Al-Ahram Hebdo : Après que le président avait prêté serment et inauguré officiellement la première phase de la Nouvelle Capitale, le siège du gouvernement sera-t-il entièrement transféré vers la Capitale administrative ?
Khaled Abbas : Avec le transfert de tous les ministères, l’achèvement des travaux du nouveau bâtiment du Conseil des députés et du Sénat et la disponibilité de divers services, il est prévu, conformément à la vision des dirigeants politiques, que le siège du gouvernement sera transféré vers la Capitale administrative. Mais c’est à eux de décider du timing.
— Cela signifie-t-il que la Capitale administrative sera transformée en une capitale politique ? Qu’en est-il de la constitutionnalité de la décision ?
— La capitale politique de l’Egypte est Le Caire, et il existe un décret qui modifie les frontières du gouvernorat du Caire afin d’inclure la Capitale administrative, pour que celle-ci soit affiliée à la capitale de l’Etat.
— Est-il prévu de changer le nom de la Capitale administrative ?
— La Société de la Capitale administrative a effectué plusieurs sondages pour choisir un nouveau nom pour la Nouvelle Capitale, et il existe en effet un comité spécialisé concerné par le sujet, mais la décision n’a pas encore été prise.
— La Capitale administrative est un « rêve devenu réalité ». Quels sont les défis auxquels le projet est confronté ?
— Dès le début de la planification du projet, les dirigeants politiques ont souhaité créer une ville intelligente, verte et durable, très différente des villes précédentes. Ils ont également souhaité faire de la Capitale administrative un modèle pour 14 autres villes nouvelles. Il était donc nécessaire pour la société de coopérer avec de grandes entreprises internationales afin de fournir des technologies modernes et une architecture intelligente et durable à la Nouvelle Capitale administrative.
Nous considérons qu’il s’agit du défi le plus important : introduire l’Intelligence Artificielle (IA) dans les villes modernes tout en assurant leur durabilité.
La durée de l’achèvement du projet est également l’un des défis les plus importants. L’objectif est de réaliser rapidement le projet de la meilleure façon possible. Grâce à Dieu, et à une bonne gestion du projet, il n’y a pas eu d’obstacles financiers. Le projet a été autofinancé, et cela se voit dans les bénéfices croissants que nous annonçons année après année.
— Quel est le volume des investissements de la première phase de construction de la capitale ? Qu’en est-il des phases suivantes ?
— Les investissements de la phase initiale continuent d’augmenter. Il y a une demande de la part des promoteurs et des investisseurs, notamment les entreprises arabes du Golfe, pour investir dans la Capitale administrative. Le quartier diplomatique fait partie des investissements, puisque ses revenus proviennent de la vente de terrains aux ambassades en dollars. Nous nous attendons à ce que les investissements dans les phases suivantes du projet augmentent de manière significative, car les services publics seront fournis à travers les installations qui existent déjà et nous n’avons pas besoin de construire de nouvelles installations.
— Vous avez déjà déclaré que les bénéfices de la Société de la Capitale administrative s’élevaient à 26 milliards de L.E. en 2023. Ce montant est-il, selon-vous, satisfaisant ?
— Ce sont des profits très gratifiants vu les conditions économiques difficiles par lesquelles passe le monde. Leur réalisation a été le résultat d’un travail acharné des gestionnaires et des opérateurs de la Nouvelle Capitale.
— Quels sont les partenaires de la première phase du projet ?
— Les promoteurs immobiliers et le secteur privé sont des partenaires essentiels dans la réussite de la première phase de la Nouvelle Capitale. Il existe des partenariats avec des entreprises spécialisées telles que la société française Atos pour les technologies et les services intelligents, la société allemande Porsche pour gérer les installations d’eau et d’assainissement et la société émiratie BEEAH Group pour gérer les déchets de manière intelligente et sûre.
Il existe également des partenariats dans le domaine du développement urbain qui seront prochainement annoncés. Nous avons terminé les travaux d’infrastructure. De nouveaux terrains seront proposés après l’achèvement des travaux du comité de tarification des terrains.
— Qu’entend-on par ville intelligente et durable en parlant de la Nouvelle Capitale ?
— La Capitale administrative est une ville qui possède tous les aspects de la durabilité et qui s’appuie sur l’IA et les espaces verts. Par exemple, dans les infrastructures, elle s’appuie sur les câbles à fibres optiques, ce qui se reflète dans l’efficacité et la rapidité d’Internet. La ville dispose également de deux centres de commandement et de contrôle pour gérer ses installations. Le premier centre est spécialisé dans le domaine de la sécurité, c’est le centre de commandement et de contrôle (CCC), tandis que le second, le COC, contrôle intelligemment les installations de la ville.
