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James Moran : nous avons compris que le 30 juin était une révolution

Magda Barsoum, Mardi, 17 décembre 2013

James Moran, ambassadeur de l'Union européenne au Caire, revient sur les événements du 30 juin 2013 et s'exprime sur la situation politique actuelle en Egypte.

Al-Ahram Hebdo : Les Egyptiens ne com­prennent pas pourquoi l’Union Européenne (UE) n’a pas soutenu l’Egypte lors des manifestations massives du 30 juin dernier. Pourquoi l’UE a-t-elle qualifié le 30 juin de coup d’Etat ?

James Moran : Nous n’avons jamais dit que les événements du 30 juin étaient un coup d’Etat, car nous avons compris qu’il s’agissait d’une révolution contre le gouvernement. L’UE n’a jamais mentionné dans ses commu­niqués le mot coup d’Etat et nous avons coo­péré avec le gouvernement provisoire depuis le premier instant. De plus, l’UE a fait une décla­ration claire dénonçant la violence et le terro­risme et appelant à la participation de toutes les parties au pouvoir. Par ailleurs, toutes les aides économiques européennes ont été maintenues de même que les relations commerciales et le dialogue politique. C’est la preuve de l’intérêt porté par l’UE aux relations avec l’Egypte. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a visité l’Egypte trois fois au cours des 4 derniers mois.

— Au cours de l’une de ces visites au Caire, Catherine Ashton a rencontré le pré­sident déchu Mohamad Morsi. Qu’est-il ressorti de cet entretien ?

— Leur rencontre était privée et ce qui importait le plus pour elle c’était de s’assurer qu’il est honorablement traité, il n’y avait donc rien à discuter dans cette rencontre. Parallèlement, Ashton a rencontré le maréchal Al-Sissi deux fois pour s’informer de la situa­tion dans le pays.

— A-t-elle évoqué l’éventuelle candida­ture d’Al-Sissi à l’élection présidentielle ?

— Non. La rencontre portait sur le processus de transition démocratique et la mise en place de la feuille de route.

— Existe-t-il une médiation européenne visant à convaincre les Frères musulmans de participer au processus politique ?

— Actuellement, il n’y a pas de médiation. Depuis juillet dernier, nous avons essayé d’en­trer en contact avec toutes les parties, parfois avec succès et parfois non. Maintenant le pro­cessus politique est dirigé par les Egyptiens eux-mêmes et le gouvernement actuel déploie d’énormes efforts afin de le faire réussir. Nous souhaitons que tout le monde participe au réfé­rendum sur la nouvelle Constitution et aux élections, bien que nous sachions que ceci est difficile. Jusqu’à maintenant, les Frères musul­mans n’ont pas l’intention de participer aux élections mais nous les invitons à le faire.

— Avez-vous rencontré des membres de l’opposition et du gouvernement ? A quelle fin ?

— Oui, nous rencontrons tout le monde pour discuter de la situation dans le pays, y compris le Parti Liberté et justice, le parti Al-Wassat et l’Alliance qui regroupe plusieurs partis isla­mistes. Ashton, au cours de ses visites, a dis­cuté avec l’opposition, le gouvernement et les Frères musulmans. L’objectif de ces rencontres est d’inciter tout le monde à participer au pro­cessus politique dont dépend la stabilité de l’Egypte. Nous espérons que les Frères musul­mans participeront à la vie politique car en l’absence d’une faction ou d’une autre, il sera difficile de mener à son terme le processus politique et d’instaurer la stabilité.

— Quel est votre sentiment face à la vio­lence actuellement pratiquée par les Frères musulmans ?

— Nous refusons toutes les formes de vio­lence. Nous avons dénoncé l’incendie des églises et l’assassinat des officiers de police et de l’armée.

— Les universités ont dernièrement connu des manifestations violentes, ce qui a poussé le gouvernement à promulguer la loi régis­sant les manifestations. Que pensez-vous de cette loi ?

— Le plus important pour nous est de proté­ger le droit d’expression et de manifestation, car il est inacceptable d’interdire le droit à l’expression pacifique.

— Des lois semblables existent-elles en Europe ?

— La situation diffère d’un Etat à l’autre, mais la liberté de rassemblement et d’expres­sion est garantie pour tous, et rien n’empêche les manifestations.

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