée indéterminée après quatre ans de force de loi et élimine le licenciement abusif. En vertu de la loi, le travailleur a droit à un congé ordinaire de 30 jours une seule fois pendant toute sa carrière dans la fonction publique pour accomplir le pèlerinage et à un congé ordinaire en cas d’accident de travail, dont la durée est fixée par le conseil médical spécialisé. Les femmes ont droit à un congé de maternité de quatre mois au maximum trois fois pendant toute leur carrière dans la fonction publique.

Depuis plusieurs années, spécialement depuis la pandémie de Covid-19 et l’aggravation de la crise économique mondiale, le gouvernement, en coordination avec les institutions concernées, met en place une série de mesures importantes de protection sociale pour les ouvriers. Il s’agit, entre autres, de la hausse du salaire minimum et de l’augmentation des pensions de retraite.

Plus important encore, l’Etat se prépare à lancer une stratégie nationale pour l’emploi qui « permettra d’améliorer l’environnement du travail et d’intégrer l’économie informelle au sein de l’économie formelle », souligne Mohamad Gobran, président de l’Union des syndicats ouvriers d’Egypte.

Plusieurs initiatives nationales ont été lancées en faveur des travailleurs. « En février dernier, le programme Méhani 2030 (professionnel) a été lancé, visant à développer et à améliorer les compétences des travailleurs. Ce programme vise à qualifier un million de stagiaires par an », déclare Gobran. Il indique que ce genre d’initiative et de programme, comme « Rowad 2030 » (pionniers) et « Ebdä » (commence), représente des modèles réussis qui visent à encourager les jeunes, notamment les femmes, à créer leurs propres projets et à faire adhérer ceux qui souhaitent travailler.

 Syndicats ouvriers : 125 ans d’histoire

Les formations ouvrières égyptiennes ont commencé pendant l’occupation britannique en 1882, avec le début de la création des projets industriels et des sociétés monopolistiques dans le domaine des services tels que l’eau, l’électricité et le transport.

Ces petits ateliers et usines ont commencé à rassembler des travailleurs qui travaillaient avec des salaires bas et pendant des heures de travail accrues. C’est en 1899 que le premier syndicat des travailleurs a été créé sous le nom de « Syndicat mixte des travailleurs de tabac », après avoir regroupé un grand nombre de travailleurs nationaux et étrangers. En 1908, le syndicat des Travailleurs du tramway a été formé, puis celui des métiers artisanaux en 1909.

En 1911, 11 syndicats avec 6 000 travailleurs ont été créés en Egypte. Certains syndicats ont annoncé des grèves comme le syndicat des Travailleurs du tramway en 1908.

L’attitude du gouvernement envers le conflit entre les syndicats et les entrepreneurs a souvent été négative, affaiblissant la position des travailleurs et détériorant leur lutte.

La Fédération Générale des Syndicats des Travailleurs Egyptiens (FGSTE) a été fondée en 1957, dans le but de défendre les droits des travailleurs. Le pluralisme syndical n’était pas autorisé avant 2011.

La FGSTE regroupe actuellement 27 syndicats généraux et plus de 3,9 millions d’adhérents.

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