La ville mise également sur le recyclage intelligent des déchets. En ce qui concerne la durabilité, nous avons pris soin d’étendre les espaces verts. La superficie de verdure par habitant est d’environ 15 m2. Tous les toits des bâtiments sont munis de panneaux solaires dotant la ville d’environ 25 à 30 % d’énergie renouvelable.
— Sur quels outils la Société de la Capitale administrative s’est-elle appuyée pour transformer la ville en un centre économique et culturel mondial ?
— C’est à travers une bonne planification, une bonne gestion et un bon fonctionnement que les villes deviennent attractives. Par exemple, après la planification et la construction du quartier des affaires, celui-ci a attiré de multiples institutions financières comme la Banque Centrale d’Egypte (BCE), la Bourse égyptienne et des entreprises ayant un poids économique important. C’est désormais un centre économique important.
Quant au fait de transformer la Nouvelle Capitale en destination culturelle, il faut savoir que la Cité des arts et de la culture est un centre culturel important. Construite sur 120 feddans (1 feddan = 4 200 m2), la cité comprend un musée réservé à l’égyptologie, un autre sur les capitales de l’Egypte, un immense opéra, plusieurs théâtres, ainsi qu’une immense bibliothèque renfermant des exemplaires originaux du livre Description de l’Egypte.
— Quand sera lancée l’application électronique de la Nouvelle Capitale administrative ?
— L’application est actuellement dans la phase expérimentale, et elle sera prochainement lancée. Elle fournira de multiples services électroniques comme le paiement des factures, la surveillance de la consommation, etc. Toutes les activités de la Capitale administrative seront également annoncées via l’application.
— Quels sont les moyens de transport disponibles à la Nouvelle Capitale ? Et quand seront-ils opérationnels ?
— La Capitale administrative est devenue une ville véritablement connectée grâce au train électrique léger. Il y a aussi le monorail, qui devrait entrer en service à la fin de cette année. Il reliera la Nouvelle Capitale à l’est du Caire grâce à une correspondance avec le métro du Caire. Il y a aussi le train express qui relie Aïn Sokhna à la ville d’Al-Alamein et qui passera par la Capitale administrative. Cette dernière a construit une station centrale la reliant aux autres villes de la République.
— Pourquoi a-t-on l’impression que la Capitale administrative n’a pas attiré suffisamment de résidents ?
— La Capitale administrative n’a que sept ans, et la superficie de la première phase est estimée à 40 000 feddans, soit l’équivalent de la superficie de la ville de Washington. Cependant, avec l’achèvement d’environ 70 % des travaux de construction et des installations, les familles ont commencé à s’y installer, notamment dans le troisième quartier résidentiel, qui a été achevé à 100 %. Par la suite, la ville se développera progressivement, comme toute nouvelle communauté urbaine.
— Quand commenceront les travaux de la deuxième phase ? Quel est le délai prévu pour son achèvement ?
— Un appel d’offres international a été lancé afin de recruter des bureaux de conseil spécialisés pour planifier la deuxième phase et celles qui suivront. Les travaux de terrassement du terrain commenceront le plus tôt possible. La mise en oeuvre de cette phase prendra entre un an et demi et deux ans. Nous pouvons dire que chaque phase restante, qui s’étend sur une superficie de 230 000 feddans, prendra environ de cinq à sept ans pour être complètement achevée.
— La classe moyenne a-t-elle sa place à la Nouvelle Capitale administrative ?
— Bien sûr. Le troisième quartier résidentiel et d’autres quartiers abritent déjà des employés des différents ministères. Cela signifie qu’il existe plusieurs régions qui répondent aux exigences de la classe moyenne. Nous avons également l’intention de fournir aux citoyens des logements sociaux dans le cadre de certains projets qui seront construits dans la Capitale administrative.
— Qu’en est-il de l’aéroport de la Capitale administrative ?
— L’aéroport est achevé à 100 % et accueille déjà des vols. Son exploitation est entièrement confiée au ministère de l’Aviation civile.
— On parle d’une prochaine cotisation en Bourse de la Société de la Capitale administrative …
— La Société de la Capitale administrative est l’une des plus grandes sociétés au monde possédant des terres, puisque son portefeuille foncier est estimé à 230 000 feddans. Notre rôle en tant que direction exécutive est de bien préparer l’entreprise pour l’avenir. La restructuration de l’entreprise est actuellement en cours par l’une des sociétés internationales spécialisées dans ce domaine. La décision et le calendrier de l’introduction en Bourse restent à la discrétion des actionnaires.
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